Publié le 30 Jan 2012 - 16:26
ABDOULAYE MAKHTAR DIOP, MINISTRE D'ÉTAT, MINISTRE DES SPORTS (Suite et fin)

'' Une reconstruction s'arrête quelque part''

Abdoulaye Makhtar Diop, Ministre d'État, Ministre des sports

 

Qu'est-ce qu'il faut faire après pour que cette surprise désagréable n'impacte pas négativement sur le développement du football en particulier et du sport en général ?

 

Ce qu'il faut faire, c'est d'avoir une équipe nationale. J'avais dit il y a quelques mois que les fédérations devaient s'organiser pour que les joueurs, à l'occasion de leurs vacances de trêve, se retrouvent ensemble même s'il n'y a pas de compétition pour avoir une équipe nationale. Si vous faites la compilation des temps de regroupements sur une année, les joueurs ne sont pas ensemble pendant deux mois.

 

 

Donc pour le football et pour l'équipe nationale, il faut aller au-delà des sélections. Et ça, il faut, à toutes les occasions de trêve, qu'il y ait compétition ou pas, que l'encadrement, la fédération négocient un peu avec les clubs, les joueurs eux-mêmes, pour se retrouver et véritablement avoir une certaine solidarité et une plus grande homogénéité. Maintenant, quant à l'impact de cette défaite sur le football sénégalais, on ne peut pas en préjuger, parce que l’impact est psychologique.

 

Or, cet impact pourrait déboucher sur un traumatisme du joueur sur le terrain, de l'entraîneur. Est-ce que l'entraîneur sera assez fort pour réagir face au public qui ne va pas l'épargner ? Il y a tout un ensemble de choses qui ne relève pas d'une science exacte parce qu'il s'agit de la réaction des individus face à des événements, qui fait que je ne peux pas préjuger de cet impact.

 

Mais il faut dire que se préparer, reconstruire ne peut pas être le terme d'un contrat. Une reconstruction, cela s'arrête quelque part, parce qu'on a fini de reconstruire, il faut vraiment le dire.

 

 

Donc ce discours de la reconstruction ne tient plus ?

 

Écoutez, quand on reconstruit, il faut finir la reconstruction, pas reconstruire indéfiniment.

 

 

Mais actuellement, le terme qu'utilise Amara, c'est la consolidation. On a passé la phase de reconstruction, maintenant on est dans une phase de consolidation...

 

J'attends de voir, de conclure la consolidation parce que s'il faut consolider des défaites, ce n'est pas la peine de continuer (rires).

 

 

Quand on parle d'impact négatif, c'est parce qu'il y a eu des impacts positifs avec le tournoi de l'Uemoa et on était à deux doigts de se qualifier pour les jeux olympiques. Même s'il nous reste une chance, tout le monde pensait que la der, c'était peut-être l'équipe nationale. Aujourd'hui, à Dakar, les gens sont déçus. Maintenant, qu'est-ce qu'il faut faire pour limiter les dégâts sur le plan psychologique ?

 

La meilleure manière de relancer une équipe nationale, c'est de gagner des compétitions. Vous ne pouvez pas impacter votre football si vous ne faites pas de bons résultats sur le plan international. Et si maintenant vous échouez à une compétition internationale, quelle que soit votre adresse, quelle que soit votre pédagogie ou votre aptitude à conduire des hommes, les premiers mois sont des mois difficiles. On ne va pas encore appeler à l'unité, à l'union sacrée des cœurs et des esprits. Pourquoi ?

 

Parce que la condition majeure dans nos pays, c'est l'environnement, et quand je parle d'environnement, je parle toujours de considérations financières et matérielles, ce qui nous a toujours manqué dans le passé. La deuxième chose, les règlements de la Fifa, aujourd'hui, ont libéré tous les joueurs et toutes les sélections nationales.

 

Donc ce qui reste à faire, c'est bâtir des équipes. Vous allez voir dans la suite de la compétition, ce n'est pas parce que des sélections nationales ont de grands joueurs qu'ils vont gagner. C'est ce qui manque aux fédérations africaines, avoir l'homogénéité, une équipe nationale. Vous prenez un entraîneur, à part la supervision de ses joueurs par des moyens technologiques, la vidéo, tout ce que vous voulez... envoyez des superviseurs une fois tous les deux ou trois mois, s'il n'y a pas de tournoi en vue, les joueurs ne sont jamais en regroupements.

 

C'est le problème fondamental. Chacun dira : on a de bons joueurs, mais on n'arrive pas à gagner. C'est parce qu'on n'a pas une équipe. Vous prenez la Guinée Équatoriale ; vérifiiez, il n'y a même pas de championnat local régulier. Celui qui a marqué le deuxième but contre le Sénégal, il joue en division d'honneur au Portugal, quatrième division.

 

Donc, je le dis, je le répète, il nous faut des équipes nationales. Vous avez dit qu'au niveau de l'Uemoa (Union économique et monétaire ouest africaine, ndlr) nous avons gagné avec la manière, je le pense aussi. Alors cela veut dire qu'on avait une bonne équipe, qui s'est préparée, des joueurs qui sont toujours ensemble. La base de cette équipe, c'est l'Institut Diambars non ? Donc, c'est des joueurs qui peuvent jouer en fermant les yeux. C'est ça qu'il nous faut.

 

 

Pour terminer, vous ne pensez pas que le football sénégalais à reculé ? Certains disent même que c'est pire que Tamale ?

 

La désillusion de Tamale, ce qui l'avait aggravée, c'était l'indiscipline. Si vous vous rappelez bien, à Tamale, on avait beaucoup plus critiqué l'équipe par rapport à l'indiscipline qui avait impacté sur le jeu. Ici, la discipline n'est pas en cause, l'environnement de l'équipe n'est pas en cause, le comportement individuel des joueurs n'est pas en cause. Ce qui est certainement en cause, c'est le résultat.

 

 

Et à quoi est dû ce résultat négatif ?

 

Constatons le résultat ensemble et laissons le soin aux spécialistes de lire le match.

 

Ndiassé SAMBE (Envoyé spécial en Guinée Équatoriale)

 

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