Marième S. Sow condamnée à un an de prison, dont quatre mois ferme

Ils étaient nombreux à la barre à raconter leur mésaventure. Tous avaient un point commun : une confiance trahie. Ils espéraient tous obtenir un visa pour l’espace Schengen, grâce à Marième Soda Sow. Après avoir déboursé des sommes colossales, ils ont dû se résigner, car étant convaincus qu’ils ne fouleront pas le sol européen. L’affaire a été jugée devant la barre du tribunal des flagrants délits de Dakar.
Marième Soda Sow, née en 1984, comparaissait pour escroquerie à la barre du tribunal des flagrants délits de Dakar. D’un ton presque résigné, elle a reconnu les faits d’escroquerie qui lui sont reprochés. Selon elle, c’est un ancien voisin vivant en Belgique qui l’aurait introduite dans ce ‘’business’’ de groupage pour l’obtention de visas. ‘’Grâce à lui, deux personnes sont parties’’, a-t-elle tenté de justifier. L’argent, notamment celui de Khadim, aurait été remis à un certain Philippe, un Belge dont elle dit n’avoir plus de nouvelles depuis le 11 février, après lui avoir confié 18 millions de francs CFA.
La prévenue a expliqué aussi avoir été conseillée de faire croire qu’elle travaillait à l’ambassade, histoire de rassurer ses ‘’clients’’. Plusieurs parties civiles ont confirmé avoir effectivement cru à cette version, certaines ayant même rencontré Philippe.
À l’audience, l’une d’entre elles, Siga, visiblement hors d’elle, a tenté de s’en prendre physiquement à Marième Soda, foulard solidement attaché, prête à en découdre. Cheikh Tidiane Fall, lui aussi à la barre, s’est trouvé dans une position particulière. Il est à la fois prévenu et partie civile. ‘’Je n’ai reçu que 5 millions F CFA’’, a-t-il déclaré. C’est lui qui avait mis en relation Khadim et Marième Soda. Il admet avoir joué l’intermédiaire lors du premier versement et affirme avoir remboursé l’argent à Khadim.
D’autres victimes ont défilé. Mamadou Mactar Ouattara a raconté avoir été mis en relation avec Marième Soda par un tiers. Convaincu qu’elle travaillait à l’ambassade, il lui a remis de l’argent avec l’espoir d’obtenir un visa dans un délai d’un mois. Il réclame aujourd’hui trois millions de francs CFA.
Fama Ba, elle, a expliqué que c’est par Siga qu’elle a connu Marième Soda. Elle espérait obtenir des visas pour elle et ses enfants. Mais à chaque fois que la date du rendez-vous approchait, la dame devenait injoignable. Elle a réclamé 1,3 million de francs CFA et la restitution des passeports de ses enfants. Renée Pierre Siga Sarr a confié à la barre avoir remis près de sept millions de francs CFA pour des visas vers le Canada et la Belgique, sans succès. Elle a demandé presque l’intégralité de cette somme ainsi que les passeports de ses enfants. Même scénario pour Djiby Nar Sarr qui, après avoir versé 1,4 million F CFA, n’a obtenu qu’un remboursement partiel de 900 000 F CFA de la part du mari de Marième Soda, qui s’est engagé à restituer le reste.
Le parquet a requis la relaxe pour Cheikh Tidiane Fall, estimant qu’il n’avait pas agi en toute connaissance de cause. En revanche, il a demandé deux ans de prison ferme pour Marième Soda Sow, parlant d’une ‘’escroquerie classique aux visas’’ basée sur de fausses fonctions à l’ambassade.
Maitre Diallo, avocat de Marième Soda, a plaidé la clémence en insistant sur la situation personnelle de sa cliente, mère d’un enfant de bas âge et souffrant d’épilepsie. Il a rappelé que son mari avait commencé à indemniser les victimes.
À l’issue des débats, le tribunal a renvoyé Cheikh Tidiane Fall des fins de la poursuite. Marième Soda, elle, a été condamnée à un an de prison, dont quatre mois ferme, avec obligation de rembourser plus de onze millions de francs CFA à Fall et trois millions à Ouattara, entre autres parties civiles. Le tribunal a également ordonné la restitution des passeports aux victimes.
MAGUETTE NDAO