Publié le 5 Jul 2022 - 17:47
BASKET - LIBASSE FAYE SUR LE JEU DES LIONS

“Apporter plus d’options dans les schémas de jeu’’

 

À la suite de la 3e fenêtre des éliminatoires de la Coupe du monde de basket, l’heure est au bilan de la prestation des Lions. Selon le coach de l’équipe de Dbaloc, Libasse Faye, qui a constaté le manque de variation dans les schémas de jeu, le coach devrait revoir sa copie pour éviter de revivre les mêmes déboires qu’à Alexandrie (deux défaites et une victoire).

 

Les Lions du basket sont repartis d’Alexandrie avec la queue entre les jambes. Arrivés en Égypte en tant que leaders de la poule D (7 pts), Youssou Ndoye et sa bande n’ont pas su conserver leur première place. Les hommes de Boniface Ndong ont été lamentables, lors de leurs deux premières sorties. Face à l’équipe du pays hôte, les Sénégalais ont joué petit bras, incapables de rivaliser contre les Pharaons, qui les ont balayés 76-43, 33 points d’écart.

L’équipe n’a pas su se relever de cette lourde chute. Le lendemain, les joueurs sénégalais ont reproduit la même piètre prestation face à la RD Congo (60-72). Mal embarqués dans le tournoi, Gorgui Sy Dieng et ses coéquipiers sont allés chercher dans leurs entrailles ce qui leur restait de leur fierté pour obtenir leur seule et unique victoire face à une modeste équipe du Kenya (86-54). Ce succès leur a permis de se classer à la 3e place derrière l’Égypte (12 pts) et la RDC (2e, 10 pts) et de pouvoir poursuivre l’aventure pour la qualification à la Coupe du monde 2023.

Un résultat jugé ‘’très insuffisant’’ par le coach de l’équipe féminine de Dbaloc. ‘’Prendre deux défaites contre des équipes comme l'Égypte et la RD Congo, ce n'est pas digne de notre rang dans le basket africain’’, a regretté Libasse Faye. Même le sélectionneur national a reconnu les lacunes de son équipe. ‘’Le Sénégal est un pays de basket et nous produisons tout simplement du mauvais basket actuellement. Le basket est un sport majeur au Sénégal, mais les autres pays progressent et tout le monde a de la fierté. Tant que nous ne jouerons pas avec la même fierté que les sélections sénégalaises qui nous ont précédés, nous allons continuer à perdre. Plus personne n’a peur de nous’’, a déclaré Boniface Ndong à l’issue de la 2e défaite contre les Congolais.

Manque de ‘’variation’’ dans le jeu

Dans son analyse, l’ancien coach de l’US Ouakam a relevé des manquements. Le premier est relatif au temps de préparation de l’équipe qui est ‘’trop court’’. ‘’Cela se répercute inévitablement sur le jeu. Il n’y avait pas d'automatismes dans le jeu et l’on ne sentait pas que c'est une équipe qui jouait.  On voyait plutôt des joueurs qui essayaient d'étaler leur talent pour faire la différence’’, a noté le technicien.

L’autre défaut, qui est non moins important, est relatif au plan de jeu mis en place par le staff technique et qui n’a pas varié depuis quelque temps. ‘’Il faudrait apporter plus d'options dans les schémas de jeu, les changer. Les structures offensives que j’ai vues, c’est celles qu'on a l’habitude de jouer depuis que Boniface est là. Il faut qu’on essaie de varier les choses. Même si l’on peut les garder, qu’on apporte d'autres options pour tromper la vigilance des autres équipes’’, a indiqué coach Libasse.

L’entraineur a rappelé qu’autant le Sénégal squatte les autres équipes, autant celles-ci le font sur sa façon de jouer. Donc, a expliqué le coach de la formation de Derklé, à force de ‘’garder des structures de jeu pendant deux ans ou plus’’, les adversaires finissent par contrecarrer les plans de l’équipe. ‘’C’est ce qui explique les fautes offensives que les meneurs ont eu à faire.  Le gars il sait où vous allez et il vous attend là-bas. Quand vous arrivez, vous voulez passer par force’’.

‘’Gorgui a besoin de support’’

Durant le tournoi d’Alexandrie, le jeu des Lions a été marqué par une certaine Gorgui Sy Dieng-dépendance. Ses coéquipiers cherchaient à tout prix à lui donner la balle. Mais leurs passes étaient tout le temps interceptées. ‘’J’ai entendu dire que  c'était une option de l'entraîneur. Aux États-Unis, les entraineurs font ça. Il y a une option première, c'est  Gorgui Sy Dieng, donnez-lui le ballon.  C'est à lui de jouer. C'est le même type de coaching qu'on nous a apporté’’, a confié Libasse Faye. Mais celui-ci rappelle que les réalités du basket africain sont différentes de celles aux USA. ‘’On ne peut pas transposer ici ce que les gens font là-bas’’. 

Par ailleurs, coach Libasse n’est pas en phase avec le rôle que le sélectionneur veut imposer au pivot des Hawks d’Atlanta. ‘’Il a besoin de support, d’un bon joueur. S'il doit être la personne à qui l’on doit donner le ballon, ce n'est pas son rôle. Si on avait un autre leader, vous allez voir, il va tirer, prendre des rebonds’’. De même, il a exprimé son étonnement du fait que Babacar Touré n’ait pas été aligné. ‘’C’est l’un de nos meilleurs joueurs intérieurs.  Ce qu'il sait faire, il n'y a aucun de nos joueurs qui sait le faire. Je le vois faire des gestes techniques à l'intérieur. Je ne sais pas pourquoi il n'a pas joué. Peut-être que quelque chose s'est passé, mais c'est incompréhensible’’.

‘’Préparer très tôt’’ le prochain tour

En concédant autant de défaites, le Sénégal se complique la tâche pour la suite des éliminatoires de la Coupe du monde. Les Lions n’auront plus droit à l’erreur. Face à des adversaires comme le Soudan du Sud, la Tunisie et le Cameroun, ils devront relever leur niveau de jeu. Néanmoins, Libasse Faye reste optimiste.

Pour cela, le coach de Dbaloc estime qu’il faudra plus de temps de préparation à l’équipe pour permettre aux joueurs d’avoir plus de ‘’complicité’’. ‘’Si on se prépare bien et qu'on amène nos meilleurs éléments, c'est possible. Je ne pense pas que ce sont ces équipes-là qui peuvent nous battre’’.

Le technicien a aussi insisté sur l’importance du meneur. ‘’Il nous faut un meneur de type Klevin Hanane, explosif. Cela règle le problème. Vous allez dans n'importe quelle équipe, le meneur est l'élément tournant. Quand le jeu est calé, le meneur peut décanter les choses.  On l'avait avec Klevin Hanane, après on a essayé avec Henri Pereira, mais ça n'a pas marché. C'est des choses qui arrivent. Quand j'ai regardé Henri jouer à Bascogna, c'était un meneur intenable.  Je ne l'ai pas reconnu quand il est venu au Sénégal’’.

LOUIS GEORGES DIATTA

Section: