Publié le 24 Jun 2013 - 20:00
TOURNÉE DU MINISTRE DE L’ELEVAGE

Les éleveurs étalent leurs besoins et leurs capacités

 

Alors que les importations de lait se situeraient entre 60 et 70 milliards de francs par an, les petits producteurs dénoncent l'ostracisme dont est victime le lait local et demandent à l'Etat d'agir pour sauver les emplois du secteur.

Les fermes de Pastagri, Wayembam, Mbabawe ont reçu samedi le ministre de l’Elevage dans le cadre de l’élaboration du Code pastoral et de la mise en œuvre de l’Opération de sauvegarde du bétail (OSB). A cette occasion, l’accès aux terres, une subvention importante de l’Etat, le suivi du bétail, la mise en place d’une centrale d’achat et d’une unité laitière à Kayar ont été les différents besoins exprimés à Aminata Mbengue Ndiaye par les fermiers et éleveurs traditionnels des dites localités.

Ces derniers ont également déploré la concurrence déloyale dont ils disent être victimes sur le marché, ainsi que la non consommation qui frappe les produits locaux. C'est pourquoi ils comptent mettre à la disposition du ministère de tutelle un mémorandum pour une bonne prise en compte de leurs doléances. Selon Mamadou Ba, président de l’Association nationale d’intensification de la production laitière (ANIPL), l’Etat devrait réagir car le lait importé empêche l'écoulement du lait produit sur place. «Nous rencontrons d’énormes difficultés à vendre notre lait, il nous arrive d’avoir des conserves de 2 000 à 3 000 litres dans les bras», a indiqué M. Ba. Qui rappelle que près de 60 à 70 milliards de francs Cfa sont consacrés chaque année à l'importation de lait. Or, «si l'Etat parvient à hisser la consommation locale de 10 à 15%, nous l'en remercierons beaucoup», a-t-il supplié. Prenant l'exemple de l'Institut de technologie alimentaire (ITA), le président de l'Anipl souligne qu'il possède déjà des unités de transformation, utilise et transforme à 100% le lait en poudre.

Pour une meilleure accessibilité du lait local aux populations, l'Anipl a dit sa préférence pour les kiosques comme points vente dans les villes. Mais il y a paradoxe, selon lui, car la municipalité du coin le leur a refusé tout en promouvant les kiosques pour téléphones portables et cigarettes ont été autorisés à s'implanter sur le marché. Une mesure «incompréhensible» car l'Anipl «participe à la lutte contre le chômage» grâce à la création de 500 emplois et de 5 000 autres de type contractuel et saisonnier. Toutefois les membres de cette association envisagent d’organiser une foire aux bovins en 2014 pour mieux valoriser leurs produits et permettre aux pays de la sous région d’en avoir accès.

«Situation aberrante»

En réponse, Aminata Mbengue Ndiaye a indiqué que la Commission nationale de réforme foncière va travailler de pair avec le comité du Code pastoral pour une bonne disponibilité des terres. Selon elle, si l’Etat arrive à multiplier les infrastructures comme le Ranch de Doli,  l’autosuffisance en lait sera atteinte. «Pour booster l’élevage, la culture fourragère, il nous faut de l’espace, de l’eau et une bonne santé animale.» Sur le thème de la concurrence, elle compte rencontrer les industriels qui transforment la poudre de lait pour mettre fin à une situation aberrante. ‘’Nous ne  pouvons avoir une production locale de lait que nous ne pouvons pas transformer et que à coté on importe du lait. Alors que pour cette production on est obligé de la jeter pendant la période hivernale ou il y a une quantité d’eau suffisante.»

AIDA DIENE (STATGIAIRE)
 

 

Section: