Aminata Lo et les curiosités du couvre-feu

Jugés, hier, à la barre du tribunal des flagrants délits de Dakar, Aminata Lo et son frère Moustapha Lo ont écopé, chacun, d’une peine de 2 mois de prison avec sursis.
Nul n’est au-dessus de la loi. Aminata Lo l’a appris à ses dépens. Ancienne ministre des Sénégalais de l’extérieur, puis ministre du Tourisme sous le régime de Me Abdoulaye Wade, elle a été condamnée, hier, par la juge du tribunal des flagrants délits de Dakar à 2 mois avec sursis. Elle a été reconnue coupable des délits de violation du couvre-feu et outrage à agent dans l’exercice de ses fonctions.
Face aux juges, Aminata Lo, qui a été placée sous mandat de dépôt lundi dernier avec son frère Moustapha Lo, a contesté les faits. A l’en croire, elle n’a pas violé délibérément le couvre-feu. ‘’En tant qu’ancienne ministre, je respecte les institutions de ce pays. Je suis sortie avant 21 h. Mon fils de 11 ans avait faim et j’étais partie lui chercher à manger. C’est vers 21 h 15, à quelques encablures de la gendarmerie de Ouakam, que les forces de l’ordre nous ont sommés de nous arrêter’’, raconte-t-elle, tout en précisant qu’elle a obtempéré. ‘’Je me suis même excusée auprès d’eux d’avoir circulé à cette heure. En même temps, je leur ai demandé si je devais payer une contravention ; ils m’ont signifié que ce n’est pas valable pour la gendarmerie, que je devais être embarquée au poste avec mon fils’’, poursuit-elle.
Ensuite, elle reconnaît s’être emportée quand les gendarmes ont voulu faire monter son fils qui était traumatisé. ‘’C’est la façon dont on a traité mon fils qui a provoqué ma colère. Ils l’ont torturé, alors qu’il n’a que 11 ans. En plus, les gendarmes voulaient qu’il passe la nuit au poste, alors qu’il devait se rendre à l’école le lendemain’’, explique-t-elle, tout en jurant n’avoir jamais proféré d’injures à l’endroit des forces de l’ordre.
D’ailleurs, souligne-t-elle, quand elle s’est rendue au poste, l’ambiance avec les gendarmes était conviviale.
‘’Ils m’ont tordu la main’’
Elle ajoute que, le lendemain, le commandant l’a rappelée pour qu’elle retourne au poste, afin de signer un document. ‘’Quelques heures plus tard, ils ont arrêté mon frère aux alentours de la Brioche dorée de Ouakam et m’ont à nouveau convoquée. Sur place, j’ai été surprise quand le commandant m’a notifié ma garde à vue’’, révèle-t-elle. Encore, en ce moment, il y aurait eu une autre altercation entre les gendarmes et elle.
Sur cet incident, elle déclare : ‘’Ma batterie était à plat, je ne pouvais plus joindre mon avocat. Quand j’ai emprunté à mon frère son téléphone, ils m’ont interdit de le prendre. Ils m’ont tordu la main.’’
Entendu à son tour, Moustapha Lo, à qui il est reproché les délits de défaut de permis de conduire et de violation du couvre-feu, a également nié le chef de défaut de permis. Il a affirmé que son permis se trouve au commissariat de Dieuppeul.
Après le parquet qui a requis l’application de la loi, le pool d’avocats constitué pour la défense d’Aminata Lo et de son frère Moustapha Lo a sollicité le renvoi de ceux-ci des fins de la poursuite. Selon Me Ciré Clédor Ly, l’état de nécessité est constant. ‘’Il est important que la famille soit protégée, que l’enfant soit protégé. Elle n’était pas sortie pour s’amuser. L’infraction d’usurpation de titre n’est pas établie’’, a plaidé l’avocat.
S’agissant du frère de la prévenue, Me Borso Pouye relève que les gendarmes n’ont fait aucune diligence pour vérifier les allégations de son client qui dit que son permis se trouve au commissariat de Dieuppeul. Elle a également sollicité le renvoi des fins de la poursuite de son client pour ce chef.
Au terme des plaidoiries, le tribunal, après en avoir délibéré, a relaxé Aminata Lo du délit d’usurpation de fonction qui lui était reproché et l’a condamnée à 2 mois avec sursis pour les autres chefs. Pour son frère, il a été reconnu coupable des délits de violation du couvre-feu et de défaut de permis de conduire. Il a écopé de la même peine que sa sœur. Ils sont également condamnés à payer une amende de 20 mille francs CFA chacun.
MAGUETTE NDAO