Publié le 16 Mar 2013 - 02:23
PRISE EN CHARGE DE LA DEMANDE SOCIALE

La vision du Chef de l’Etat et la réaction hors champ du DRH du ministère de la Santé

Il est juste et très républicain de la part des travailleurs sociaux d’alerter les acteurs autour du recrutement dans la fonction publique sur le ciblage et l’équilibre entre les secteurs qui doivent concrétiser la vision combien louable du Chef de l’Etat pour commencer à prendre en charge la demande sociale (couverture santé universelle, bourse de sécurité familiale…) En somme les paradigmes ont changé, et le passage du paradigme déterministe au paradigme interactionniste a été matérialisé par la vision du Chef de l’Etat, structurée autour de la Couverture médicale universelle et de la communalisation intégrale.

 

Suivant cette dynamique, qui précise les limites des politiques publiques sectorielles, la santé est au centre du projet de bien-être social et la maladie à la périphérie, en conséquence les indicateurs sociaux priment sur les indicateurs de santé, qui ne sont en définitive qu’un résultat. L’autre élément voudrait que les interventions visant l’autonomisation des populations prennent la place des mécanismes d’assistance en termes de prise en charge de l’exclusion et des inégalités sociales, parce que favorisant la dépendance, avec son lot de comportements dissociés (politique sociale). Il est bon pour ceux qui interviennent, surtout ceux qui prétendent gérer les personnels, de maîtriser au moins les profils et les compétences des intervenants nécessaires au bon fonctionnement du système, si l’objectif est bien entendu le Bien être de tous les Sénégalais.

 

A l’analyse des propos du DRH du ministère de la Santé et de l’Action sociale relayés par la presse le mardi 26 février 2013, nous notons un déphasage complet avec les engagements de son ministre. Pour rappel, le Ministre de la Santé et de l’Action sociale, en recevant une délégation de l’Association des travailleurs sociaux du Sénégal (ATSS), avait bien donné l’ordre d’équilibrer en cas de recrutement, les nombres entre l’ENDSS et l’ENTSS ; ensuite elle a instamment demandé au DRH présent et à M. Coly de ne jamais oublier le secteur de l’Action sociale… En somme, le Ministre était parfaitement en phase avec la vision du Président pour la «matérialité de la décision». C’est justement à ce niveau que le DRH n’a pas compris. «Une politique publique peut consister à ne rien faire, sous la forme d’une non décision» ou à faire peu et pas à la hauteur de la vision du Chef de l’exécutif. Il n’a pas compris sa position stratégique et celle des travailleurs sociaux dans un système aux paradigmes changeants.

 

Nous sommes dans un « processus de légitimation » de la vision de son Excellence M. Macky Sall ; par conséquent les centres de décision de l’Etat en ce moment doivent «viser l’acquisition d’un consentement politique» pour la réalisation concrète des nouveaux projets du Gouvernement. «La question essentielle» d’un décideur étant «de savoir comment un programme est formulé et mis en œuvre, à partir de la perception que les acteurs ont du système à réguler», le DRH d’un ministère aussi stratégique n’a pas le droit de ne pas comprendre les enjeux pour la réussite d’un mandat présidentiel.

 

 

Rallions nous autour des objectifs nobles de changement social en épousant les nouvelles orientations du Chef de l’Etat à travers des positions stratégiques. En tant que médiateur, le ministère se doit de s’entourer d’opérateurs intellectuels capables de concevoir des algorithmes qui précisent la nécessité ou la désirabilité et les modalités de l’action en vue de la modification du référentiel des politiques, de manière à la mettre en cohérence avec la vision du Chef de l’Etat. Il fallait donc, plutôt que de marginaliser des acteurs, créer le « cadre intellectuel au sein duquel se déroulent les négociations, les conflits ou les alliances qui conduisent à la décision » et aux solutions idoines adaptées à l’heure.

 

«Le référentiel sectoriel» encore en vigueur dans la sortie du DRH «s’avère incohérent par rapport à l’évolution du rapport global/sectoriel» et au vu de la vision proposée par le Chef de l’Etat. Le mode opératoire «consiste non seulement à décoder le nouveau rapport global/sectoriel pour le rendre intelligible, mais également à le recoder en construisant un programme d’action susceptible d’accélérer les transformations en cours, autrement dit à proposer une nouvelle politique» : ce qu’a fait le Chef de l’Etat. Donc c’est aux agents de niveau stratégique qu’il revient de concrétiser cette politique en se détachant des anciens dogmes. Voilà notre contribution pour lancer la perche aux collaborateurs du Gouvernement chargés d’opérationnaliser les politiques publiques définies.

 

Issa Ndiaye,

Travailleur social, Formateur à l’ENTSS

Vice-président du CA de l’ATSS

 

 

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