Publié le 20 Oct 2015 - 19:27
FARAMINEUSES REVELATIONS D’UNE ANCIENNE DETENUE

‘’Hissein Habré a abusé de moi à quatre (4) reprises’’ 

Image d’archives de Hissein Habré 

 

 

Hier, c’était la première fois, devant la barre des Chambres africaines extraordinaires, qu’un témoin parlait de tortures d’ingurgitation et de viol. Hadija Hassane Zidane a livré un témoignage poignant et horrible devant une assistance qui en est restée bouche bée.

 

‘’J’ai connu beaucoup d’atrocités.’’ Lorsqu’elle a prononcé hier ces propos, on était loin d’imaginer les horreurs qui allaient suivre. Même lorsque dans le même mouvement Hadija Hassane Zidane a ajouté : ‘’Je ne sais pas si je suis une femme mariée avec laquelle on passe des nuits. Je ne sais pas si je suis une pute avec laquelle on passe toutes les nuits. Je suis actuellement tourmentée.’’ D’ailleurs, pour illustrer ses propos, elle a montré devant le tribunal quelques séquelles qu’elle a tirées dans sa malheureuse expérience. Elle n’a pas eu le loisir d’en montrer plus, le président lui a demandé de garder les autres stigmates pour un constat à huis clos.

Ensuite, le juge Gustave Kam l’a invitée à revenir sur les tortures qu’elle a subies. Avec l’aide de l’interprète, elle a confié : ‘’Un tuyau était mis dans ma bouche et on y mettait beaucoup d’eau, cela pendant trois jours’’. La victime a aussi appris avoir fait trois mois et 15 jours à la présidence. ‘’J’ai été violée. Je suis une femme qui a pris de l’âge. Il y a des choses que je ne peux pas dire’’. Mais la Chambre lui a fait comprendre qu’elle a besoin des détails, pour pouvoir rendre une décision claire. ‘’Ils ont couché avec moi. Après l’ingurgitation, on venait nous prendre les nuits et sans notre consentement, ils couchaient avec nous’’. A la question : qui étaient ces gens ? Hadija Zidane a rétorqué qu’il s’agissait ‘’des agents et du président’’. ‘’A la présidence, lors de ma première arrestation, le président Habré a couché avec moi à 4 reprises.’’ Toutes ces fois, le président tchadien, a-t-elle dit, l’a violée dans le salon.

Ensuite, elle a été transférée à la Piscine. Là, elle a subi les assauts de Mouhamat Djibril alias El Jonto dont le nom revient comme un leitmotiv dans les déclarations des témoins. La première fois, le gars l’a torturée et elle a perdu connaissance. Une fois revenue à elle, elle s’est rendu compte qu’elle avait été violée. La troisième fois, il l’a menacée avec un revolver, avant de coucher avec elle. 

‘’On nous violait, on couchait avec nous, durant un an’’                                  

Son tort est d’avoir été dans le palais présidentiel lorsque des Libyens, qui y étaient retenus prisonniers, ont pris la fuite. Elle avait été désignée pour leur apporter à manger. Quand les hommes de Habré sont revenus d’une conférence et n’ont pas trouvé les Libyens, elle a été aussitôt arrêtée. Hadija a été libérée, après trois mois 15 jours, avant d’être de nouveau arrêtée. Cette fois-ci, elle a été incarcérée au commissariat central où elle a passé un autre trimestre. C’est après ce délai qu’elle a été conduite à la Piscine où elle a révélé : ’On nous a violées, pendant un an’’. Ensuite, ‘’on nous a amenées à N’Djaména’’. Là, on les a fait jurer sur le Coran et promettre qu’elles n’avaient rien vu, rien entendu.

Elles ont été libérées après trois ans, trois mois et 15 jours. Mais, elle n’était pas au bout de ses peines. ‘’Ma mère a été arrêtée, électrocutée, torturée, pendant un an. Pourtant, a-t-elle ajouté, la pauvre était seulement venue chercher sa fille (elle), avec des pleurs’’. Sa petite sœur de 18 ans à l’époque, qui ne voulait pas que leur maman parte sans elle, a aussi été arrêtée. Elle a passé 4 jours en prison. Son oncle, le frère de sa mère, du nom d’El hadj Hamad, un commerçant de friperie, a subi le même sort, pour avoir trouvé sur lui une somme d’argent qui lui était confiée. ‘’M. le président, les arrestations existent partout dans le monde. Mais, comment un gouvernement peut-il arrêter une personne et lui faire du mal ? Celui qui est là (Hissein Habré) ne m’a pas épargnée. Ses agents non plus. J’ai fait un an à la DDS et j’ai connu beaucoup de souffrances’’, s’est-elle lamentée.

‘’Hissein Habré m’a poignardée entre les jambes avec un stylo’’

A ce stade de son témoignage, le procureur a pris la parole pour dire à la victime : ‘’Les gens ont du mal à croire comment un président peut faire de tels actes. Il faut dire les moments et les circonstances, pour que tout le monde comprenne.’’  La dame a répondu d’un ton désespéré : ‘’Je suis une vieille femme. C’est seulement ici que je peux dire ces choses. En tant que femme, c’est une honte pour moi, une humiliation devant mes parents et mes beaux-frères.’’  ‘’D’accord, on comprend’’, a laissé tombé le procureur. Mais le parquet n’a pas lâché l’affaire, désirant savoir si les propos contenus dans le PV, selon lesquels Hissein Habré l’a violentée, sont vrais. ‘’Lors de la troisième séance de torture, devant mon refus, Hissein Habré m’a poignardée au sexe avec un stylo. J’avais dit dans le PV que je ne parlerais que devant le juge, c’est pourquoi je n’ai pas poursuivi l’interrogatoire à l’enquête. Toutes les trois fois où on m’a torturée, Hissein Habré était présent. Il me disait : dis-nous qui a permis aux Libyens de s’évader et tu seras libérée.’’

