Publié le 2 Jul 2013 - 02:00
INDEMNISATIONS

Les souvenirs sélectifs du Président de la République

 

Haut-Bas Ma (Métis afro-américain) est à peine parti, que nous descendons du tapis volant sur lequel nous étions pendant quarante huit heures. Deux jours durant, nous avons frôlé les cimes du septième ciel comme l’aurait dit Boris Vian, de la vraie altitude sans parachute, à plusieurs pieds du sol, en haut de l’affiche, surtout côté prestige diplomatique. Mais le temps qu’Air Force One décolle, voilà que nous replongeons illico vers le bas, dans nos réalités têtues : denrées de première nécessité, Senelec, habitations à loyers immodérés, carburant-vignette sans date de péremption…et les dénis de justice.

Je viens de prendre connaissance de la sélection des indemnisables du Président de la République qui a décidé de n’octroyer une indemnité forfaitaire qu’à huit personnes victimes du défunt régime. Nous saluons cette mesure, quoique tardive, mais qui, nous l’espérons, rentre dans l’optique de rupture que nous attendons tous de l’actuel Chef de l’Etat. La seule fausse note du chef d’orchestre, c’est la fin de la partition qui est jouée et non le début comme il est d’usage. Nous avons l’impression d’être arrivés sans escale au terminus où tout le monde descend, le chauffeur ayant sauté volontairement des arrêts intermédiaires en cours de chemin. Et dire que certains comme moi, ne sont nullement concernés par le bout du réseau.

Me concernant, je devais descendre bien avant et en amont de cette mesure toute fraîche, bénéficier de manière substantielle à titre de dommages et intérêts, ce que l’Etat me doit. Mon histoire est antérieure, coûteuse, douloureuse, fallacieuse et avec à la face du monde, les torts reconnus de l’Etat, puisque j’ai bénéficié d’un non-lieu. Il semble aujourd’hui indécent et même choquant que Macky Sall, qui hier, en tant que Premier ministre sous Wade, a appuyé sur le bouton qui m’a amené et d’autres en prison dans «les chantiers de Thiès», veuille oublier cette page d’histoire. Que notre cher Président, ait choisi d’archiver toute une souffrance et l’ensemble des préjudices subis pour aller vers ce qu’il croit, peut lui rapporter de la valeur ajoutée politique, en proposant cette indemnité sélective : pour « ceux qui sont tombés pour moi, moi Macky reconnaissant ». Si ce ne sont pas des souvenirs sélectifs du Chef de l’Etat, à quoi cela peut-il bien ressembler ?

Mais il est bon tout de même de rappeler à l’attention du Président de la République, l’injustice qu’il a subie sous Wade et qui a su fédérer, pas forcément des croyances idéologiques, mais toutes les émotions, comme dirait Senghor, autour de sa personne aux fins de réparer le martyr qu’il a vécu. Au nom de quoi ? D’un réflexe naturel, collectif contre l’injustice que nous peuple sénégalais abhorrons. Les discours sur les errements d’un Etat devraient faire partie intégrante des traits dominants du nouveau type de Sénégalais et l’un des fondamentaux de notre démocratie. Mais aujourd’hui plus qu’hier, le constat est le même, navrant et comme dirait l’autre c’est la politique qui est le carburant de notre pays.

«Au choix : Mackyste ou Mackysard?»

Président, avant d’en arriver à huit, vous avez sauté une kyrielle de victimes avant, sans compter d’autres, après. Il urge que ce pays que nous aimons tous de toutes nos fibres, ait une nouvelle orientation de la justice, du travail. Que l’on exalte la méritocratie, que l’on développe surtout l’humilité dans le contact, la modestie, le respect en bandoulière vis-à-vis de tout le monde comme vient de nous le montrer le Président Obama, en plus, en bras de chemise à Gorée. Coluche disait que « tous les candidats sont serviteurs du peuple avant d’être élus, mais deviennent rois bien après ». Plus jamais d’arrogance, de condescendance, de gabegie, de népotisme si nous voulons avancer et relever les défis du sous-développement. Un de mes professeurs me disait souvent : « rien n’est sérieux, mais que tout est important ».

Le printemps arabe a introduit dans la gestion des pays, une nouvelle donne qui n’est plus l’apanage exclusif des partis politiques. Président, aucun parti ne vous a élu, mais c’est le peuple, l’artisan de votre victoire. Sauf que John F. Kennedy soutenait que la « victoire a plusieurs papas », sans doute en allusion à la belle brochette de « héros », thaumaturges devant l’Éternel autour de vous. Ces futés qui revendiquent à qui mieux mieux que « c’est eux » les génies sur qui la Nation compte au moment du partage du butin à l’issue de chaque scrutin et hélas, le charivari quasi permanent sur le dos du peuple.

Power to the people est donc plus qu’une réalité : c’est l’Égypte, la Tunisie, la Syrie, la Turquie, le Brésil et demain d’autres. Cela ne dépend que de vous dans votre attitude et celle de vos collaborateurs pour que l’on soit Mackyste plutôt que Mackysard. Et entre ces deux postures, il n’y a qu’un pas qu’on a vite d’ailleurs franchi et permettez- moi l’expression : à la vitesse d’un transhumhonte.

* transhumant

El Hadj Ndary GUEYE
 

 

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