Publié le 12 Mar 2023 - 03:23
HAUSSE UNILATÉRALE DES TARIFS

Aftu défie l’Etat

 

L'augmentation des tarifs de l’AFTU est effective. Les dirigeants ont passé outre les menaces du Directeur du Cetud. Dans les bus, la journée a été houleuse. Certains clients, pris par surprise, ont très peu goûté cette hausse des prix des billets.

 

Le directeur général du Centre exécutif des transports urbains de Dakar (CETUD), Thierno Birahim Aw, a, à travers une note, mis en garde les responsables et membres du réseau de l’Aftu contre une hausse des tarifs. Il a même promis des sanctions contre les opérateurs qui persisteront dans cette modification unilatérale des tarifs. Mieux, dit-il, les sanctions peuvent aller jusqu’au retrait de leur autorisation de transport et leur exclusion du réseau conventionné de l’Association de Financement des Transports Urbains (Aftu).

Mais, il faut dire que cela n’ébranle pas les responsables des bus de transport en commun privé qui ont décidé d'augmenter les tarifs. Hier, premier jour de la hausse, la journée a été très longue et éprouvante pour les receveurs. Car, les usagers ont pris l’habitude de payer le même tarif, depuis des années.

En partance pour la VDN, une mère de famille dans la quarantaine a eu des échanges houleux avec une receveuse de la ligne 44. Comme à l'accoutumée, elle a remis 300 FCFA à la receveuse pour qu'elle lui vende un ticket. Cette dernière lui a répondu que le ticket est maintenant à 350 FCFA. "Comment ? Depuis quand ? Depuis plus de 5 ans, je prends cette même ligne et je paie chaque jour 300f", rétorque-t-elle.

Il faut souligner qu'elle n'a pas été la seule dans cet état, hier. Les mêmes scènes ont été notées sur les lignes 57, 86, 77 et 88. Car, nombre des usagers n’étaient pas au courant de la hausse des tarifs. "Je pense qu'avant d'augmenter les tarifs, il faut impérativement informer la population. J'ai déjà calculé mon transport aller et retour et je ne peux y rajouter un seul centime. Chaque jour, depuis plus de 5 ans, que je prends cette ligne, de Petit Mbao à la VDN. Je paie tous les jours 300 FCFA. Vous devez passer l'information à la télé, car tout le monde suit le journal", fulmine la dame, très remontée.

Elle embraye : "On ne respecte pas les clients, mais malheureusement, nous aussi, on ne se respecte pas, car s'ils augmentent le prix et que chacun de nous refuse de donner, ils vont arrêter. Mais, on accepte tout ce qu'ils nous imposent, sans réfléchir et c'est très dommage".

En effet, 50 FCFA ont été ajoutés pour chaque section. "Imaginez, tous les jours, tu paies le transport, ton mari la même chose, tes enfants. Ça te fera combien à la fin du mois ? Il faut que les gens se comprennent. On le sait tous, la majeure partie des Sénégalais ne parviennent même pas à manger trois repas par jour", fulmine-t-elle.

‘’Nous, les receveurs, souffrons le plus dans cette histoire’’

Toutefois, il faut également souligner que cette hausse n'arrange personne. "Je suis receveuse. Je travaille dans les bus, certes, mais, les clients doivent comprendre que cette augmentation nous impacte aussi. Car, même si on ne paie pas le transport, on a des parents, des frères et sœurs qui font des déplacements, tous les jours. Nous n'apprécions pas cette hausse, mais, on n'a pas le choix. Personnellement, j'ai de la peine pour les clients, car, je sais ce qu'ils endurent. On ne nous pas avisés. Ce mercredi matin, dès mon arrivée à notre terminus, on m'a donné une fiche et j'ai trouvé qu'ils ont augmenté de 50 f pour chaque section. Nous, les receveurs, souffrons le plus dans, cette histoire, car les clients pensent que nous sommes responsables alors qu'on y est pour rien. On ne fait qu'exécuter des ordres", fait savoir une receveuse de la ligne 44, préférant garder l'anonymat.

Les éclairages du président du GIE ‘’Dimbalanté’’

Même si les clients continuent de crier qu'ils n'ont pas été informés, le président du GIE "Dimbalanté", El Hadji Mouhamed Ndoye, soutient qu'ils ont bien communiqué, trois jours via les réseaux sociaux, avant la hausse des tarifs. Malgré cela, dit-il, il y aura toujours des gens qui vont dire qu'ils n'ont pas reçu l'information, c'est toujours comme ça. "On n'a pas communiqué via la télévision, parce qu'actuellement la communication la plus rapide est celle des réseaux sociaux. On suppose que tout le monde est sur les réseaux sociaux, jeunes comme vieux. On a également mis des affiches sur les bus, 4 jours avant l'application. Même aujourd'hui, si le client n'a pas compris, on essaie de lui expliquer, parce qu'il est roi et, sans lui, il n'y aura pas de bus", indique-t-il.

Ainsi, rappelle M. Ndoye, en 2008, il y a eu une augmentation tarifaire de 25%, mais, ils s’étaient rendus compte que les clients avaient un problème de monnaie et ils ont enlevé les 25f pour soulager les clients. En outre, explique M. Ndiaye, il faut souligner que l'augmentation des tarifs n'a rien à voir avec la hausse du carburant, comme le pensent beaucoup de Dakarois.

 "L'augmentation du prix du carburant n'est pas à l'origine de la hausse tarifaire. C'est juste une coïncidence. Car, c’est depuis 2020, pendant la pandémie de covid-19, qu’on avait pensé à augmenter les tarifs. De 2005 à 2023, on a maintenu les mêmes tarifications, alors que tout a augmenté. Le bus qui coûtait 25 millions est actuellement à 26 millions, le pneu qu'on achetait à 50 mille est aujourd’hui à 100 000 voire 110 000f et entre autres. Aftu fait partie de ceux qui œuvrent pour le social dans ce pays", clarifie le président du GIE "Dimbalanté".

‘’Dans la même veine, poursuit-il, on a entendu le directeur du CETUD parler, mais, n'empêche, on a augmenté les tarifs. Car, le jour où il a sorti son communiqué, on s'était assis autour d'une table, mais, on se n’est pas entendu’’.  

FATIMA ZAHRA DIALLO (STAGIAIRE)

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