Publié le 29 May 2012 - 16:16
SIDA

 Timothy Brown l'ex-malade qui donne espoir aux chercheurs 

 

 

Timothy Brown,présenté comme le seul malade du sida guéri, après avoir reçu, en 2007 à Berlin, une greffe de cellule-souches, a témoigné devant un parterre de médecins réunis pour un colloque à Marseille, donnant espoirs et nouvelles perspectives aux chercheurs.

 

"Mon rêve n'est pas d'être le premier homme qui vous dise je suis guéri mais de dire nous sommes guéris", a lancé Timothy Brown au premier jour du 17e International symposium HIV & emerging infectious diseases (Isheid) qui, de mercredi à vendredi, a réuni près d'un millier de participants dont plus de 600 médecins virologues. Présenté dans la littérature médicale comme "le patient de Berlin", Timothy Brown, de nationalité américaine, à qui on avait pourtant promis la mort deux fois, la première en 1995 pour sa séropositivité, la seconde en 2006 pour une leucémie, a reçu une standing ovation de la salle après avoir raconté son parcours de souffrance et d'espoir jusqu'à la guérison il y à 5 ans.

Avant lui, son "sauveur" Gero Hütter, hématologue à l'hôpital universitaire de la Charité de Berlin, avait exposé devant l'assistance comment il a mis en oeuvre son traitement. "L'idée de traiter les patients atteints du VIH avec une thérapie cellulaire est apparue dans les années 80", mais elle "ne marchait pas", a relaté le médecin allemand.

 

Lorqu'on lui présente Thimothy en 2006, l'idée de Gero Hütter est de chercher dans les donneurs de moelle quelqu'un qui soit porteur d'une mutation génétique propre à 1% de la population blanche. Cette mutation touche la "serrure" - le récepteur CCR5-d32 - qui permet au virus d'infecter les cellules - lymphocytes CD4 - immunisant ainsi les porteurs contre le VIH.

 

Timothy Brown reçoit consécutivement deux greffes de moelle osseuse : non seulement sa leucémie est vaincue mais, au bout de 6OO jours, la charge virale est devenu indétectable. Son taux d'anticorps a baissé à un niveau témoignant de la disparition du virus. Un verdict confirmé depuis par de nombreuses biopsies. Le cas est historique, mais le Dr Gütter a tempéré les perspectives ouvertes par ce traitement, qui est certes une voie pour la recherche mais ne peut être la solution curative pour les 34 millions de malades de la planète. "Il n'y aurait pas assez de donneurs pour les traiter", reconnaît le chercheur.

 

Timothy a également souligné "l'enfer" de la thérapie : une complication neurologique a fortement affecté sa mémoire et son langage et le risque de mortalité est important. Un patient sur trois décède.

 

Les nouvelles orientations de la recherche conduisent pourtant des spécialistes dont le Dr Alain Lafeuillade du service d'infectiologie de l'hôpital Sainte-Musse de Toulon, organisateur de ce colloque, à envisager l'éradication de la maladie à moyen terme.

 

"C'est la première fois que l'on démontre que c'est possible", s'enthousiasme le scientifique, citant de nouvelles pistes en matière de traitement préventif ou de nouvelles thérapies fonctionnelles consistant à rendre le virus dormant sans prendre de médicaments toute sa vie".

Le Dr Lafeuillade croit aussi beaucoup à une réorganisation de la recherche et participe à un programme lancé par le prix Nobel Françoise Barré-Sinoussi, "Toward cure" qu'elle va présenter à la 19e conférence mondiale sur le SIDA du 22 au 27 juillet à Washington. "Elle dit qu'il faut prendre les choses à l'envers. Au lieu de chercher comme pour la vaccination des financements importants, puis lancer la recherche, elle préconise de demander à des groupes de chercheurs ce qu'il faut faire pour arriver soit à l'éradication soit à une guérison fonctionnelle", explique-t-il.