Publié le 3 Sep 2023 - 13:41

Les pétitions sur la situation du pays ou les pancraces épistolaires

 

Depuis quelque temps nous assistons à un échange aigre-doux de textes plus ou moins polémiques entre divers acteurs de la société sénégalaise.

Un véritable pancrace épistolaire qui ne dit pas son nom et qui ne grandit pas les protagonistes.

Il y’a eu d’abord les 142 sommités nationales et étrangères pour ne pas dire internationales qui ont signé et publié un appel-réquisitoire pour s’émouvoir de la situation délétère qui prévaut dans notre pays, jadis réputé comme un havre de paix civile et de convivialité sociale entre tous ses fils et filles et ses «hôtes étrangers vivant parmi nous» pour reprendre une expression chère à feu Président SENGHOR. Dans leur missive, Ils déploraient l’atmosphère glauque et bolchévique qui selon eux, s’est abattue dans notre pays depuis quelque temps, ternissant toute l’aura d’ordre et de tranquillité qui faisait notre fierté d’être sénégalais, admiré par nombre d’autres pays qui nous enviaient ce commun vouloir de vie commune toute en communion.

Ont-ils raison ? Ont-ils tort ? En tout cas, ils ont eu le courage d’exprimer à haute et intelligible voix, leurs opinions et de fort belle manière dans un texte haut de gamme très bien élaboré.  Chacun pourra y aller de ses jugements sans fin car comme disait Alexandre DUMAS fils, célèbre écrivain français du 19ème siècle : « Ne discutez jamais, vous ne convaincrez personne car les opinions sont comme les clous ; plus on tape dessus, plus ils s’enfoncent.». On aurait pu s’en arrêter là et considérer que ce ne sont rien d’autre que des opinions qui d’ailleurs, ne visaient personne intuitu personae mais s’adressaient à l’ensemble du peuple sénégalais pour qui sait lire et bien lire.  

Pourtant, il s’est trouvé des voix discordantes élevées par des «savants-sachant» pour apporter la réplique aux 142. La majorité de ces textes qu’il m’a été donné de lire, vont de l’extrême pauvreté des idées et la logorrhée insipide des uns, à la coprolalie, les philippiques et les injures qui y étaient les expressions les plus usitées des autres.

La palme si on peut le dire comme çà aura été remportée par une contre-pétition signée nous dit-on, par 1220 personnes d’horizons divers pour apporter la réplique aux 142 universitaires. Pour le nombre déclaré de 1220 personnes, des effluves de racolage émanent de certains signataires qui, mezza voce s’indignent de voir leur nom cité sans jamais avoir été consultés et à fortiori donné leur accord. CQFD.

En tout état de cause, le moins qu’on puisse noter et dire c’est que le texte des 142 a véritablement provoqué une crise d’urticaire aigüe chez nombre de nos concitoyens qui se sont senti indexés par un texte qui ne les visait pourtant en rien  en tant qu’individus ou même en tant qu’institutions. La rage et la colère à peine contenues qui transpirent de leur texte si court et dont le répertoire des signataires s’est révélé plus long que le texte lui-même qui lui, ne dépasse pas deux (2) pages, ont été telles, que  l’ignorance crasse ou plutôt «le défaut d’attention» pour faire gentil, n’a pas permis à tous ces 1220 signataires de relever une FAUTE INCROYABLE dans un si petit texte qui aura fini de nous convaincre du caractère d’enrôlement forcé des signataires. Pour faire le nombre ou en acte d’allégeance? Allez savoir!  

Pour le texte, je suis tombé des nues et certainement beaucoup d’autres lecteurs aussi, de voir au 6ème paragraphe dudit texte, la phrase suivante : « Nos pétitionnaires « oublient » tout cela. Aucune allusion de ces faits graves, N’EFFLEURE (sic) de leurs déclarations… ».

INOUÏ…1220 signataires avec des titres aussi ronflants que bruyants comme des tonneaux vides et PERSONNE n’a pu relever l’incongruité du terme «n’effleure » qui, en bon français,  veut dire caresser doucement, toucher à peine, frôler etc.. . Le terme adéquat qui seyait aurait dû être « n’affleure »  pour rester dans le sens de la phrase. Affleurer veut dire entre autres, apparaitre, pointer, émerger, sortir, ressortir etc… Je les vois d’ici, se taper le front en disant « bof ! Simple erreur d’inattention». Oui, oui vous avez bien lu, Ils vont dire « erreur d’inattention » oubliant ou plus sûrement ne sachant pas que l’inattention est déjà une faute d’attention et donc, il sied de dire « défaut d’attention » ou « inattention » mais pas les deux termes accolés. Passons. Une inattention? Cela est fort possible Messieurs/Dames. Mais qui échappe à 1220 gros cerveaux çà fait beaucoup, beaucoup quand même! Surtout quand on a voulu coûte que coûte, apporter la réplique au texte des 142 qui lui, ne souffre d’aucune faute de quelque genre. Un texte très bien élaboré dans un français très limpide. Du VRAI FRANÇAIS come aurait aimé Senghor. Tout y est, la sémantique, la pédagogie, la culture, la connaissance, le savoir, la grammaire, la pondération, la ponctuation séquentielle, la retenue pour ne pas dire la pudeur, tout, vraiment Tout y est.

