Publié le 10 Mar 2015 - 02:18
LA VIE A ZIGUINCHOR

Place à l’action 

 

 

Aujourd’hui, elles retrouvent de plus en plus leurs marques à Ziguinchor où les activités de teinture et de savonnerie leur permettent de subvenir tant bien que mal à leurs besoins. Le chemin aura été long pour ces femmes qui étaient prises dans un tourbillon de violence. 

 

Leur nouvelle vie n’allait pas être de tout repos. Arrivées à Ziguinchor, les femmes déplacées de Kaguitte ont été confrontées à un dépaysement matérialisé par la difficulté de s’insérer dans la vie citadine. Plusieurs d’entre elles seront obligées de retourner au village, malgré le danger permanent qui y règnait. Face à une telle situation, celles qui sont restées à Ziguinchor se sont organisées. Le constat sur le terrain, c’est qu’elles ont mis sur pied une association d’entraide et s’adonnent à des activités de teinture et de transformation de produits. ‘’Nous avions juste compris que seule une union sacrée pouvait nous sauver’’, souligne Rama Dème, présidente du mouvement des femmes déplacées de Kaguitte. 

Les nouveaux types d’activités génératrices de revenus, méconnues des femmes avant l’éclatement du conflit, ont permis d’alléger leurs souffrances à Ziguinchor et d’améliorer leur quotidien. Malgré la situation de fragilité qui frappe Kaguitte depuis plusieurs années, le village connaît présentement un développement dans le domaine de la teinture et de la transformation. Ces nouvelles activités sont en train de concurrencer sérieusement celles connues dans la zone avant les déplacements massifs dus au conflit, notamment la riziculture, l’élevage et le commerce. 

Ainsi, les femmes de Kaguitte se sont scindées en deux groupes : les unes sont restées à Ziguinchor, les autres sont retournées au village. M. M, rentrée au village, explique : ‘’Certes la vie à Ziguinchor n’a pas été facile, mais nous sommes retournés à Kaguitte pour reconstruire notre terroir, en nous appuyant évidemment sur la chaîne de solidarité qu’on avait tissée avec nos sœurs déplacées. Aujourd’hui, l’entraide est telle que la teinture et la savonnerie se sont parfaitement installées dans nos habitudes économiques.’’ L’application pratique de connaissances et de compétences dans la vie de tous les jours, y compris la gestion de situations difficiles, a renforcé et permis aux femmes déplacées de Kaguitte de se regrouper pour agir. C’est ainsi qu’elles ont intégré le centre de la Fédération départementale des associations féminines de Ziguinchor. Ce fut le début de leurs actions.

Puiser dans la résilience développée pour résoudre le conflit

Grâce aux bénéfices obtenus de leurs activités, les femmes ont pu améliorer leurs conditions et sont même allées jusqu’à soutenir leurs sœurs retournées au village. Rama Dème explique : ‘’Nous avons introduit la teinture et la savonnerie à Kaguitte. Il s’agissait pour nous d’aider nos sœurs qui sont restées là-bas à avoir une activité génératrice de revenus, vu que l’agriculture a connu un recul avec les attaques répétées et les mines qui jalonnent les chemins des rizières. ‘’A force de quitter notre village sous les rafales et les mines, nous sommes arrivées à dompter notre peur, nos craintes, bref nos émotions afin d’améliorer nos conditions de vie et participer à l’essor de notre village, et par là, notre Casamance’’, clarifie S. Cissé.

Le mécanisme de résilience développé par les femmes déplacées de Kaguitte a engendré dans le village l’essor d’une nouvelle activité économique basée sur la teinture et la transformation. Pour elles, la résilience constitue une piste sérieuse à interroger, dans le cadre de la résolution du conflit. Selon S.S, ‘’en Casamance plusieurs femmes ont souffert du conflit, mais jamais elles n’ont baissé les bras. Les femmes ont conscience du rôle central qu’elles jouent au sein de leurs familles et de la société. A force de souffrir, nous sommes parvenues à dompter la douleur et avons décidé d’agir pour la paix. A ce sujet, on organise souvent des séances de prières à Kaguitte pour demander à Dieu un retour de la paix. D’autres vont dans le bois sacré pour prier. Souvent, on organise des rencontres au sein des 7 groupements que compte le village pour discuter de la paix et des moyens pour y parvenir’’.

Un bel exemple à célébrer lorsqu’on chante la femme. 

AMADOU NDIAYE

 

 

 

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