Journalisme et médias, y a-t-il un meilleur et des pires ?
Qui du journalisme et du journaliste n’a pas bonne presse ou est crédité d’un taux plus élevé de défiance ? Entre une profession et ses pratiquants, qui est plus crédible, populaire ou impopulaire ? La question a souvent été posée en France où des sondages, notamment le tout récent objet d’un éditorial du journal parisien ‘’Le Monde’’, révèlent que des corporations classiques les plus connues, les journalistes ne sont crédités que de 24 %, dépassant juste les partis : 11 %. Il faut, peut-être, aussi risquer une nuance entre journalisme et médias, en pensant que le journalisme a quelque chose de plus estimable et de plus respectable que les médias perçus comme des nids de la manipulation, des accointances, de la vénalité et de la fausseté. ‘’Menteurs et stipendiés’’, soutient Jean-Pierre Biondi, chroniqueur et essayiste français dans une interview accordée au blog overblog (http://memoire-et-societe.over-blog.com/2014/06/de-l-impopularite-des-jo...). Et le spécialiste de déceler trois ordres :
‘’- ce sont des manipulateurs à la disposition du gouvernement et de l'argent. Leur parole n'est pas fiable.
- dépourvus de scrupules, ils privilégient l'effet politico-médiatique au détriment de l'information qu'ils amplifient ou réduisent pour plaire ou obéir.
- la catégorie dite des éditocrates s’arroge une importance dont on discerne mal la justification, sinon de laisser croire à leur hypothétique influence.’’
En France, l’homme politique Jean-Pierre Mélenchon a des médias une si piètre opinion qu’il avait dû, pendant la campagne électorale pour l’élection présidentielle à laquelle il fut candidat, créer sa chaîne Youtube.
A mon avis, le journalisme compris comme profession avec son éthique, sa déontologie, ses idéaux, ses héros, ses grands noms et ses martyrs a quelque chose de plus sympathique, de plus mythique que les médias qui, malgré d’être les supports et les espaces de l’exercice de cette profession que ses pratiquants perçoivent comme ‘’noble’’ (je me demande toujours ‘’noble par rapport à et en quoi ?’’) n’en sont pas moins porteurs du meilleur comme du pire. Et ces deux extrêmes sont dus aux professionnels des médias.
Mais, en suivant un autre chroniqueur français, Jean-Claude Guillebaud, on comprend que journalisme et médias doivent renvoyer dos-à-dos, puisqu’ils semblent être les deux faces d’une même médaille. ‘’Le journalisme est un métier qu’il faut détester un peu pour mieux le pratiquer’’, estime Guillebaud. Qu’est-ce à dire que le journalisme est, lui aussi, porteur de dérives, de tares et de tentations de toutes sortes que seuls savent éviter et refuser ceux qui ont une haute idée, non pas d’eux-mêmes (cela peut être louable aussi), mais de leur profession. Mais c’est cette tempérance devant les plaisirs et les tentations qu’il est difficile à certains – et ils sont nombreux – d’observer avec opiniâtreté.
Alors, y a-t-il un meilleur et un pire entre une profession et ses cadres d’expression ? Possible ; la profession représentant l’idéal et l’orthodoxie auxquels les pratiquants doivent se conformer, s’efforcer de suivre. Et la droiture des pratiquants va influer les médias eux-mêmes pour donner à ces derniers la crédibilité et l’estime qui semblent leur faire défaut, quel que soit le pays. En effet, il n’y a pas qu’en France où les médias sont des secteurs les plus impopulaires ; le chef de l’Etat américain Donald Trump est un détracteur indécrottable des médias. Ici au Sénégal, ‘’wax u surnaalist la’’ (c’est une parole de journaliste) suggère une suspicion que tout usager doit avoir des informations diffusées par le journaliste.
Et pour ne rien arranger, voilà que les réseaux sociaux font irruption, disputant au journalisme classique la prérogative et même la légitimité de la diffusion du traitement de l’information. Et l’opinion d’être encore plus circonspecte devant l’information d’où qu’elle vienne. Certes, diffuser une information est devenu plus facile, plus souple, mais le journalisme a cette particularité de se pratiquer selon des canons éthiques et professionnels auxquels bien des journalistes dits ‘’citoyens’’ ne se conforment pas, ne revendiquent pas comme étant leur principe fondateur. Et la différence restera toujours au point-là.
Jean Meïssa DIOP