Publié le 28 Jan 2022 - 23:18
ÉDUCATION – GÉNÉRALISATION DE LA GRÈVE AVEC LES ÉLÈVES

Le Cusems et le Saems accuse l’État 

 

Ces derniers jours, pendant que les hommes politiques se livraient à une rude bataille dans les différentes localités du pays, l’espace scolaire était perturbé par des grèves qui ont fini par se généraliser cette semaine. Les élèves sont sortis dans la rue pour fustiger la grève des enseignants qui en sont à leur sixième plan d’action et exiger la reprise des cours. Selon les syndicalistes du Cusems et du Saems, l’État du Sénégal est le seul responsable de ce pourrissement de la situation.

 

Cette semaine, les élèves de plusieurs lycées et collèges du Sénégal sont sortis dans la rue pour déplorer la situation qui prévaut dans l’espace scolaire du pays. Depuis quelques semaines en effet, les enseignants affiliés aux deux syndicats les plus représentatifs dans le moyen secondaire sont entrés dans un mouvement de grève pour exiger de l’État qu’il respecte les accords signés le 30 avril 2018. Une série de six plans d’action a perturbé l’école sénégalaise, depuis lors.

Les responsables syndicaux du Saems et du Cusems, venus présider l’Assemblée générale conjointe de leurs deux structures au lycée de Saly, ont estimé que le responsable de cette situation est l’État du Sénégal qui fait ‘’la sourde oreille’’. Dans ce sens, indique El Hadj Malick Youm, ‘’les élèves demandent la reprise des cours. Nous disons que c’est normal, d’autant plus qu’ils demandent qu’on respecte leur droit à l’éducation. Maintenant, nous aussi, il faut comprendre que nous ne sommes en train de faire rien d’autre que de respecter notre droit à la grève tel que prescrit dans la charte fondamentale de notre pays et entre les deux parties, que l’on comprenne qu’il y a l’État du Sénégal qui est en train de jouer à faire pourrir la situation, à ne pas respecter la matérialisation des accords et à reléguer au dernier plan notre école’’.

Le secrétaire général national adjoint du Saems estime que les acteurs de l’éducation que sont les élèves, les parents d’élèves et les enseignants ont un adversaire commun qui est le gouvernement. De ce fait, demande-t-il, ‘’nous devons conjuguer nos forces pour demander à l’État du Sénégal de matérialiser ces accords et de trouver les moyens pour que chacune des parties puisse se retrouver dans cette école qui est l’école de la communauté’’.

 ‘’Nous avons en face de nous un État irresponsable qui refuse de s’assumer et qui continue de signer des accords et de ne pas les appliquer et qui devient le principal perturbateur du système éducatif. Nous demandons à l’État de prendre ses responsabilités pour qu’on puisse matérialiser les accords signés le 30 avril 2018’’.

Abdoulaye Ndoye s’inscrit dans le même sillage. Pour le secrétaire général national du Cusems, ‘’les enseignants sont des victimes au même titre que les élèves. Le seul responsable, c’est le gouvernement du Sénégal. Il ne peut pas prendre des engagements et signer des accords sans les respecter’’. Il interpelle les Sénégalais afin qu’ils demander des comptes à l’État. ‘’Les parents d’élèves doivent demander au président Macky Sall de corriger les iniquités. Aujourd’hui, c’est une revendication nationale. Sinon, pour tout ce qui adviendra, il sera tenu, lui et son gouvernement, pour seul et unique responsable’’, avertit M. Ndoye. 

Dans la foulée, El Hadj Malick Youm s’offusque de la position de certaines autorités du système éducatif. ‘’Aujourd’hui, nous constatons qu’il y a des autorités qui sont en train de faire dans la diabolisation, en essayant de faire comprendre à la communauté toute entière que les élèves sont contre les enseignants par rapport à cette lutte. Ce qui est totalement faux’’, dénonce-t-il.

Avant de continuer : ‘’Les élèves nous soutiennent et nous soutenons les élèves, parce que c’est nous qui partageons l’espace scolaire. Ces élèves, ce sont nos fils, nos nièces. Les fils des autorités sont à l’étranger en train d’apprendre. Donc, nous devons rappeler que nous sommes ensemble et que le principal perturbateur du système, c’est le gouvernement.’’ Et Abdoulaye Ndoye de démontrer que si ‘’les enseignants sont démotivés, démoralisés et découragés, c’est la faute du gouvernement du Sénégal qui, non seulement n’a pas honoré ses engagements, fait dans le mépris, mais qui aujourd’hui, distribue à gauche et à droite des indemnités. C’est bien de distribuer des indemnités à d’autres agents, mais je pense qu’aujourd’hui, pour la paix et la stabilité d’un système éducatif performant, il faut nécessairement corriger les iniquités qui ont été révélées par l’étude sur le système de rémunération des agents de l’État’’.

Il précise : ‘’Cette étude a révélé qu’au Sénégal, le système de rémunération est caractérisé par une opacité avec des écarts salariaux inquiétants, mais également, qu’il y a un système d’indemnités inadéquat et inéquitable. Et cela ne peut plus continuer, parce que cela va impacter la qualité des enseignements-apprentissages.’’

IDRISSA AMINATA NIANG (Mbour)

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