Publié le 11 Feb 2016 - 17:01
48 HEURES DE GREVE DU SAES

Les étudiants dans la tourmente

 

C’est bien parti pour une année universitaire mouvementée au Sénégal. L’Ucad a tourné au ralenti durant les 48 heures de grève décrétées par Seydi Ababacar Ndiaye et ses camarades. Le mouvement  a été bien suivi par les militants du syndicat. Les étudiants eux, affichent leurs inquiétudes et appellent les protagonistes à la raison.

 

Les années passent et se rassemblent à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. A peine un mois après le compromis sur la loi-cadre, le Syndicat de l’enseignement supérieur (Saes) déterre la hache de guerre. Il est même passé à la vitesse supérieure en décrétant une grève de 48 heures qui a été très suivie à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad). A la Faculté des lettres et sciences humaines (FLSH), l’ambiance est peu animée en cette après-midi du 10 février 2016. La Faculté la plus peuplée de l’Ucad est presque à l’arrêt. Les étudiants font des va-et-vient. D’autres forment une queue devant un petit conteneur pour remplir des formalités d’inscription. Devant le grand bâtiment de couleur jaune abritant les deux plus grands amphithéâtres de l’établissement, les étudiants forment de petits groupes. Tous ceux qui sont interrogés confirment l’effectivité de la grève. ‘’Depuis hier, on n’a pas fait cours à cause du mouvement des professeurs’’,  lance Mouhamed Bachir Thiaw. Assis sur une brique en train de revoir ses leçons, l’étudiant en licence 1 en linguistique ne maîtrise pas bien la situation car il vient fraîchement du lycée.  

La hantise d’une année universitaire perturbe le sommeil des étudiants. Dans les couloirs des bâtiments de la FLSH, on constate facilement qu’elle ne fonctionne pas comme d’habitude. Dans les salles de travaux dirigés, certains étudiants font leurs exercices en groupe. D’autres révisent leurs cours en attendant la fin de la grève des camarades de Seydi Ababacar Ndiaye secrétaire général du Saes. Ici l’inquiétude est la chose la mieux partagée. Le Saes vient de mettre fin à l’accalmie notée depuis le début de l’année universitaire. Debout devant le département de philosophie, François Diatta est très inquiet par rapport au calendrier universitaire. ‘’Hier et aujourd’hui, on n’a pas fait cours à cause de la grève des enseignants, alors que nous venons de démarrer les enseignements le 14 janvier dernier. La grève handicape les étudiants car on risque de ne pas terminer le programme‘’, prévient l’étudiant en licence 1 de philosophie. Habillé en jean et chemise multicolore, une croix autour du cou, il invite le gouvernement et le Saes à plus de responsabilité. Son voisin d’à côté a presque les mêmes positions et les mêmes préoccupations.

Très en verve, Gérard Gomis révèle qu’avant-hier, un de leur professeur de latin a voulu faire cours, mais ses collègues grévistes sont venus le sortir de la classe. Un livre de philo à la main, le philosophe en herbe a peur dès qu’il entend parler de grève. ‘’Cette situation est très inquiétante. Quand je faisais la licence 1, j’ai vécu une année catastrophe à cause des mouvements des syndicats. Cela a abouti à la session unique qui a sacrifié beaucoup d’étudiants avec des conséquences dramatiques’’, rappelle Gomis avec beaucoup de regrets. Comme le précédant interlocuteur, il demande à l’Etat et au Saes de remplir chacun sa part du contrat. L’étudiant en 2ème année interpelle les deux protagonistes en ces termes : ‘’L’Etat doit respecter son engagement vis-à-vis des travailleurs. Les enseignants aussi, je leur demande de ne pas abandonner leur vocation car au lieu d’aller dans des bureaux climatisés, ils ont choisi d’enseigner. Donc il y a un sacrifice à faire de leur part.’’

Dérèglement du calendrier universitaire

Les étudiants de l’Ucad connaissent bien les conséquences des luttes entre l’Etat et les syndicats. En effet, une grève des syndicalistes qui avait duré 5 mois en 2012 est à l’origine du dérèglement du calendrier universitaire. Depuis cette date, chaque faculté à son propre calendrier. Certaines même commencent les cours au mois de mars. Le département de Géographie qui avait presque rattrapé le retard risque de revenir à la case départ. Trouvée dans le jardin de la FLSH en train de manipuler son smartphone, Borso Ndiaye n’est pas surprise par l’attitude des membres du Saes. ‘’Chaque année, ils reproduisent la même chose’’, se désole l’étudiante en licence 2 au département de géographie. Selon elle, hier (avant-hier) ils n’ont pas fait cours à cause du décès d’un de leurs professeurs, Jean Batiste Ndong. Par contre aujourd’hui (hier), c’est la grève qui a mis le département à l’arrêt. Entre le Saes et l’Etat, à quand la fin du conflit ? Les étudiants attendent la réponse à cette question avec impatience.   

ABDOURAHIM BARRY (STAGIAIRE) 

 

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