L’affaire des câbles volés du TER et autres actes de vandalisme est sérieuse. Le procureur de la République a décidé de prendre les choses en mains. Il promet des châtiments exemplaires aux fautifs.

 

Lundi, une équipe de l’Apix était à Mbao pour constater le vol de câbles sur le tronçon du TER. Ce larcin ne serait pas le seul fait déplorable noté. En effet, d’après un communiqué du procureur de la République, ‘’depuis un certain temps, des actes de dégradation, de prévarication et d’incivisme sont constatés de manière récurrente sur le tronçon du Train express régional dit TER. Les derniers  en date ont été commis dans la nuit du 9 mai 2022 au niveau de la voie n°2, dans les environs de Thiaroye, où les enquêteurs ont pu relever que 60 m de câbles ont été sectionnés et emportés. Les constatations matérielles ont permis, par ailleurs, de retrouver sur les lieux et de mettre sous scellé des scies à métaux et un coupe-coupe qui ont probablement servi à la commission des faits’’, indique le procureur dans une note reçue à ‘’EnQuête’’.

‘’Ces actes qui mettent en danger la sécurité et la vie des usagers du TER, ainsi que l’outil de transport et les installations techniques, relèvent d’une gravité extrême, susceptible d’être qualifiée d’acte de terrorisme, de destruction, dégradation et dommages criminels de véhicules de toutes sortes visés par les articles 279-1, 407 et suivants du Code pénal, outre qu’ils menacent la liberté de circulation des populations’’, rappelle le procureur. Il compte ainsi sévir.

Car, informe-t-il, ‘’j’ai donné des instructions à la Section de recherches de la gendarmerie de mener toutes les investigations utiles afin d’élucider toutes les circonstances de ce méfait, d’en rassembler les preuves et d’identifier le ou les auteurs. Au regard de la gravité des faits, l’enquête sera traitée avec toute la diligence requise et la loi sera rigoureusement appliquée à l’encontre de toute personne impliquée d’une manière ou d’une autre’’.

AMADOU FALL

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3 QUESTIONS A MOUSTAPHA DIAKHATE, EXPERT ET CONSULTANT INFRASTRUCTURES, SUR LE TER

‘’ La fibre optique peut être une meilleure alternative aux câbles’’

 

On peut se demander comment des câbles du TER ont pu être sectionnés et volés. Dans le cas d’espèce, comment procède-t-on pour sécuriser le tracé du chemin de fer ? 

Il est nécessaire, pour le cas du TER, et compte tenu de la nature hétérogène de la zone traversée, de procéder à une cartographie des risques physiques. Le TER traverse des zones périurbaines densément peuplées et des zones de forêt comme Mbao qui a la particularité d’être un sanctuaire de malfrats, de pâturages ou de divagation d’animaux. Urgemment, il y a lieu de procéder à un cadastre des emprises, le long des voies du TER et que toute l’emprise soit délimitée de part et d’autre et sécurisée, soit par un ouvrage maçonné pour certaines parties ou plus facilement et moins coûteux par des grillages étanches électrifiés, avec un système de vidéosurveillance, afin de prévenir les trépassants et surtout sécuriser les équipements dont les câbles de transmission. Les câbles, dans les spécifications adaptées pour nos pays, doivent être anti-rongeurs et blindés avec des gaines de protection. 

J’ajouterai pour le TER que l’on présente comme une infrastructure dernier cri, il est curieux de constater que le circuit courant faible qui supporte et fait transiter les signaux de communication électronique appelés transmission, n’ont pas de redondance, c’est-à-dire, pour un ouvrage de dernière génération et vu l’importance des transmissions, si un câble est sectionné, un autre câble de même gabarit doit automatiquement prendre le relais. Ce procédé est appelé câble de secours ou de relais, pour éviter arrêt ou rupture de service.

Quelles peuvent être les conséquences d’un tel acte ? Cela peut-il engendrer un drame comme un déraillement ou une collision entre des trains ? 

Bien évidemment, dans les heures de pic où des locomotives doivent circuler à intervalle régulier, la transmission joue un rôle essentiel dans la régulation du trafic sur les rails dans tous les sens et permet surtout au conducteur de train d’avoir une maitrise parfaite de la vitesse de circulation du train, de gare en gare. Nous n’avons pas encore un niveau de trafic intense pour de tels cas de figure. Donc, l’inconvenance et la conséquence, c’est plutôt les retards dans le départ et l’arrivée des trains. 

Nous parlons d’un ouvrage de plus de 700 milliards, sur moins de 40 km, dont toutes les innovations doivent y être observées et incluses pour optimiser ses fonctionnalités aux bénéfices des usagers. Le TER est en réception provision. Donc, les maitres d’œuvre et exécutants doivent s’y atteler. 

Quelles sont les solutions qui s’offrent aux autorités pour parer à de tels méfaits ?  

Il faut sécuriser le courant fort pour l’électricité et le courant faible pour la transmission et la signalisation, et sécuriser toutes les emprises physiques contre tout risque de toute nature que ce soit. Il faut impliquer les forces de défense et de sécurité et, dans une certaine mesure, les populations riveraines pour une appropriation effective de l’ouvrage et de ses équipements. 

D’ailleurs, j’aurais conseillé au maitre d’ouvrage des câbles fibres optiques dont le signal pourrait, dans certaines situations, être de meilleure qualité, pour être en vogue avec notre époque. La fibre optique, support des communications électroniques haut débit, peut être une meilleure alternative aux câbles que j’ai vus et aura plus d’utilité pour la vidéo notamment. Il faut allier l’image et le son pour une transmission parfaite, le tout à temps réel. C’est là où se trouve la technologie moderne. 

Une plateforme de vidéosurveillance et des drones ne seraient pas de trop, au prix que le contribuable a payé pour l’acquisition de cet ouvrage majeur, car c’est un patrimoine chèrement acquis qu’il faut amortir sur des dizaines d’années.

PROPOS RECUEILLIS PAR GASTON COLY