Publié le 20 Aug 2017 - 18:47

 

Il en est ainsi après chaque attentat sanglant avec son lot de morts et de blessés, après chaque cataclysme ou accident survenus chez eux : les médias européens empruntent sa vertu à Père-la-morale, appelle la presse à ne pas diffuser les images de la tragédie. Le cas le plus récent, c’est l’attentat terroriste à Barcelone. La consigne moralisatrice se résume à ceci : ‘’Evitez d’ajouter à la douleur des familles des victimes, évitez de choquer la sensibilité du public’’, etc. Et c’est de cette nouvelle vertu que procéda le fait que les médias n’avaient pas montré de morts des attentats contre le fameux World Trade Center de New York le 11 septembre 2001.

Et pourtant, dès que sont franchies les limites de l’Occident, la morale se dissipe et ne vaut plus pour des terrains comme l’Afrique dont on peut montrer les images hideuses, choquantes, scandaleuses… Parce que c’est l’Afrique. Et il le dit si bien ce facebooker, un certain Moussa Ngom, qui écrit sur son mur que ‘’le traitement à double vitesse des médias occidentaux qui ne s’en privent pas, n’en devient presque plus une priorité face à notre propre passivité sur les tragédies du continent. S’il faut les condamner de ne pas respecter les morts africains, encore faut-il que la leçon soit déjà de mise en ce qui nous concerne et qu’on se soit déjà interrogé sur le bien-fondé de ceux qui soutiennent être obligés de le faire pour briser notre indifférence sur le sort de nos voisins.’’

Kevin Carter, photojournaliste sud-africain, remporta le prix Pulitzer 1994, pour avoir été l’auteur de ‘’La fille et le vautour’’,  l’image d’un vautour attendant qu’un enfant soudanais, famélique, la peau sur les os, meure pour dévorer sa dépouille. Le cliché fit polémique, mais fut néanmoins couronné de la distinction qui est au photojournalisme ce que le Nobel est à toutes les disciplines qu’il récompense.

Quand les médias africains, et l’Afrique institutionnelle, elle aussi, se résoudront-ils à refuser que le monde ait à voir la laideur de tout un continent ; et que d’autres regardent avec goguenardise pour les uns, commisération pour les autres, les clichés immortalisant la vilenie en Afrique ? Quand le journaliste ne sent aucune éthique se poser sur lui, un œil de Caïn en quelque sorte, un média doit sentir le poids de la déontologie.

Encore des journalistes qui se plaignent de manière bruyante que l’organisateur d’une manifestation qu’ils sont venus couvrir ne leur ait pas donné à manger ! C’était le week-end dernier, lors de l’Assemblée générale de la Fédération sénégalaise de football (Fsf). Nous avons appris, par certains organes de presse, que la Fsf n’a pas étendu la distribution de tickets de restauration aux reporters. Pourquoi la Fsf le ferait-elle ? Rien du tout ! Ces reporters étaient envoyés par leur journal, radio ou télévision, et les informations qu’ils recueillent sont à l’avantage de leurs organes de presse respectifs. Ce sont ces derniers qui doivent assurer le transport, la restauration et (s’il  y a lieu) l’hébergement, entre autres frais de reportage. C’est un éternel problème dans la presse. Même s’il a sollicité la couverture par la presse de sa manifestation, un organisateur n’a pas du tout à assurer le gîte, le couvert et l’argent de poche (du type per diem) aux reporters envoyés parce que leur organe de presse y a vu de l’intérêt, son intérêt qui se décline en termes de recettes de vente, de taux d’audience…

Du temps du général Mamadou Niang, alors ministre de l’Intérieur, des journalistes envoyés couvrir une rencontre au ministère bougonnèrent si fort que le ministre dut calmer les desiderata des ‘’envoyés spéciaux’’ en leur faisant servir des sandwichs ! Et un journal (qui avait son reporter parmi les journalistes à la fringale tenace) raconta l’affaire. Ce n’était point une obligation pour le ministre d’assurer la restauration à des reporters. C’est que nombre de journalistes ne sont pas loin de croire que tout leur est dû, même le confort. Quand ils sont en reportage loin de leur ville, certains journalistes s’attendent à dormir dans un confort pas loin du palace. En reportage, le journaliste ne doit pas s’attendre à loger dans un palace et à des repas exquis. Il me revient en mémoire l’indécente exigence d’un reporter avec qui j’étais dans un village sérère et qui exigea qu’on lui servît un autre repas que du couscous qu’il n’aimerait pas. Malgré la modestie de leurs moyens, ces hôtes se débrouillèrent pour, la nuit, aller au chef-lieu de la localité, acheter de la viande grillée au reporter délicat. Et, le lendemain matin, notre journaliste bourgeois commis un dégât matériel que nul n’osa signaler aux hôtes toujours prévenants.

Post-Scriptum : Bijou Ngoné ne semble pas vouloir les témoignages d’un invité. Recevant le journaliste Cheikh Yérim Seck à son émission ‘’Confrontation’’ (dimanche 13 août 2017), elle voulait que l’invité lui parlât d’autre chose que d’anecdotes. Pourquoi refuser la probable richesse de l’anecdote et du témoignage d’un journaliste de renommée internationale ? Et puis, Bijou Ngoné a le défaut de la plupart des animateurs d’émissions d’entretien : ne pas savoir écouter leur interlocuteur. De plus, elle semble prête à être agressive, comme si cette attitude assurait le succès à tous les coups.

 

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