Pourtant, Il s’est trouvé des hurluberlus et autres semi-alphabétisés qui, dans des pancraces épistolaires désuets voire loufoques ont eu le toupet de vouloir pour certains, dénigrer les dits et les non-dits de cette correspondance publique des 142 sous prétexte de réplique. Charmant pays que le Sénégal où n’importe quel saltimbanque peut se lever un beau jour pour apporter la contradiction à des professeurs agrégés d’Université dans des galimatias insipides plus proches de ce qu’un des nôtres, très bien inspiré appelle à juste titre de « la contrebande intellectuelle». Juste pour se voir publier et se faire remarquer par… qui on sait. TERRIBLE. Mais on se connait TOUS entre nous et très bien même. Et pour reprendre le Professeur TEUW NIANE: « XAM XAM DOU FEGG DIAYY» pour dire: « le savoir, le Vrai, n’est pas de la friperie». BILLAHI.

Dans leur pétition-réponse, enfonçant une porte déjà bien ouverte, nos 1220 « effleurés» se désolent et s’indignent après tant d’autres sénégalais de bonne foi, des destructions et autres exactions relevées lors des évènements survenus dans notre pays.

Mais en s’abritant derrière le paravent commode du monopole d’Etat de la violence pour se  focaliser plus sur une partie des protagonistes et en absolvant totalement  l’autre, ils écornent leur crédibilité déjà largement mise en cause par leur modus opérandi de « recrutements» de signataires. Certes, cela est vrai de vrai que l’Etat a le monopole de la violence mais cela ne donne pas à l’Etat le droit de pratiquer la violence outre mesure et surtout contre un seul camp. Car il ne faut pas chercher à noyer le poisson et à travestir les faits. Quand deux camps se bagarrent, on les amène tous les deux au poste de police et on fait l’enquête impartiale pour démêler le fil des évènements et acculer les coupables pour les arrêter et les juger.

Mais procéder à des arrestations tous azimuts de citoyens dont certains n’ont eu que le malheur de se trouver au mauvais endroit au mauvais moment et sous des prétextes aussi fallacieux que légers, d’appels à l’insurrection et autres pour des propos politiques sortis de leur contexte et montés en épingle pour en faire un casus belli ; cela semble trop facile. D’autant que l’actuel Président qu’on voudrait bien épargner tenait des propos presque similaires dans sa courte marche vers le Palais. Et pourtant, Maître Wade n’a jamais déclenché l’armada de la répression féroce d’Etat contre lui.

La VAR est là pour nous le rappeler à TOUS.  L’honnêteté intellectuelle commande de ne pas être un amnésique alimentaire. Pour que «la démocratie sénégalaise reste debout» Messieurs/dames des 1220, il faut ouvrir grand la compétition présidentielle. Que Tous ceux qui briguent le Fauteuil soient admis à le faire sans exclusive aucune. Seule la compétition libre, inclusive et open peut permettre à la démocratie de rester debout. C’est au peuple de choisir ses dirigeants par les urnes et à personne d’autre. Toute autre attitude n’est que fuite en avant et méchanceté gratuite pour masquer… Une peur panique ou tout simplement pour ne pas parler comme certains, une certaine « haine » tenace contre un adversaire redoutable et redouté. Qui sait?

C’est pourquoi, le texte des 1220 avec son ENORME FAUTE relevée supra ne laisse aucun doute sur la nature de commandite forcée que tous les signataires ou du moins la plupart d’entre eux, plus préoccupés par la sauvegarde de leur estomac ont été obligés d’ingurgiter sans lecture ni relecture ni murmure. Comme quoi « koula abal bett foumoula wone ngaye xol ». En français approximatif cela donnerait : « Vous êtes tenus de regarder dans la direction indiquée par celui qui vous a prêté des yeux ». C’est la rançon du PARJURE et de la masturbation intellectuelle pour certains, pourtant de brillants esprits. TRISTESSE IMMENSE.   

Alors, plutôt que de continuer à s’étriper à coups de piques, de répliques et de philippiques, n’est-il pas temps comme le demandent des voix si sages, de mettre balle à terre et de laisser prospérer entre nous, les cantiques et les suppliques pour épargner à notre pays déjà assez éprouvé, des lendemains sombres où tout le monde serait perdant.

Faites vous violence, Messieurs/Dames, Faites vous violence, un Sénégal de Paix et en Paix avec lui-même et entre ses enfants, tous ses enfants, en vaut la peine.

DIEU NOUS GARDE ET GARDE LE SENEGAL.

Dakar le  30/08/2023

Guimba  KONATE

DAKAR

guimba.konate@gmail.com

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