Sur les pas du Mahdi

Une enfance calme, une adolescence frappante, à 40 ans, Limamou est sorti, le 24 mai 1883, superbement drapé de trois pagnes blancs pour prêcher cette parole divine: "Répondez à l'appel de Dieu, venez à moi, je suis le messager de Dieu, je suis le Mahdi qu'on attendait". La communauté layène célèbre depuis hier l’appel du Mahdi. Une occasion pour les fidèles de se ressourcer et de revisiter l’œuvre de Seydina Limamoulaye.
"Je suis l'Envoyé de Dieu’’. Quand le Mahdi lançait pour la première fois cet appel, en 1883, toute une communauté était effarée. La consternation était de mise. Le saint homme, Limamou Thiaw, fils de Alassane Thiaw et de Coumba Ndoye, qui est né en 1843, passait pour un possédé, un fou. D'une voix insistante, il ajoutait : "ô mes frères, ô mes sœurs ne vous éloignez pas de moi, je suis pour vous une aubaine que Dieu vous offre, suivez mes conseils, respectez les commandements de Dieu, imitez le comportement et les actes du modèle que je suis.
Dieu a mis en moi l'âme de Muhammad. Que la coloration noire de ma peau ne vous induise point en erreur. Ma peau blanche, d'hier, à La Mecque, a noirci aujourd'hui. Cela n'est point un prodige au-dessus de la puissance de Dieu. Il vous arrive vous-mêmes de teindre vos habits blancs en noir..."
Al Mahdi, né en 1843 ‘’au beau milieu d'un paganisme triomphant qui déployait ses activités sous le regard impuissant d'un islam superficiellement assumé’’, a réussi, au fil des ans, à convaincre des milliers de fidèles qui célèbrent sa mémoire. Il a converti à sa doctrine une élite intellectuelle, des savants en islamologie et différentes couches sociales.
Le saint homme, présenté comme un guide plein de mystères, a subi de dures épreuves infligées par les colons, avec la complicité de ses parents lébous qui ont cherché à le clouer au pilori. Mais, à force de ténacité, le Mahdi a réussi à remettre sur les sentiers de la vertu des milliers d’hommes. Il lègue des œuvres impérissables à l’humanité, mais ne laisse aucune photo de lui.
‘’Il était impossible de fixer son image sur une plaque photographique. Plusieurs tentatives de le photographier ont échoué. Le Pr. Assane Sylla a fouillé en vain la photothèque des archives nationales françaises à Paris (section outre-mer) où sont conservées des photos très anciennes'', souligne-t-on. À propos du ‘’nom prédestiné que son père lui donna (Limamou = Al imam = le guide)'', on souligne qu'il vient du marabout Toucouleur Mouhamadou Bâ dit Limamou d'Ouro-Mahdi (village du Fouta, région Nord du Sénégal).
Selon les explications fournies, ‘’celui-ci aurait dit à ces visiteurs parmi lesquels se trouvait le père de Limamou : "le Mahdi attendu descendra parmi vous. Son nom est Limamou. Donnez ce nom aux garçons qui naîtront dans vos foyers...". Finalement, sur quatorze garçons qui portèrent ce nom, seul Limamou Thiaw vécut jusqu'à l'âge adulte.
Une enfance calme, une adolescence frappante, à 40 ans, Limamou est sorti, le 24 mai 1883, superbement drapé de trois pagnes blancs pour prêcher cette parole divine: "Répondez à l'appel de Dieu, venez à moi, je suis le messager de Dieu, je suis le Mahdi qu'on attendait".
Matel BOCOUM