Publié le 6 Apr 2013 - 09:38
COHABITATION DIFFICILE ENTRE UN BAR ET UNE MOSQUÉE

 Yeumbeul-Diamalaye au bord de l'implosion

 

Le feu couve dans le populeux quartier de Yeumbeul-Diamalaye. A l’origine, l’implantation d’un bar à laquelle s’oppose une partie de la population qui menace d’utiliser la manière forte, s’il n’est pas fermé.

 

«Nous ne pouvons plus tolérer la situation. Si rien n’est fait, nous allons résoudre le problème à notre manière». Les propos de Gady Ngom, président du Collectif des habitants de Yeumbeul-Diamlaye donne une idée de la tension qui prévaut et qui est née de l’implantation d’un bar, à proximité de la mosquée dudit quartier. Réunie en assemblée générale le dimanche dernier dans le quartier, une frange de la population a exigé la fermeture de ce bar.

 

Imam Aliou Souré, leur porte-parole, expose les motifs : ''Depuis que le bar a été ouvert au mois de janvier, nous vivons une psychose permanente. Les fidèles n’osent plus venir prier à la moquée, de peur d’être agressés. De plus, le bar se trouve en face d’une école coranique et perturbe la quiétude des élèves''. L’imam Souaré dit avoir saisi les autorités administratives dans ce sens, mais ses initiatives sont restées vaines. ''Avant que le bar n’ouvre, explique-t-il, on est allé voir le sous-préfet de Pikine qui nous a assuré qu’il allait faire de son mieux. Mais, on s’est rendu compte que le bar a commencé ses activités. On est retourné voir le sous-préfet qui nous a mis en rapport avec le commissaire de Yeumbeul. Mais ce dernier nous dit qu’il ne pouvait rien faire, parce que le bar a reçu une autorisation''.

 

Loin d’abdiquer, imam Souaré et Cie ont initié une pétition pour faire faire adhérer le maximum de personnes à leur ''combat''. ''Nous avons obtenu 1 044 signataires de la pétition que nous avons remise au sous-préfet. Ce dernier nous a mis en rapport avec son adjoint qui ne nous a malheureusement pas rencontrés'', raconte l'imam. Ensuite, il a saisi le préfet de Pikine sur qui il plaçait tout son espoir. Mais l’espoir s'est vite s’envolé. ''Il nous a dit qu’il n’a reçu aucun rapport permettant au bar de fonctionner. Une semaine après, on est retourné vers lui, il a demandé de le téléphoner régulièrement, pour suivre l’évolution du dossier. Jusqu’à présent, rien n’a changé''.

 

Marre du ''dilatoire'' des autorités

 

Ce ''dilatoire'' a fini par révolter le collectif des jeunes dudit quartier qui est en conflit permanent avec les responsables du bar. Certains d’entre eux ont été convoqués, il y a quelques semaines à la Police, pour destruction de biens appartenant à autrui. Trouvé dans le bar par EnQuête, Mandiaye Béthia, gérant des lieux, n’en démord toujours pas. ''Regardez comment ils ont brisé le toit du bar. Ils ont attendu la nuit pour jeter des pierres sur l’ardoise. Comme pour prendre à témoin EnQuête, Mandiaye nous montre deux grosses pierres qu’il garde précieusement comme des pièces à conviction. ''Imaginez qu’elles tombent sur la tête de nos clients'', dit-il. Ces accusation sont rejetés par le président du collectif des jeunes. ''Nous n’avons fait qu’afficher un tract devant le bar, pour leur demander de quitter les lieux''. ''D’ailleurs, parmi les jeunes convoqués, certains n’étaient même pas là, ce jour-là. Ils ont finalement été libérés par la police'', précise-t-il.

 

C'est un ''acharnement''

 

En tout cas, le propriétaire du bar déclare ne pas céder à la pression, dans la mesure où il dit ''agir en toute légalité''. ''J’ai obtenu ma licence dûment signée par le préfet de Pikine'', dit le barman, en désignant du doigt une feuille accrochée au mur. ''Les services de la préfecture, des sapeurs-pompiers et des services d’hygiène sont tous venus inspecter les lieux. Ils ont dit qu’on remplissait les conditions et que nous pouvions ouvrir. Ils devraient plutôt s’en prendre au gouvernement''. EnQuête a bien pu vérifier l’authenticité de la licence dont le numéro est 00000273. Pour Monique Corréa, propriétaire de la maison abritant le bar en question, il s’agit d’un ''acharnement'', puisqu’un autre bar exerce à côté, depuis belle lurette sans que ''cela n’indigne personne''. À cela, Imam Souré répond : ''Ce bar dont elle parle est loin de notre mosquée et il ne nous cause aucun problème. Alors que son bar fait moins de 100 mètres''. Joint par téléphone, le préfet de Pikine, M. Mbodj, dit être saisi de ce différend et promet d’envoyer ses services pour enquêter. Sans autres explications.

 

DAOUDA GBAYA

 

 

 

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