Une trentaine de jeunes partis depuis la mi-ramadan introuvables

Le village de Taïba Niassène est sous le choc. Près de 40 jeunes sont partis à l’aventure, depuis le 14e jour du mois de ramadan, dans l’espoir d’atteindre les côtes canariennes. Mais ils sont encore sans nouvelles. Leurs familles, inquiètes, appellent au secours pour retrouver leurs progénitures.
Ce sont des parents inquiets, dont l’espoir s’amenuise de jour en jour, qui se sont rapprochés de l’ambassade du Sénégal à Nouakchott, dans l’espoir de retrouver la trace d’une trentaine de jeunes, majoritairement de Taïba Niassène, qui ont une pirogue pour rallier l’Espagne, il y a plusieurs semaines. Ces jeunes à la fleur de l’âge ont quitté les côtes de Mbour, depuis la mi-ramadan dernière.
‘’Nous avons tout fait pour avoir des nouvelles, sans succès. Nos familles se sont rapprochées de la mairie de Mbour et des autres services compétents pour s’enquérir de leur sort’’, déclare Mme Guèye, femme de ménage à Nouakchott, encore dans l’émoi, le visage triste. Entre ses mains, elle tient les photos d’une quinzaine de jeunes de sa famille, entre frères et cousins, qui ont décidé de prendre le chemin de l’aventure.
L’ambassade du Sénégal à Nouakchott, après avoir enregistré ses déclarations ce mardi 17 juin, s’est lancée à la recherche d’informations les concernant. Pour l’heure, aucune nouvelle. Sont-ils encore en vie ? Ou morts ou disparus ? Des questions demeurent sans réponse pour le moment. Pendant ce temps, leurs familles cherchent désespérément à savoir où ils pourraient être, notamment s’ils ont échoué sur une terre ou un lieu inconnu. Mieux encore, ils espèrent presque qu’ils soient détenus dans un pays comme la Mauritanie ou le Maroc.
Depuis quelques années, la ville de Mbour est devenue tristement célèbre pour ces départs massifs et malheureux vers l’Europe via la Mauritanie ou le Maroc. Des réseaux de passeurs, invisibles ou complices des autorités en charge de la surveillance maritime, continuent de sévir dans la ville de Mbour et le long de la Petite Côte.
Plus de 88 réseaux de migrations clandestins démantelés durant le premier semestre de 2025
En Mauritanie, de nombreuses maisons louées par des bandes de trafiquants pour y loger des candidats à l’émigration ont été découvertes par la police. D’ailleurs, le ministre mauritanien de l’Intérieur a révélé, lors d’une sortie médiatique, que plus de 88 réseaux de migrations clandestins ont été découverts dans le pays durant le premier semestre de 2025, dont 13 réseaux de passeurs ont été démantelés par la gendarmerie.
En outre, il a ajouté que 80 suspects ont été arrêtés à Nouakchott et 39 à Nouadhibou, tous en provenance d’Afrique centrale, du Mali, de Guinée, de Côte d’Ivoire, de Mauritanie, du Sénégal, du Bangladesh et d’autres pays.
Alors que l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) fait état de 12 400 personnes ayant traversé ou tenté de migrer vers l’Europe entre janvier et mars 2025 via la Mauritanie, des enquêtes menées ont également révélé que plus de 80 % des embarcations de fortune seraient parties ou ont transité par la Mauritanie. Cela témoigne de l’ampleur des tentatives de traversée de l’Atlantique ou de la Méditerranée.
Aujourd’hui, nos jeunes Africains, du Sénégal en particulier, ne lésinent pas sur les moyens pour atteindre l’Europe à travers les côtes espagnoles, parfois arrivant sains et saufs ou engloutis par la mer.
Les familles de ces jeunes lancent l’alerte et appellent l’État du Sénégal à la rescousse.
Ibou Badiane, correspondant en Mauritanie