Publié le 2 Nov 2022 - 07:07
CHANTIERS INACHEVÉS, RECRUTEMENT, FONCIER, SALAIRES, GRAVES...

Les maux de l’enseignement supérieur

 

Le Syndicat autonome de l’enseignement supérieur (Saes) compte déposer un préavis de grève. Des points de revendication saillants ont été évoqués lors de la tournée de son Bureau national dans les différents campus. Il demande au gouvernement de trouver des solutions aux maux qui gangrènent l’enseignement supérieur.

 

Nouvellement élu, le Bureau national du Syndicat autonome de l’enseignement supérieur (Saes) a effectué une tournée nationale dans les différents campus. Un périple qui lui a permis de s’enquérir auprès des militants de base des maux qui gangrènent l'enseignement supérieur. D’où l’épaississement des résolutions du congrès, déclinées lors d’une conférence de presse. 

Selon le secrétaire général national David Célestin Faye, à la suite des échanges, des points de revendication saillants ont été évoqués dans toutes les universités publiques sénégalaises, témoignant de la gravité du moment. Mais, d’après M. Faye, qui estime avoir privilégié le dialogue à travers une série de rencontres avec des autorités, depuis l'élection du Bureau national, le gouvernement est absent aux multiples appels à la négociation.

Le Saes invite donc tous ses militants à ‘’rester mobilisés et compte déposer un préavis de grève, tout en réaffirmant sa disponibilité à dialoguer pour trouver une solution pacifique des problèmes’’.

Sur la question des chantiers au niveau des campus, il est constaté que la majeure partie est à l’arrêt, même dans certaines universités qui ont été créées depuis 2017.  ‘’Sans la livraison imminente des infrastructures, les universités ne peuvent accueillir l'afflux des nouveaux bacheliers’’, indique David Célestin Faye.

 Ainsi, le Saes exige l'achèvement et l'équipement des infrastructures sociales et pédagogiques dans les différentes universités, pour un déroulement des enseignements-apprentissages dans un climat apaisé.

Il exige aussi le recrutement massif du personnel d'enseignement et de recherche pour améliorer la qualité de l'enseignement supérieur. A l'échelle nationale, les vacataires représentent plus de 70 % du personnel enseignant. Compte non tenu des vacataires, l'université sénégalaise est très loin de la norme de l'Unesco qui est de 1/20 pour le taux d'encadrement, d’après M. Faye. ‘’Nous avons remarqué que la plupart des enseignants du supérieur sont des vacataires. Sept enseignants sur dix sont des vacataires, à l’image des journaliers au port. Nous avons, à peu près, 2 000 enseignants permanents et plus de 6 500 vacataires. Pour un enseignement supérieur de qualité, il nous faut arriver à recruter au moins 70 % de permanents’’, souligne le porte-parole du jour.

En outre, le Saes rejette à nouveau la dernière version du guide d'évaluation des enseignants-chercheurs et chercheurs du Cames dont l'entrée en vigueur en 2024 n'est pas de nature à favoriser l'émergence de l'université africaine. ‘’Cela va, à court terme, tuer l’enseignement supérieur. Ce guide, dont la scientificité n’a pas été prouvée, va plomber définitivement la carrière des enseignants’’, regrette le SG.

Pour mémoire, le Saes, dans une synergie syndicale sous-régionale, avait conduit à la révision de la première mouture dudit guide en 2021.

Audit technique de la plateforme d'orientation

Le Saes continue d'exiger l'audit technique de la plateforme d'orientation et dénonce, depuis 2019, ‘’une violation, par le Mesri’’, du décret n°2016-1805 relatif à l'orientation des bacheliers. Et il revendique un traitement diligent par la tutelle, des actes de nomination conséquemment à l'inscription des enseignants-chercheurs et chercheurs sur les listes d'aptitude du Cames.

La question des salaires a aussi été évoquée. Sur ce point, il demande la prise en compte des enseignants-chercheurs et chercheurs des universités dans la revalorisation généralisée des salaires décidée par le président de la République pour soutenir le pouvoir d'achat des agents de l'État dans un environnement marqué par une inflation aiguë. ‘’Le gouvernement a décidé d’augmenter de façon conséquente les salaires des fonctionnaires. Nous nous en félicitons, de façon générale. Mais l’augmentation a été faite à l’exception des enseignants du supérieur qui sont de la hiérarchie A1 spéciale. Nous ne comprenons pas cette décision’’, déclare le SG du Saes.

‘’Aujourd’hui, les enseignants du supérieur ont un nouveau taux de remplacement de retrait.  Ce taux était obtenu grâce à un effort supplémentaire des enseignants dans les cotisations prélevées sur le salaire, mais aussi sur les heures de travail effectuées en plus. Cependant, les veufs et veuves des enseignants décédés ne peuvent pas bénéficier de ces pensions de réversion. C’est une insistance, une violation flagrante de la loi’’, dénonce le syndicaliste.

Ainsi, le Saes exhorte le Fonds national de retraite (FNR), conformément à la réforme sur la retraite de 2018, à appliquer la pension de réversion aux conjoint.e.s des enseignants-chercheurs et chercheurs décédés, après avoir servi dignement l'université publique sénégalaise. 

Spoliation foncière

Sur de la question de la recherche, le Saes demande, d'une part, au ministère de l’Enseignement supérieur (Mesri) de procéder à l'envoi rapide des textes de gouvernance de la recherche proposés par la commission technique paritaire, depuis avril 2021, aux universités pour avis et observations, avant toute validation définitive et, d'autre part, de financer la recherche.

Et en ce qui concerne la question foncière, il dénonce vigoureusement les tentatives de spoliation foncière observées dans les universités, dont la dernière en date est celle de l'ESEA. Il recommande ‘’l'identification, élargissement et la sécurisation du domaine universitaire pour se prémunir du manque de scrupule des prédateurs fonciers’’.

De plus, le Saes condamne le dilatoire dans la mise en place des organes de gouvernance des universités, conformément au décret n°2020-979 fixant les règles d'organisation et de fonctionnement des universités publiques.

Il réclame aussi une augmentation substantielle des budgets des universités qui doit suivre inexorablement la croissance des effectifs d'étudiants pour garantir la qualité de l'activité pédagogique et scientifique nécessitant, par ailleurs, des moyens financiers conséquents.

David Célestin Faye et ses camarades soulignent ‘’le manque de volonté manifeste’’ du Mesri d'évaluer les réformes initiées dans l'enseignement supérieur (système LMD, orientation des bacheliers, etc.).

BABACAR SY SEYE

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