Publié le 18 Jun 2019 - 22:34
CRITIQUE MUSICALE - FADEL LO, JOURNALISTE CULTUREL

La formation, un problème crucial 

 

La critique musicale était au centre des débats, lors de la 2e session mensuelle du Salon journalistique initié par le Goethe Institut, sous la houlette du journaliste et animateur musical Michael Soumah. L’artiste Vieux Mac Faye l’a animée aux côtés du journaliste culturel et auteur du livre ‘’Paroles de Thione Ballago Seck, poète inspiré et prolifique’’.

 

‘’Beaucoup de nos instrumentistes sont formés sur le  tas, à plus forte raison les journalistes. Ils ne savent pas lire la portée pour la plupart et donc dans l’impossibilité manifeste  de bien appréhender une œuvre musicale. C’est certainement pour cette raison que l’on voit rarement un journaliste sénégalais faire une critique approfondie d’une œuvre musicale sortie sur le marché’’. Ainsi, analyse le journaliste culturel, Fadel Lô, le travail de ses confrères dans le domaine musical. Il était l’un des invités de la 2e session du Salon journalistique initié par le Goethe institut et le journaliste et animateur musical Michael Soumah. Il était invité à parler de la critique musicale.

Pour lui, les journalistes n’en font pas, parce qu’ils n’ont pas été formés à cet effet. ‘’Dans les écoles de journalisme, on forme les apprenants à juste être des journalistes. Comprenez donc qu’il n’y a pas de spécialisation’’, a expliqué Fadel Lô. Et si, aujourd’hui, il y a au Sénégal une association des journalistes culturels du Sénégal, une association des critiques de cinéma du Sénégal, il n’y en pas une qui réunit des critiques musicaux. Ce qui ne va pas sans conséquence. ‘’Cette tare n’est  pas du tout profitable au rayonnement  de notre musique. Cela se ressent par la prolifération d’œuvres  que personne ne critique. Il existe un laissez aller manifeste dans le milieu et tout le  monde peut devenir musicien et les critiques se font rares, pour ne  pas dire inexistantes, car celles qui existent ne sont pas  outillées. Cela se ressent, car il s’agit d’une  chaîne et notre musique, qui est assez spécifique, peine et tarde à exploser au niveau international’’, regrette-t-il.

Il reste  tout de même optimiste. Car, dans l’écosystème de la presse, il y a encore des personnes capables de faire des productions de haute facture. ‘’Il y a des personnes comme Alioune Diop de la Rts et Michael Soumah, qui sont souvent interpellés pour livrer leur avis d’experts sur la bonne marche de notre musique. A force de travail et de sérieux, ils ont pu capitaliser une belle expérience qui est souvent mise à profit pour faire de belles critiques sur l'évolution et la bonne marche de la musique au Sénégal’’, soutient Fadel Lô.

Toutefois, il est d’avis que la tenue de rencontres comme celle organisée à travers ce salon journalistique par le Goethe Institut, pourrait contribuer à changer les choses et mieux outiller les journalistes culturels. On pourrait ainsi retourner aux belles années du journalisme culturel. ‘’A l’entame des années 1980, avec l’avènement de la presse privée et un peu avec celui du magazine spécialisé en culture et sport ‘Zone 2’, quelques journalistes ont essayé, tant bien que mal, de s’adonner à une critique des œuvres musicales parues sur le marché. Un des pionniers dans ce domaine est sans conteste Cheikh Ba du magazine hebdomadaire ‘Zone 2’. Avec une plume souvent acerbe et sans complaisance, il se plaisait à lister les lacunes de productions musicales qui sortaient à l’époque sur des cassettes souvent à la qualité sonore loin d’être satisfaisante.  A sa suite, il y a eu des journalistes culturels comme Modou Mamoune Faye du ‘Soleil’, Ibrahima Ndoye qui officiait à l’époque au ‘Témoin’, Alassane Cissé au quotidien ‘Sud’ et Demba Silèye Ba au quotidien ‘Walfadjri’’’, se rappelle le panéliste du jour.

Artistes réfractaires à la critique

‘’Plus tard, des journalistes, comme Jo Ousmane Fall pour le quotidien ‘Infos 7’ et le Dr Ibrahima Wone, ont aussi beaucoup écrit sur la musique, de manière générale. Cependant, force est de constater qu’au vu de la rareté de l’exercice, les artistes visés prenaient souvent la mouche contre ces critiques. Alors, ils faisaient tout pour se rapprocher des journalistes et animateurs de l’époque. Ils n’étaient pas rare de voir un Youssou Ndour  voyager en Europe avec un journaliste comme Modou Mamoune Faye ; Alassane Cissé en faisait autant  avec Ismaël Lo et  Pape Sedikh Mbodj était souvent en tournée avec Thione Seck.

Feu Ahmadou Ba a souvent servi de maître de cérémonie pour les grandes soirées de gala pour des orchestres comme le Star Band Number One, le Super Etoile ou encore Baba Maal. Ousmane Noël Mbaye du ‘Soleil’ a longtemps cheminé avec le Pbs et surtout Baba Maal. Les animateurs ne sont pas en reste, car Dj Boubs a longtemps voyagé avec Youssou Ndour et, avant son départ du groupe, il a présenté tous les Grands bals de Bercy initiés par la star du Mbalakh. Avant lui, Abdel Kader Diokhané a beaucoup accompagné Thione Seck et Ahmadou en a fait autant avec Baba Maal’’.

Des rapprochements qui ont fini par diluer les critiques. Aussi, dans un environnement où les artistes sont réfractaires à la critique, il est difficile d’en faire.

Aujourd’hui, ce qui rend l’exercice difficile, c’est non seulement le rapprochement des uns et des autres, mais également le fait que certains médias soutiennent ouvertement des artistes.

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