Radiographie des programmes de santé de trois candidats
Au moment où le Sénégal se prépare pour une élection présidentielle cruciale, les enjeux de la santé occupent une place centrale dans les débats politiques. Les électeurs scrutent attentivement les programmes des candidats pour garantir un avenir où l'accès aux soins de santé est équitable et efficace. ‘’EnQuête’’ examine de plus près les propositions sanitaires de trois prétendants (Anta Babacar Ngom, Mamadou Lamine Diallo et Thierno Alassane Sall) à la Présidentielle 2024.
Le système de santé sénégalais, bien qu'ayant connu des progrès ces dernières années, reste confronté à de nombreux défis. La pandémie de Covid-19 a mis en lumière les limites et les failles de ce système sanitaire. À l'approche de l'élection présidentielle du 24 mars 2024, les programmes de santé des candidats font l'objet d'une attention particulière.
Pour cet infirmier à l’hôpital Dalal Jamm de Guédiawaye, Mor Talla Guèye, le futur président doit mettre l'accent sur la consolidation des acquis. Il suggère aussi de poursuivre la construction d'infrastructures sanitaires, de recruter du personnel médical et de renforcer le plateau technique. ‘’L'ambition ultime est d'atteindre la couverture maladie universelle d'ici 2025’’, lâche-t-il.
Face ces défis de ressources humaines, l’unique candidate de cette élection, Anta Babacar Ngom, promet le recrutement et la formation (initiale et continue) de 1 000 médecins spécialistes et paramédicaux pour renforcer les capacités du secteur de la santé.
D’autres candidats comme Thierno Alassane Sall, le leader de la République des valeurs/Reewum Ngor, ont aussi un programme révolutionnaire. Il veut faire du Sénégal l’hôpital de l’Afrique de l’Ouest. Pour rappel, Dakar est réputée pour ses soins hospitaliers dans la sous-région. Dans la foulée, il promet la ‘’mise à niveau et la construction d’établissements sanitaires modernes dont certains seront adossés aux universités avec des plateaux techniques de classe mondiale’’. Ce qui permettra de capter les évacuations sanitaires des pays de l’Afrique de l’Ouest et faire du Sénégal un ‘’hub de tourisme médical dans la sous-région’’, explique l'ancien ministre des Mines et de l'Énergie sous l’ère Macky Sall.
En outre, il ambitionne de mettre en place un programme de développement d’infrastructures sanitaires. Cela visera, dit-il, à corriger les ‘’situations d’iniquité résultant des disparités au plan territorial et, d’autre part, à assurer l’accessibilité aux services de santé à tous les Sénégalais d’où ils se trouvent’’.
Un nouveau visage au système sanitaire sénégalais
Des propositions bien épousées par le candidat Mamadou Lamine Diallo. ‘’OneHealth’’, c'est le slogan qu'il a utilisé pour donner un nouveau visage au système sanitaire sénégalais. Il opte pour une réforme hospitalière et du système de santé ainsi qu’une priorisation des politiques de santé sur les stratégies, sans entrer dans les détails.
Pour une meilleure organisation, il propose également le renforcement de la prévention et des services aux urgences et la construction d’un CHU dans chaque capitale régionale, le maillage de la pyramide sanitaire par le rapprochement des infrastructures et l’offre de services de santé aux populations.
Dans ce sillage, Anta Babacar Ngom propose d'améliorer la gouvernance et la gestion des ressources dans le secteur de la santé, en vue d'assurer un accès universel aux services de santé et une meilleure qualité des soins. Cela inclut le renforcement du partenariat pour la santé.
Assurance maladie
Le leader d’ARC va plus loin, en optant pour une réduction du taux de mortalité qui est de 7,3 pour 1 000 actuellement. ‘’Notre objectif est de réduire la mortalité maternelle et infantile, de prévenir et de lutter contre les maladies tout en améliorant la qualité des soins et en valorisant les ressources humaines dans le domaine de la santé. Pour ce faire, nous renforçons les partenariats dans le secteur et promouvons l'éthique et la responsabilité médicale. De plus, nous améliorons le mécanisme de financement du secteur et renforçons sa gestion pour une meilleure efficacité’’, avance-t-elle.
Un facteur pris en compte aussi par le programme de cet ancien ingénieur en télécommunication et en aviation civile. Thierno Alassane Sall assure que des ‘’mesures appropriées seront prises, notamment pour améliorer la qualité du dispositif de monitoring des femmes en état de grossesse, accroître le nombre de personnels qualifiés et assurer une gestion plus efficace des complications néonatales. Le nombre d’accouchements assistés par un prestataire qualifié sera significativement amélioré’’.
En ce qui concerne les mesures préventives, Anta Babacar Ngom promet de mettre un dispositif d'assurance maladie visant à permettre l'accès de tous aux soins de santé, tout en mettant en place des mesures incitatives (fiscales, financières, etc.) pour encourager l'investissement privé dans le secteur, notamment dans la création de centres de diagnostic, de laboratoires biomédicaux, d'imagerie médicale, de radiothérapie, etc. Alors que de récentes statistiques au Sénégal montrent que plus de 57,6 % des citoyens du pays ont maintenant accès à la couverture et les services liés à l’assurance maladie, ce qui est une augmentation significative depuis 2000.
Programmes des candidats : faisabilité et coût
Pour sa part, Mor Talla Guèye, qui suit une formation à distance en prévention et contrôle des infections associées aux soins à l'université de Nice, affirme : ‘’Au-delà des points saillants, il est crucial d'examiner les détails des programmes, leur faisabilité et leur coût.’’
Alors que les électeurs se préparent à prendre une décision éclairée aux urnes, les programmes sanitaires des candidats offrent des perspectives diverses, mais complémentaires pour l'avenir de la santé au Sénégal.
Que le prochain président soit le candidat Anta Babacar Ngom, Thierno Alassane Sall ou Mamadou Lamine Diallo, une chose est certaine : la santé restera au cœur des priorités nationales, avec un engagement ferme envers le bien-être de tous les citoyens.
Amadou Camara Gueye