Publié le 6 Sep 2012 - 22:38
TERREUR EN GAMBIE- UN DÉCOMPTE MACABRE

Plus de 100 militaires et civils tués

 

En 18 années de règne, le régime de Jammeh a exécuté plus de 100 militaires et civils. La liste serait loin d’être exhaustive…

 

Les chiffres font peur, le régime du président Jammeh est une véritable machine à tuer. En 18 années de règne, les morts se décomptent par plusieurs dizaines. Plus de 100 militaires et civils tués et ces chiffres peuvent même être revus à la hausse. En effet, dans un entretien accordé à la presse en 2011, l’ancien ambassadeur de Gambie en France, Essa Bocar Sy, relate une étude menée par des enquêteurs professionnels et faisant état de plus de 300 morts depuis que Yaya Jammeh est arrivé au pouvoir.

 

 

Au sommet de la hiérarchie militaire actuelle, c’est l’instabilité totale avec une désertion massive des hauts gradés qui fuient une extermination qui ne dit pas son nom. Ils sont nombreux à avoir perdu la vie ces 18 dernières années avec, toujours en toile de fond, une accusation de tentative de putsch. A coup sûr, le président Jammeh bat le record des coups d’Etat avorté, ce qui est, selon ses adversaires, une manière pour lui de régler des comptes avec ceux qui lui feraient ombrage. «Jammeh estime nécessaire d’agir de la sorte car ces gens constituent une gêne et il voit en eux une menace. D’aucuns étaient plus gradés que lui et certains d’entre eux l’ont même formé», témoigne un haut gradé de l’armée gambienne sous le sceau de l’anonymat.

 

Dans ce groupe de patrons de l’armée, figurait le capitaine Lamine Jammeh. Il fait partie des 9 exécutés du jeudi 23 août dernier avec les Sénégalais Tabara Samb et Djibril Bâ. Selon des sources pénitentiaires, on leur a administré une injection laiteuse avant 23 h. Ramenés ensuite dans les locaux de la prison Mile 2, leurs corps restent pendant 16 h d'horloge à l’air libre puis jetés dans une fosse commune sans aucun rituel mortuaire. Lamine Jammeh a été accusé de tentative de putsch. Trois procès sont venus à bout du capitaine et de ses co-condamnés. Ils ont écopé de 20 ans de prison lors d’un premier procès. Yaya Jammeh trouvant cette peine insuffisante, a lui-même interjeté appel. Un second procès condamne alors à 90 ans de prison les présumés putschistes. ‘’Ce n’est qu’après que nous avons appris que Lamine Jammeh était condamné à mort ; cela s’est passé dans la plus grande opacité’’, raconte le cousin du défunt capitaine qui confie s’être souvent rendu à la prison de Mile 2 pour lui rendre visite.

 

Lamine Jammeh clôt partiellement une longue liste de sévices subis par les gradés de l’armée gambienne. Déjà en novembre 1994, onze militaires dont le lieutenant Bassirou Barrow, accusés de tentative de coup d’Etat présumée, sont exécutés par les forces de sécurité fidèles au président. Selon plusieurs témoignages, leurs corps auraient été jetés dans un fossé de la caserne de Yundum, à 32 km de Banjul. Le capitaine Madické Gomes, en service au Port et bien au courant de trafics de plusieurs genres qui s’y opèrent, s’enfuit au Sénégal pour sauver sa peau avant d’aller se réfugier aux Etats-Unis en 1999.

 

En janvier 2000, le capitaine Landing Sanneh, le lieutenant Alimamo Mané et le caporal Souleymane Dumbuya sont accusés de tentative de putsch. Le premier est jugé par un tribunal militaire et condamné à 16 années de travaux forcés, les deux autres sont tués : Mané est égorgé dès son arrestation alors que Dumbuya est tué par balle en janvier 2000 au marché de Banjul. Le capitaine Yankhoba Touré a aussi été assassiné. Le Colonel Yankuba Drammeh a été emprisonné à Banjul, son garde du corps, le major Kalifa Banjika, s’est réfugié en Suisse en 2004. C’est le cas aussi d’anciens chefs d’Etat-major des armées dont le Colonel Ndure Cham qui a fui en 2006. En fin 2009, huit hommes dont le Général de brigade Lang Tombong Tamba, ami et ancien bras droit du président Jammeh, sont reconnus coupables et condamnés à mort en juillet 2010.

 

 

50 étrangers dont 44 Ghanéens exécutés en juillet 2005

 

Cinquante ressortissants ouest-africains dont 44 Ghanéens sont appréhendés au large de la Gambie alors qu’ils embarquent à bord d’un bateau à destination de l’Europe. Ils sont soupçonnés de vouloir renverser le régime de Jammeh. Dans un rapport de l’Initiative du Commonwealth pour les droits de l’Homme (CHRI), il est mentionné que ces gens ont été emmenés au quartier général de la Marine à Banjul. Sur place, ils sont divisés en groupes de huit et conduits vers un champ près de Siffoe, dans la division occidentale de la Gambie. Là, ils sont tués par des membres des forces de sécurité armés de machettes, de haches et plusieurs autres armes, selon nos informations. Les corps sans vie sont ensuite jetés au hasard en plusieurs endroits, notamment dans le village de Brufu, près de Siffoe.

 

Les enquêtes menées sur ces faits se heurtent à différents obstacles. En mai 2006, le CHRI s'adresse à la Commission africaine des droits de l’Homme et des Peuples (CADHP) pour l’ouverture d’enquêtes. En juillet 2007, le Bureau juridique des Affaires étrangères du Ghana a identifié les corps de 8 Ghanéens. Des enquêtes préliminaires concluent à une mort par ‘’choc’’ et ‘’traumatisme’’. Une équipe d’investigation conjointe ONU-CEDEAO mise sur pied en février 2008 se rend en Gambie en septembre de la même année.

 

Selon des infos fournies pas les médias, ce n’est qu’en mai 2009 à Abuja, que les autorités ghanéennes sont informées du résultat de cette enquête. Le rapport de l’équipe conjointe indique que ‘’des membres des services de sécurité gambiens agissant pour leur propre compte avaient pris une part active dans la mort et la disparition des citoyens ouest-africains, dont les 44 Ghanéens’’. Bien que le rapport ait nommé plusieurs membres des forces de sécurité comme ayant pris part aux homicides, personne n’a été traduit en justice.

 

AMADOU NDIAYE

 

 

AVERTISSEMENT!

Il est strictement interdit aux sites d'information établis ou non au Sénégal de copier-coller les articles d' EnQuête+ sans autorisation express. Les contrevenants à cette interdiction feront l'objet de poursuites judiciaires immédiates.

 

 

 

Section: