Le forcing de Ouattara

L’obsession du « grand frère » ! Tel pourrait être le résumé du feuilleton diplomatique qui a agité Paris, Abidjan et Dakar ces derniers jours. Jusqu’au bout, le président Alassane Dramane Ouattara a insisté pour faire arranger l’agenda du président Emmanuel Macron et être le premier chef d’Etat africain à être reçu par le nouveau locataire du palais de l’Elysée avant son homologue sénégalais. Finalement, il a obtenu gain de cause car son audience a eu lieu dimanche dernier, avant celui, hier de Macky Sall.
Dans un premier temps, cet ordre devait être inversé ou, à tout le moins, les rencontres étaient calées pour se dérouler le même jour, hier lundi. Les trois chefs d’Etat devant se retrouver aujourd’hui à Berlin, en Allemagne, pour les besoins d’un sommet du G20. Mais ADO entendait rappeler son « rang » et n’a pas hésité à mettre la pression sur le nouveau secrétaire général de l’Elysée, le strasbourgeois Alexis Kohler. Il a donc été le premier à avoir droit à l’accolade sur les gravillons de la cour du palais du faubourg Saint-Honoré et à la fanfare de la garde républicaine.
Mais à quel prix ? On était dimanche et…jour de vote pour les élections législatives. Dans la matinée, le président Macron devait aller voter au Touquet, dans le Pas-de-Calais et suivre le déroulement du scrutin décisif pour lui, à l’entame de son mandat. Las. Au bout du compte, le président Ouattara a obtenu un entretien d’une trentaine de minutes. Par contre, Macky Sall a eu droit à un entretien de plus d’une heure dans les jardins de l’Elysée.
« Il faisait beau temps à Paris, et le président français entendait en profiter », résume un officiel sénégalais, pour faire comprendre que l’ambiance était à la décontraction. Mieux, Emmanuel Macron et son hôte ont animé une conférence de presse à l’issue de leur entretien. Un certain agacement pointe dans certains milieux officiels sénégalais quand ils évoquent cette obsession du président Ouattara à toujours vouloir rappeler que « la Côte d’Ivoire est la première économie de l’Uemoa » sans préciser que « ce ne sera plus le cas dans plus longtemps ». Ambiance…