‘’Une belle femme est une tentation’’

Ensuite, le procureur lui a fait remarquer que des témoins ont dit qu’elle était très belle, à l’époque. Là, elle a déridé la salle, en soutenant : ‘’C’est la cause de ce qui m’est arrivé. Une belle femme est une tentation.’’ Interpellée sur les séquelles qu’elle garde de ses tortures, la dame a insisté pour les montrer à l’assistance. ‘’Il faut que vous voyiez de vos propres yeux. Je suis venue jusque-là et vous n’allez pas voir mes cicatrices ? Cela n’a aucun sens. Envoyez quelqu’un pour voir au moins, si vous ne pouvez. C’est ce qui pourra justifier ce que je dis’’, a fulminé la vieille dame.

‘’Je suis prête à me déshabiller tout de suite’’

Le parquet a alors demandé une constatation à huis clos pour confirmer les cicatrices dont elle parle. Une proposition que la défense a dit accepter, tout en précisant que cette vérification va supposer un examen médical pour déterminer ‘’la fameuse séquelle sur sa partie intime’’. Là, la victime a demandé à l’interprète de lui rapporter ce que venaient de dire les avocats de Habré. Ayant été mise au courant, elle a violemment réagi. ‘’Je suis prête à me déshabiller, tout de suite, si vous voulez’’, a-t-elle lancé. 

A la question de Me Jacqueline sur ses relations avec Habré, avant son arrestation, la victime a révélé à la Chambre qu’ils sont de la même ethnie et ont un grand père en commun. Même s’ils ne s’étaient jamais rencontrés auparavant. Toutefois, elle a déclaré face au juge : ‘’Mes fils, aujourd’hui la vie, demain l’au-delà. Et cette justice où nous sommes, c’est juste une justice de la vie d’ici. Il y a la vraie Justice dans l’au-delà qui nous attend.’’

Le frère du président Idriss Déby livre ses vérités

Bien avant la dame, Omar Déby, frère du Président Idriss Déby, par ailleurs Directeur général de la réserve stratégique, a témoigné sur l’affaire du 1er avril 1990. Elève à l’époque, âgé de 11 ans et habitant chez son grand-père, il se souvient de tout. ‘’Plus de 400 militaires armés avaient envahi notre maison. Ils ont tout fouillé. Vers 4 heures, on a escaladé le mur pour nous retrouver dans une maison occupée par des Tchadiens. On a fait deux jours chez le gardien et on est devenu des enfants de la rue. Pendant dix jours, on vadrouillait dans la rue. C’est après qu’on a décidé d’aller dans le village de notre mère’’, s’est-il remémoré. Mais ils ont été arrêtés et emprisonnés. Son grand frère, ex-ministre de Hissein Habré, a été arrêté et tué, de même que son cousin emprisonné à la DDS. ‘’Hissein Mohamed Itno a disparu. Abdourahmane Déby, Brahim Mouhamed Itno ont été arrêtés, avec cinq autres personnes. Jusqu’à présent on ne sait pas où ils se trouvent.’’ Il a confié qu’il y avait une véritable chasse à l’homme menée contre les Zaghawas.

‘’Idriss et Cie avaient quitté N’Djamena, parce que Hissein voulait les arrêter’’

Au moment de cette répression, a-t-il ajouté, son frère Idriss n’avait plus de fonction. Avec Assane Djamouss, ils avaient quitté N’Djamena, parce que Hissein voulait les arrêter. A la question pourquoi il n’a pas oublié les faits alors qu’il n’avait que 11 ans, le témoin a soutenu que c’était la première fois qu’il voyait une personne tuée. Cela est resté gravé dans sa mémoire. ‘’Cela m’a traumatisé. Auparavant, je ne pouvais pas dormir. Il suffisait juste que je ferme les yeux pour que la scène me revienne.’’ Mais Me Mounir Ballal, avocat de la défense, a remis en cause la crédibilité du frère d’Idriss Deby, se demandant comment ils ont pu escalader le mur, alors que, dit-on, la maison était encerclé par des militaires. ‘’Quelqu’un vous avait-il aidés ?’’  ‘’Personne ne nous a aidés, à part le gardien’’, a-t-il répondu.

Mais l’avocat est demeuré convaincu que le témoin n’a pas dit la vérité. ‘’400 ou 500 militaires qui encerclent une maison, je ne vois pas comment quatre enfants, seuls, arrivent à escalader. Vous avez utilisé une échelle ?’’ a-t-il poursuivi. ‘’On n’a pas utilisé une échelle. On grimpait les uns sur les autres. Le mur n’était pas très haut’’, a-t-il répondu.

Au finish, le Directeur général de la réserve stratégique a confié qu’il attend deux choses de la Justice : la première, rendre justice aux victimes ; la seconde, la tombe de ses frères. ‘’C’est Hissein qui les a tués. Je veux qu’il se lève et parle à la justice. Afin qu’on puisse trouver les tombes de mes frères et les enterrer, selon les règles islamiques. Les orphelins veulent connaître les tombes de leurs parents’’, a-t-il déclaré. 

AMINATA FAYE (STAGIAIRE)

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