Publié le 27 May 2025 - 18:41
ESCROQUERIE AUTOUR D’UN STOCK DE DATTES

Mbaye Diaw condamné à payer 12 millions de francs CFA au plaignant

 

Il se présentait comme l’un des meilleurs vendeurs du marché, au point de se vanter de fournir ses dattes à l’ancienne première dame Marième Faye Sall et à quelques ministres. Mais hier, ce n’est ni un trophée ni un contrat qu’est venu chercher Mbaye Diaw. C’est une condamnation qu’il a récoltée et près de 50 millions de francs CFA réclamés en guise de dédommagement.

 

L’affaire prend racine dans un accord de vente passé entre le prévenu, installé au marché, et Serigne Bassirou Diop, un Sénégalais établi en France. Ce dernier lui a confié, selon la partie civile, 2 576 cartons de dattes à écouler sur le marché local. Le contrat était oral, mais les attentes étaient claires. Il devait vendre vite et rendre compte. ‘’C’était un dépôt-vente. On m’a proposé plusieurs prix, d’abord 5 000 F, ensuite 4 500 F et on s’est finalement entendus sur 3 000 F le carton’’, explique Mbaye Diaw à la barre. Sauf qu’au moment du bilan, le compte n’y est pas.

Selon ses propres chiffres, 1 226 cartons auraient été vendus, ce qui correspond à 3,6 millions de francs CFA. Pourtant, il n’a reversé que 1,8 million. Le reste,  il dit ne pas l’avoir encaissé. Il tente de justifier : ‘’Les dattes étaient infestées d’insectes. J’ai même fait constater l’avarie par un huissier. Je voulais restituer les invendus, mais Serigne Bassirou était déjà rentré en France.’’

Mais la partie civile sert une autre version des faits. ‘’Ce n’est pas un dépôt-vente. Mon frère a contracté un prêt en France pour cette cargaison. Il bossait sous la neige, c’est comme ça qu’il a acheté ces dattes. Et lui, il n’en a fait qu’à sa tête’’, lâche la sœur du plaignant. Selon elle, il reste encore 1 350 cartons sans explication. Elle dit avoir tenté la médiation, en vain. ‘’Il m’a envoyée promener. Et après il raconte qu’il vendait pour Marième Faye Sall’’, raconte-t-elle.

Le témoignage d’Aliou Ba, collaborateur de Serigne Bassirou Diop, vient enfoncer le clou. ‘’On avait convenu d’un prix à 5 000 F CFA. Les dattes étaient en bon état. Il avait promis de tout écouler rapidement’’, dit-il.

En pleine audience, un audio dans lequel Mbaye Diaw s’engage à rembourser est même diffusé.

Du côté de la défense, Me Fara Gomis évoque un simple litige commercial. ‘’Il a reversé ce qu’il a pu. Ce n’est ni de l’escroquerie ni de l’abus de confiance. On parle d’invendus, de marchandises qui ont pourri. Rien de pénal’’. Selon lui, les 50 millions réclamés relèvent du fantasme. Il propose un dédommagement ‘’plus réaliste’’ de 5 millions F CFA.

Mais Me Barro, pour la partie civile, ne décolère pas. ‘’Il essaie de se faire passer pour la victime. Mais les faits parlent d’eux-mêmes. S’il n’y a pas escroquerie, il y a au moins abus de confiance’’, souligne l’avocat.

Le parquet a requis l’application de la loi. En fin de compte, le tribunal a relaxé Mbaye Diaw du chef d’escroquerie, mais l’a reconnu coupable d’abus de confiance. Il écope d’une condamnation à payer 12 millions de francs CFA à la partie civile. Il échappe à une peine de prison.

MAGUETTE NDAO

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