Le jeune Amath Fall a été reconnu coupable de meurtre et condamné à 15 ans de travaux forcés.

«Le problème, c’est qu’Amath courtisait la fiancée de Moussa Sow», a témoigné hier Pape Ngom devant la cour d’assises de Saint-Louis, dans une histoire d’amour qui a très mal tourné. Car, Amath Fall a fini par poignarder son ami Moussa Sow. Il a été condamné hier à 15 ans de travaux forcés, malgré ses regrets. Alors que l’avocat général Saliou Mbaye avait requis 18  ans de travaux forcés. «Le meurtre, c’est l’homicide volontaire. L’assassinat est le meurtre commis avec préméditation ou guet-apens. Et dans cette affaire, la préméditation est établie.

Il (l’accusé) avait affirmé devant les enquêteurs qu’il voulait montrer à la victime qu’il n’est pas un poltron. Malgré son jeune âge, il a voulu faire sa fête à Moussa Sow et il a réussi sa mission», a-t-il dit. Mais la défense s’est évertuée à écarter l’assassinat. «La justice ne doit pas avoir un état d’âme», a laissé entendre  Me Barro. Pour lui, son client est toujours récupérable,  car c’est «un délinquant primaire». «Seule l’infraction de coups et blessures, a-t-il ajouté, devrait être retenue. Les circonstances dans lesquelles les faits se sont déroulés ne peuvent pas laisser penser à une préméditation. C’est à la suite des  menaces de feu Moussa Sow qu’il voulait se défendre.»

Les faits remontent au 4 mai 2014. Aux environs de 23 heures 30 minutes, les sapeurs-pompiers de Saint-Louis avaient informé le commissariat central de la ville de la découverte d’un corps sans vie au quartier de Pikine Tableau Walo. Sur les lieux, les enquêteurs ont découvert le corps sans vie de Moussa Sow  avec une blessure béante sur la poitrine. Les informations recueillies sur place  attribuaient le crime à Amath Fall, l’un de ses amis. L’accusé qui avait déjà pris la poudre d’escampette, sera cueilli plus tard. Interrogé,  il ne fera aucune résistance pour avouer les faits qui lui sont reprochés, avant de parler d’une affaire de jalousie qui l’opposait à son ami.

La mère de la victime réclame la peine de mort

Hier, l’émotion a été à son paroxysme lorsque la mère de la victime s’est présentée à la barre. «C’était mon unique fils. Il avait tout fait pour me satisfaire», a dit Fatimata Sow. Ensuite, interpellée sur les intérêts civils, elle a martelé : « Je veux sa mort ou la perpétuité. Je demande l’une des deux peines».  «Il était jeune, mais tout le quartier reconnaissait sa bravoure et son engagement à entretenir sa maman. Mon unique fils est parti. Je veux sa mort. Il m’a arraché le bien le plus précieux de ma vie. Le jour de sa mort, il avait même acheté du ciment pour continuer les travaux de la maison», a poursuivi la dame, les larmes aux yeux. Devant l’hystérie générale, les gendarmes ont dû évacuer une partie du public pour la poursuite du procès.

«Je sais ce que maman Fatima Sow a dans son cœur. Personne ne peut me parler de Moussa Sow, car il était un vrai ami.  Elle a perdu, mais moi aussi j’ai perdu un compagnon loyal. Je n’avais aucune intention de lui ôter la vie. Je présente mes excuses à maman Fatima que je considère désormais comme ma propre maman. Je demande à la cour de m’accorder une seconde chance », a rétorqué l’accusé. Amath Fall de poursuivre : «La vie est pleine de surprise. Je n’avais jamais pensé que j’allais tuer une personne dans ma vie.».

Finalement, la cour l’a reconnu coupable de meurtre et l’a  condamné à 15 ans de travaux forcés.

Fara Sylla (Saint-Louis)