Publié le 15 Mar 2013 - 02:33
CHINE

Xi Jinping désigné à la présidence chinoise par le Parlement

Le Parlement chinois a élu jeudi Xi Jinping à la présidence de la République, une formalité pour le nouveau chef du Parti communiste (PCC) qui parachève la transition inaugurée en novembre dernier à la tête de la deuxième puissance mondiale.

 

"J'annonce maintenant que le camarade Xi Jinping est choisi comme président de la République populaire de Chine", a déclaré Liu Yunshan, un haut responsable du PCC qui présidait la séance de l'Assemblée nationale populaire (ANP, parlement), télévisée en direct. A 59 ans, Xi Jinping succède ainsi à Hu Jintao et sera flanqué de Li Keqiang comme Premier ministre, dont la désignation par l'ANP est prévue vendredi. Li Keqiang succèdera à Wen Jiabao. Elu à la tête du PCC lors de son 18è congrès en novembre dernier, Xi Jinping était automatiquement promis à prendre la présidence de la république, tous les organes de l'Etat chinois étant soumis au Parti communiste, parti unique.

 

En endossant le titre de chef de l'Etat, Xi Jinping représentera désormais la Chine au niveau international et dispose de toutes les rênes du pouvoir pour les dix prochaines années. Au son d'une musique entraînante emplissant l'immense hall du Palais du peuple, sur la place Tiananmen au coeur de Pékin, Xi Jinping, vêtu d'un costume sombre et d'une cravate rouge, a glissé dans une urne rouge vif ses bulletins de vote, avant de reprendre son siège sur la scène au côté de Li Keqiang. Les hauts dignitaires du régime ont fait la queue derrière lui, bulletins en main.

 

Le premier voyage à l'étranger de Xi Jinping en tant que président de la République est prévu d'ici la fin du mois avec une visite officielle à Moscou suivie d'une tournée en Afrique. A la différence de son prédécesseur, une fois élu secrétaire-général du PCC, il avait pris immédiatement la présidence de la puissante Commission militaire centrale, l'organe dirigeant du Parti communiste sur l'Armée populaire de libération (APL). "De mémoire récente, il n'y a pas d'autre figure comparable cumulant un tel pouvoir" en si peu de temps, a commenté Willy Lam, expert de la politique chinoise à l'Université de Hong Kong.

 

Mais en dépit de ses titres, Xi Jinping est encore loin d'avoir carte blanche et devra composer avec ses pairs, le consensus au sein du Comité permanent du Bureau politique du PCC, son organe suprême, étant de règle. Le président américain Barack Obama a félicité M. Xi pour son élection et s'est entretenu avec lui de la Corée du Nord et de la cybersécurité, lors d'une conversation téléphonique, a rapporté l'agence de presse officielle Xinhua (Chine nouvelle).

 

Par ailleurs, le nouveau secrétaire au Trésor des Etats-Unis, Jacob Lew, se rendra en Chine les 19 et 20 mars pour sa première visite à l'étranger visant à "souligner l'importance de la relation économique entre les Etats-Unis et la Chine" et à "établir des liens avec la nouvelle direction" chinoise. Le Premier ministre japonais Shinzo Abe a félicité jeudi M. Xi après son élection par le parlement, en souhaitant des "relations mutuellement bénéfiques" entre les deux pays, actuellement en froid. La relation avec Pékin est "l'une des plus importantes" pour le Japon, a assuré le secrétaire général du gouvernement nippon, Yoshihide Suga. Depuis des mois, les relations entre les deux pays sont au plus bas en raison d'un conflit territorial en mer de Chine orientale.

