Publié le 27 Jan 2022 - 22:51
AND SAMM JIKKO YI

Un rassemblement contre les LGBT prévu le 20 février

 

Pour l’association And Samm Jikko Yi, l’actuel régime est en train de dérouler un agenda pro-LGBT, en violation des normes socioculturelles. Dans tous les pays qui se respectent, les normes juridiques, d’après Ababacar Mboup, émanent irréfutablement des normes socioculturelles. Il soutient qu’en refusant cette proposition de loi, le bureau de l’Assemblée nationale a outrepassé ses prérogatives. Un grand rassemblement national est prévu le 20 février 2022 à Dakar pour dénoncer cela.

 

L’Association pour la préservation des valeurs And Samm Jikko Yi ne lâche rien, concernant la proposition de loi pour la criminalisation de l’homosexualité. Selon son président, le bureau de l’Assemblée nationale a jugé, sans le justifier, irrecevable cette dernière. Ababacar Mboup de rappeler, au cours d’un point de presse tenu hier à Dakar, qu’un acte administratif doit toujours être signé, daté et notifié à qui de droit. Ce bureau, en violation de l’article 60 du Règlement intérieur de l’Assemblée nationale, poursuit-il, a outrepassé ses prérogatives en statuant sur l’opportunité de la proposition de loi, alors qu’il ne lui revenait qu’à vérifier si cette dernière n’a pas d’incidences financières. Pour dénoncer cela, And Samm Jikko Yi tient un grand rassemblement national le 20 février 2022 à Dakar.

En outre, comme le souligne l’article 60 du règlement intérieur de l’Assemblée nationale, les projets et propositions de loi sont soumis au Parlement. Ils doivent être formulés par écrit et sont adressés au président de l’Assemblée nationale. Celui-ci en donne connaissance à l’hémicycle qui en constate le dépôt. L’auteur ou les auteurs en sont informés par écrit.

 Malheureusement, selon lui, le bureau de l’Assemblée nationale n’a pas notifié aux porteurs de la proposition de loi, ni la réception de ladite proposition ni son supposé rejet.

Dans le prolongement de l’article cité plus haut, ajoute-t-il, on peut lire : ‘’Les propositions et amendements formulés par les députés ne sont pas recevables, lorsque leur adoption aurait pour conséquence soit une diminution des ressources publiques, soit la création ou l’aggravation d’une charge publique, à moins que ces propositions ou amendements ne soient assortis de propositions de recettes compensatrices.’’

Malgré cette disposition très claire, renseigne-t-il, le président de l’Assemblée nationale, Moustapha Niasse, et huit autres membres du bureau ont choisi de ‘’violer’’ le Règlement intérieur de la deuxième institution. ‘’Cette décision est grave et mérite une mise au point exhaustive. Il ne saurait y avoir de quiproquo dans cette procédure, si les députés du bureau de l’Assemblée avaient pris leurs responsabilités et respecté la volonté du peuple. La proposition de loi, soutenue par plusieurs millions de Sénégalais aux rangs desquels figurent en bonne place les autorités religieuses et coutumières dont les khalifes généraux et les présidents des associations islamiques, émane alors de la volonté populaire’’, dit M. Mboup.

En plus de ce cachet populaire, ajoute-t-il, ‘’il y a eu de nombreuses manifestations à travers le pays dont la plus symbolique fut celle du 23 mai 2021, pour exiger l’arrêt de l’agenda LGBT et la criminalisation de l’homosexualité. Il est clair comme l’eau de roche que notre État, à l’insu et au mépris du peuple, est en train de dérouler un agenda pro-LGBT en violation des normes socioculturelles. Alors que dans tous les pays qui se respectent, les normes juridiques émanent irréfutablement des normes socioculturelles’’.

‘’Cet acte inacceptable relève purement de la haute trahison’’

En outre, il a soutenu que malgré tous ces signaux forts, le bureau de l’Assemblée nationale a fait circuler, le 5 décembre 2021, un document qui s’apparente à un communiqué, curieusement identique à celui que le groupe parlementaire Benno Bokk Yaakaar (BBY) avait sorti au lendemain du dépôt de cette proposition de loi ‘’historique’’. Or, ce texte aurait dû être écrit par d’éminents intellectuels composés de juristes, de spécialistes des sciences sociales, de parlementaires, de praticiens et de théoriciens du droit, de leaders d’opinion, qui auront la noble tâche de procéder à sa rédaction. Cristallisant la volonté de tout un peuple, selon lui, rédigée et soumise dans les règles de l’art, cette proposition de loi a été bloquée par neuf personnes.

‘’Cet acte inacceptable relève purement de la haute trahison. Neuf personnes ont violé les lois du pays et le règlement de l’Assemblée nationale. Elles ont outrepassé leurs prérogatives en s’arrogeant des compétences qui ne sont pas les leurs et ont osé dire non à des millions de Sénégalais que l’Assemblée nationale est censée représenter. Elles ont montré tout le mépris qu’elles ont vis-à-vis de nos vénérables chefs religieux et coutumiers qui sont tous des parties prenantes de la proposition de loi. Elles ont dénié à leurs collègues de la plénière le droit de se prononcer sur une proposition de loi qui leur est faite par leurs mandants. Dans la motivation de leur décision, elles ont clairement indiqué leur totale soumission à l’Exécutif, prenant ainsi le contrepied de ce qui fait l’équilibre de nos institutions et le charme de notre société, à savoir la séparation des pouvoirs. Plus grave, en s’alignant sur la position de l’Exécutif, elles prouvent qu’ils mettent les intérêts de certains lobbys et pays occidentaux au-dessus de ceux de notre peuple et de notre pays’’, s’est désolé le président de cette association.

‘’Il s’agit de stopper la mise en œuvre de l’agenda LGBT’’

Selon Ababacar Mboup, les Sénégalais ne sont pas dupes, car ils savent qu’il ne s’agit nullement, comme il a été dit parfois, de s’en prendre à des gens qui auraient un comportement efféminé et de stigmatiser tel ou tel individu parce qu’il ne se serait pas conformé à la ‘’norme’’ dans son mode de vie. C’est plus sérieux que cela. Il s’agit, d’après lui, de stopper la mise en œuvre de l’agenda LGBT que l’ONU et les forces occultes qui lui sont alliées veulent imposer au reste du monde.

‘’Les Sénégalais sont conscients de la portée létale pour leur système de valeurs du contenu de cet agenda. Ils savent que l’article 319 du Code pénal de 1966 brandi pour disqualifier la proposition de loi, ne prend plus en charge l’homosexualité et les pratiques assimilées. Après l’adoption de la Résolution 17/l9 du 15 juin 2011 et la ratification en 2005 du Protocole de Maputo, il ne restait plus qu’à mettre en place des stratégies nationales, à l’image de la SNEEG 2, des principes directeurs internationaux sur l’éducation complète à la sexualité en milieu scolaire, du PGA en milieu parlementaire, de l’autre cercle en milieu du travail, de HeforShe pour l’avancée positive et la représentation des LGBT dont le pin’s fut fièrement porté par le président Macky Sall le 8 mars dernier (à l’occasion de son adresse à la Nation suite aux émeutes de mars 2021), pour faire avancer les droits et l’inclusion des personnes LGBT au sein de la société. Voilà, selon lui, ce qui justifie les communications de la délégation sénégalaise à Genève’’ poursuit-il.

 S’agissant de l’homosexualité, précise-t-il, la délégation a rappelé qu’elle avait déjà donné les précisions nécessaires et a indiqué que sa dépénalisation au Sénégal était une question ‘’complexe’’ qui demanderait du temps et une étude minutieuse, en raison des ‘’particularités’’ sociologiques. ‘’Depuis l’indépendance, celle-ci n’a jamais vraiment été au service exclusif du peuple et de ses intérêts. Elle a presque toujours servi de caution démocratique à un Exécutif acquis au service de pays et groupes étrangers. Nous n’aurons vraiment rompu avec l’esclavage, la colonisation, le néocolonialisme et toutes ces formes nouvelles de servitude que quand nous aurons enfin une Assemblée d’hommes et de femmes exclusivement fidèles au peuple et uniquement soucieux de défendre leurs intérêts et leurs valeurs. Au-delà de la criminalisation de l’homosexualité et de l’arrêt de la mise en œuvre de l’agenda LGBT pour lesquels il ne se donnera pas de répit, And Samm Jikko Yi entend mener à tout prix aussi ce combat historique pour une véritable indépendance nationale’’.

CHEIKH THIAM

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