Publié le 20 Nov 2013 - 04:34
ACTE-CONTRE NATURE

Les présumées lesbiennes contestent leur homosexualité

 

Accusées d’acte contre-nature et d’outrage public à la pudeur, quatre des cinq présumées lesbiennes ont été jugées hier. Un procès marqué par des dénégations systématiques et des attaques contre les policiers.

 

Placées sous mandat de dépôt depuis jeudi dernier, quatre des cinq jeunes filles écrouées pour acte contre-nature et outrage public à la pudeur ont fait face hier au juge des flagrants délits de Dakar. Habillées toutes en boubou traditionnel, elles ont été hier l’attraction dans une salle d’audience pleine comme un œuf. ‘’Ah ! ce sont les lesbiennes’’, s’exclame-t-on dans l'assistance. Malgré les nombreuses paires d’yeux braquées sur elles, C. Sao et ses amies N. Diallo, Nd. S. Dieng et F. Ndoye n’ont pas fléchi. Elles se disent innocentes.

Ces filles arrêtées dans la nuit du 10 au 11 novembre dernier au bar le ‘’Piano Panio’’ dans le quartier de Grand-Yoff pour s'être, dit-on, embrassées et caressées entre elles, sont revenues sur leurs déclarations faites à l’enquête préliminaire en réfutant être lesbiennes. ‘’Nous n’avons commis aucun acte impudique et nous ne sommes pas des lesbiennes’’, ont-elles clamé sans cesse. La preuve, a argué C. Sao : ‘’Lorsque les policiers sont venus nous arrêter, F. Ndoye était assise sur son copain’’.

Corroborant les propos de sa co-prévenue F. Ndoye a affirmé que si tant est qu’elles s’embrassaient entre elles, son copain ne l'aurait pas regardé faire. Pour confirmer son statut d’hétérosexuelle, F. Ndoye a révélé qu’elle devait se marier durant la fête de Tamxarit. Toutefois, elle a reconnu qu’elle était une prostituée qui a quitté le trottoir et même rendu son carnet sanitaire.

Nd. S. Dieng aussi a réfuté son penchant pour les filles tout en indiquant qu’elle a un copain. La même version a été servie par Nd. Diallo avant d’expliquer qu’elles ont signé le procès-verbal à cause de la ruse des policiers. ‘’Les policiers nous ont demandé de signer parce qu’on devait être libérées une fois au tribunal’’, a allégué la prévenue.

Entendu comme témoin, le gérant du bar a disculpé les prévenues. ‘’Quand elles sont venues, elles m’ont demandé la permission d’entrer avec un poulet car elles fêtaient l’anniversaire d’une des leurs’’, a témoigné Mbaye Niang. Et d’ajouter : ''Quant aux policiers, ils étaient venus me voir. Lorsque je leur ai proposé à boire, ils m’ont demandé de patienter. Ensuite ils sont sortis. C’est par la suite qu’ils ont embarqué les filles. L’un des policiers m’a dit qu’une des filles l’a insulté.''

Le procès des policiers

Le représentant du parquet a-t-il été convaincu par ce témoignage ? En tout cas, le substitut Baye Thiam a requis «l’application bienveillante de la loi». Toutefois, il n’a pas manqué de sermonner les prévenues. ‘’Si vous étiez restées là où vous deviez rester, vous n’en seriez pas là. Que faites-vous dans un bar à 1 heure du matin ?’’. Cette remarque du juge n’a pas eu l’heur de plaire à la défense.

Me Abdoul Daff a estimé en effet que les prévenues ont la liberté d’aller et de venir. Soulignant que l’homosexualité n’est pas un délit, lui et ses confrères pensent qu’il faut plutôt dénoncer l’attitude des policiers qui «ont monté le dossier». ‘’Le nom de ces jeunes filles a été sali parce que sur la base d’un coup de tête, les policiers n’ont pas voulu rentrer bredouilles’’, a fustigé Me Daff.

Embouchant la même trompette, Me Aboubacry Barro a soutenu que l’arrestation de leurs clientes résulte d’un  ‘’excès de zèle et de la politique de résultat’’ des limiers. ‘’C’est un PV taillé à souhait’’, a fulminé Me Baba Diop. Tout comme son confrère Me Barro, il reste convaincu que si les prévenues avaient commis un acte contre-nature dans le bar, elles auraient été poursuivies par la clameur publique avant même l’arrivée des policiers.

‘’Comment pouvaient-elles avoir l’outrecuidance de s’embrasser devant 250 personnes’’, s’est interrogé Me Étienne Ndione ? ‘’Ce morceau est trop gros pour nous le faire avaler. Si elles avaient vraiment envie de s’embrasser, ces filles l'auraient fait dans leur appartement’’. Pour Mes Cheikh Ndiaye et Mbengue, le témoignage du brigadier à l’origine de l’arrestation des prévenues doit être écarté car il n’y a aucun témoin pour le corroborer. C’est fort de ces éléments qu’ils ont plaidé la relaxe pure et simple. Délibéré demain, mercredi.

FATOU SY

 

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