Fausse solution a un vrai problème

Encore une décision de l’Agence de Régulation des Marchés (ARM) de suspendre, du 22 mai au 15 juin 2025, les ventes d’oignons et de pommes de terre des agrobusiness. Cette mesure peut soulèver cas même de vraies questions malgré qu'elle soit présentée comme une solution pour protéger les petits producteurs face à une supposée saturation du marché et à la chute des prix. La mesure en tant que telle, part peut-être d’une bonne intention, mais sur le terrain, elle cause problème.
Comme je l'ai toujours soutenu, et le constat est réel, aujourd'hui, ce dont les petits producteurs ont besoin en priorité, ce n’est pas qu’on bloque d’autres acteurs complémentaires du marché, mais qu’on leur donne les moyens concrets d’exister dans la chaîne de distribution. Le vrai problème est connu de tous et c'est le manque criard d’infrastructures de stockage et de logistique. Ces producteurs, souvent éloignés des centres urbains, ne disposent ni de camions, ni d’entrepôts réfrigérés, ni même d’espace pour conserver leurs produits plus de quelques jours. Ils sont donc contraints de brader ou de voir leurs récoltes pourrir, pendant que les coûts de transport et de manutention explosent.
Résultat : au lieu de gagner leur vie dignement, ils doivent accepter les conditions imposées par une chaîne intermédiaire qui gonfle les prix, au détriment des consommateurs eux-mêmes.
La suspension des agrobusiness n’allège en rien cette souffrance. Au contraire, elle prive le marché d’un acteur capable d’absorber les excédents, de stabiliser les prix et d'assurer la continuité de l’approvisionnement. Il aurait été plus intelligent de les associer à un plan d’urgence coordonné, au service d’un marché équilibré.
Il est vraiment temps de changer d’approche car ce que demandent ces producteurs, ce n’est pas un moratoire sur les ventes, mais un investissement rapide et ambitieux dans des magasins de stockage mutualisés, dans une logistique rurale accessible et dans des solutions de distribution locales. Ce sont ces leviers tant importants qui permettront aux petits producteurs de vendre à bon prix, de ne pas dépendre des intermédiaires, et d’approvisionner les marchés de façon régulière et compétitive.
Soutenir les petits producteurs ne peut pas se faire en coupant les autres. Cela doit passer par des solutions structurelles, inclusives et durables. L’urgence n’est pas dans l’interdiction, elle est plutôt dans l’action concrète pour leur permettre de tenir debout.
Et ce que beaucoup ne comprennent pas , ces agrobusiness disposent d'une flotte de véhicules de livraison hyper importantes et une fois privés de marché, ils jouent sur ma compense en louant à des prix très chers cette logistique indispensable aux petits producteurs pour acheminer leurs produits, c'est qui fait que inévitablement, le produit devient cher une fois à la disposition du consommateur final.
par Souleymane Jules SENE