La FSAPH pour l’effectivité de la Haute autorité des handicapés

Pour régler définitivement la question qui préoccupe les personnes handicapées, il faut l’effectivité de la Haute autorité des handicapés. L’avis est de la Fédération sénégalaise des associations de personnes handicapées
En 2010, la Haute autorité pour la Promotion des droits des personnes handicapées – instance prévue par la loi sénégalaise pour appuyer l’État dans l’élaboration des politiques nationales et stratégies sectorielles relatives au handicap – a été votée. Elle vise à garantir la pleine participation et l’intégration des personnes handicapées dans la vie sociale, économique et culturelle du pays.
Mais depuis lors, alors que trois présidents de la République se sont succédé (Abdoulaye Wade, Macky Sall et Bassirou Diomaye Faye), son effectivité pose problème.
Pour se faire entendre, la Fédération sénégalaise des associations de personnes handicapées (FSAPH) a rencontré la presse, hier. Porte-parole du collectif, Santi Agne a indiqué que seule cette structure institutionnelle pourrait résoudre leurs difficultés :
‘’Qu’est-ce qui retarde [sa mise en œuvre], alors que le président de la République du Sénégal (Diomaye Faye) en a parlé à plusieurs reprises depuis son accession au pouvoir ? Il est temps de l’appliquer. Nous sommes actuellement logés au ministère de la Santé et de l’Action sociale. Avant de s’occuper de nous, il faut y consacrer du temps. Ses urgences sont ailleurs. La question est : qui nous prend en charge ? Nous voulons une structure dédiée exclusivement à nos besoins. Sinon, nos difficultés seront reléguées au second plan – ce qui constituerait un autre handicap. Nous ne demandons ni un ministère ni un secrétariat d’État, mais la Haute autorité chargée de la protection et de la promotion des droits des handicapés. Cette structure, imaginée par des experts, doit dépendre de la présidence de la République’’, a expliqué M. Agne.
Convaincu de l’urgence, il ajoute : ‘’C’est très difficile pour nous d’accéder à un ministre. Avec cette autorité, les handicapés auront un interlocuteur direct dont la mission sera de résoudre nos problèmes. Sa porte nous sera ouverte en permanence. Des intellectuels handicapés pourraient la diriger ou, à défaut, une personne sensibilisée à nos réalités. Le retard d’effectivité vient aussi de nous : certains veulent la contrôler. La mentalité a évolué, mais les moyens manquent. Si cette autorité n’est pas créée, on dira que Diomaye ressemble à Macky et à Wade. Le blocage est administratif : nous devons nous battre pour nos droits.’’
Il rappelle qu’un conseil interministériel sur le handicap avait été organisé sous Macky Sall, avec des mesures restées lettre morte : ‘’Le président a donné des instructions, mais si l’Administration ne les applique pas, il croira que c’est fait. À nous de faire du bruit ! Après 33 ans d’attente, nous exigeons cette autorité. Si elle est opérationnelle, nos difficultés seront réglées’’, insiste l’ancien maire de la commune de Sicap Liberté.
En outre, la FSAPH a dénoncé cinq mois de bourses impayées par l’État, lançant ‘’un appel au chef de l’État pour obtenir ce qui nous revient de droit’’.
CHEIKH THIAM