Publié le 15 May 2014 - 20:20
FRANCE

Ségolène Royal provoque le premier couac de l’ère Valls

 

Manuel Valls n’a pas encore totalement finalisé le «logiciel anti-couac » dont il rêvait à son arrivée à Matignon. Une quarantaine de jours à peine après sa nomination, le nouveau gouvernement a connu ce mercredi son premier pataquès. Mais il n’a duré que quelques heures, l’exécutif s’appliquant – et parvenant – à éteindre l’incendie. Après avoir réglé ses comptes et pris le contre-pied d’Arnaud Montebourg sur le dossier Alstom, dans un entretien à « Paris Match » diffusé jeudi, Ségolène Royal a fait machine arrière et proclamé « l’amitié et la solidarité entre ministres». «Je ne me laisserai pas ni dégrader ni ballotter par des déclarations de presse, je suis au travail», a-t-elle assuré, appelant «à ne pas donner plus de place qu’il ne faut à des petites phrases».

 

«Le sujet est clos»

Entre temps, la ministre de l’Écologie et de l’Énergie a participé à huis clos, à l’Elysée, à une réunion sur la transition énergétique avec François Hollande, Manuel Valls et Arnaud Montebourg. A-t-on alors demandé à Ségolène Royal de corriger le tir ? Pas question, en tout cas, de le faire savoir, ce qui reviendrait à un rappel à l’ordre public. L’objectif était d’«apaiser». «Ce qui compte, c’est qu’elle se soit exprimée rapidement dans la ligne du gouvernement, explique une source gouvernementale, assurant : «Le sujet est clos».

Les confidences à l’hebdomadaire, dans laquelle elle avait toutefois pris soin de ne dire que du bien de François Hollande, avaient donné des sueurs froides au sommet de l’Etat, où l’embarras était manifeste. «Elle y va fort», notait-on. «Le silence vaudrait mieux», soulignait-on. La numéro trois du gouvernement dénonçait les «boules puantes», la «condescendance», le «mépris» de plusieurs de ses collègues, pas désignés nommément. «Personne ne m’a fait de cadeau.

Je suis à ce poste parce que je suis compétente. Peut-être même la plus compétente», s’enorgueillissait-elle, disant avoir, elle, de l’énergie «à revendre». Ségolène Royal épinglait aussi, sur l’écotaxe, la «position institutionnelle» de Michel Sapin, sceptique sur sa proposition de mettre à contribution les autoroutes.

«Si j’ai envie de dire autre chose que ce qui est convenu, je le dirai »

Mais le plus gênant, sur le plan politique, était ailleurs. Dans ses déclarations, Ségolène Royal s’en prenait surtout à Arnaud Montebourg , promoteur d’un rapprochement d’Alstom avec Siemens. «General Electric est une très bonne opportunité pour Alstom. C’est le meilleur projet industriel», affirmait la ministre. Et d’ajouter : « Pourquoi ne pas le dire ? Pourquoi vouloir systématiquement faire fuir les investissements étrangers ? Nous en avons bien besoin, pourtant».

Une critique au vitriol, qu’elle a aussitôt tempérée. Dans un tweet, elle a fait savoir que «le projet franco-allemand progresse bien». Puis elle a expliqué à la presse que «le gouvernement va regarder l’ensemble des propositions. «Je n’ai pas de préférence à ce stade», a-t-elle insisté. Interrogée sur ses tacles à l’égard de ses collègues du gouvernement, elle a dit ne pas se souvenir «d’avoir dit des choses comme ça, si ce n’est sur le ton de la plaisanterie».

Arnaud Montebourg silencieux

L’Élysée et Matignon peuvent se targuer d’avoir évité le pire. Ils n’ont pas laissé traîner l’affaire. Et personne n’a mis de l’huile sur le feu. Arnaud Montebourg, cette fois, est resté silencieux. «Elle a son style. Elle apporte des idées, une personnalité, une singularité», éludait un lieutenant de François Hollande. A l’Assemblée, l’après-midi, Ségolène Royal n’est pas non plus tombée dans le piège. Elle a pris soin de ne pas répondre à une pique de l’opposition et a même salué «les 34 plans de la nouvelle France industrielle qu’Arnaud Montebourg a présenté».

Pour François Hollande et Manuel Valls, c’est malgré tout un avertissement de taille. Ségolène Royal est «ingérable», juge-t-on dans la majorité. «Elle l’a toujours été», glisse un élu. Elle-même a prévenu : «  Ceux qui veulent me museler se trompent. Oui je parle. C’est ma liberté et je la garderai quoi qu’il arrive. Si j’ai envie de dire autre chose que ce qui est convenu, je le dirai».

Lesechos.fr

 

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