 

Prenant ses fonctions en novembre à la tête du PCC, Xi Jinping avait reconnu que la nouvelle équipe faisait face à d'"énormes responsabilités" et à de "graves défis", au premier rang desquels la corruption galopante dans ses rangs qui, a-t-il dit, menace de "tuer le Parti" et donc le régime. La censure a étouffé les révélations en juin dernier par l'agence Bloomberg de la fortune de ses proches, évaluée à 376 millions de dollars. Aucune malversation ne lui est directement imputée. Il lui reste toutefois à prouver sa volonté déclarée de chasser non seulement les "mouches", les cadres locaux corrompus, mais aussi les "tigres", les hauts responsables, et d'entreprendre les réformes attendues par une majorité de Chinois. Depuis, Xi Jinping a été montré auprès de paysans pauvres dans des régions reculées ou auprès des ouvriers dans des usines, un classique de la propagande destiné à souligner combien les hauts dirigeants sont soucieux du reste de la population.

 

Lors d'une tournée dans le Sud à la mi décembre, il a mis en garde à Shenzhen, ville pionnière des réformes économiques et de l'ouverture aux capitaux étrangers, contre toute ouverture politique du style de celle lancée par l'ex-président soviétique Mikhail Gorbatchev, prélude à l'effondrement de l'URSS. La vice-présidence est allée à un membre du Bureau politique à la réputation de réformiste, Li Yuanchao, qui l'a remporté sur le favori, Liu Yunshan, un conservateur en charge depuis 10 ans de la propagande et de l'idéologie.

 

Le vote de l'ANP était considéré comme une formalité. Aucune autre candidature n'étant possible, il était demandé aux délégués d'approuver ou non les candidats désignés. L'ANP doit terminer samedi la désignation des nouveaux responsables du Conseil d'Etat (gouvernement) avant de conclure ses travaux dimanche avec un discours attendu du nouveau président chinois.

 

Yahoo

 

 

Section: 
RÉFORMES POLITIQUES AU TOGO ET AU MALI : La tentation autoritaire maquillée en progrès démocratique
CÉRÉMONIE INVESTIGATION PR OLIGUI NGUEMA : Bassirou Diomaye Faye présent aux côtés de seize chefs d'État à Libreville
BENIN : Le nouvel épicentre du terrorisme sahélien
50 ANS DE LA CEDEAO : Mahama plaide pour le dialogue avec l’AES
Deuxième, Bilie-By-Nze critique une présidentielle «opaque» mais ne saisira pas la Cour constitutionnelle
Au Niger : Une Suisse enlevée à Agadez, trois mois après une Autrichienne
Gabon : le président élu Brice Oligui Nguema face à de nombreux défis
GABON - ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE : La diaspora gabonaise au Sénégal plébiscite Brice Clotaire Oligui Nguema
MALI-GUINEE : La presse sous bâillon militaire
LE POUVOIR DE DIRE NON : De Villepin, Badinter, Badio Camara, ou l’honneur de désobéir
CRISE DIPLOMATIQUE ENTRE L’ALGERIE ET LE MALI : L’escalade de trop ?
CHARLES DE GAULLE : Héros français, bourreau africain ?
En Birmanie, des crémations à la chaîne pour les victimes du séisme
ENTRETIEN - AMADOU MOCTAR ANN, ANALYSTE GÉOPOLITIQUE : "Le Sénégal affirme son rôle de médiateur sur la scène internationale"
RETRAIT DE L’ORGANISATION INTERNATIONALE DE LA FRANCOPHONIE : Les pays de l’AES dénoncent un levier d’influence française
BURKINA FASO - MASSACRES DE VILLAGEOIS PEULS À SOLENZO : Les balles et les machettes de la haine
OUATTARA ET MAHAMA LANCENT UN APPEL A L’AES : Un retour dans la CEDEAO, une mission quasi impossible ?
MÉDIATION EN GUINÉE-BISSAU : Le pouvoir ‘’chasse’’ la mission de la CEDEAO/ONU
Présentation de “Insécurité au Sahel : sortir de la crise!” : La solution mise en avant par Mamadou Mouth Bane
MALI - SÉNÉGAL : La reconstruction relationnelle se poursuit