Publié le 22 Jul 2025 - 12:15
Sénégal

Les Influenceurs au Cœur de la Communication Institutionnelle de l'État

 

Entre improvisation et amateurisme

1.Absence de stratégie globale de communication publique : De prime abord, chaque acteur institutionnel semble parler dans un tunnel sans écho commun. En somme, on semble assister à une absence de cadre global d'harmonisation de la communication gouvernementale.

2.Dépendance croissante aux influenceurs : Pour “faire le buzz” ou “parler aux jeunes”, l’État semble délèguer sa parole à des personnalités digitales, sans cadrage ni responsabilité.

3.Incohérence des messages : Ce qui est dit le matin par un porte-parole peut être contredit l’après-midi par un influenceur ''défendant'' l'action publique. Cet acte de bonne foi résulte d'une absence de cadre de concertation préalable, au-delà d'une formation de base absente.

4.Marginalisation des communicants professionnels : Les journalistes, experts en communication, enseignants, attachés de presse formés sont trop souvent écartés au profit d’une communication émotionnelle, volatile et non durable.

Les Enjeux : restaurer la puissance du message public

Crédibilité de l’État : Un État dont la parole est brouillée peut perdre son autorité morale et politique.

Éducation des citoyens : Une communication publique bien construite est un instrument de pédagogie civique et de mobilisation nationale.

Prévention des tensions : La mauvaise circulation de l’information ou son instrumentalisation par des influenceurs peu soucieux de cohérence peut provoquer des malentendus, des polémiques, entre autres.

À l’ère du numérique, ne pas contrôler son message, c’est livrer sa souveraineté aux réputations éphémères.

Solutions Opérationnelles : reprendre la parole avec méthode

1.Mettre en place une Haute Autorité de la Communication Gouvernementale (HACG)

Un organe transversal chargé de veiller à l’unité du message, de former les communicants institutionnels, d’élaborer les canevas stratégiques de communication publique.

2.Former les influenceurs partenaires

Si l’État veut s’associer à des figures du numérique, il doit les former aux valeurs républicaines, à l’éthique de communication publique, et surtout, les encadrer juridiquement.

3.Renforcer les directions de communication dans les ministères et structures publiques

Cela passe par la valorisation des communicants de carrière, la mise à niveau des compétences, et la coordination avec les services centraux.

4.Créer une charte de communication institutionnelle

Une boussole pour tous les acteurs : ministères, agences, délégations, influenceurs associés.

5.Exploiter les canaux digitaux mais avec des contenus maîtrisés

Vidéos pédagogiques, podcasts, entre autres, mais toujours pensés par des professionnels, validés par l'institution HACG, orientés vers la compréhension et la confiance.

Aujourd’hui, le pouvoir ne réside plus seulement dans les décisions, mais dans la manière dont ces décisions sont racontées, expliquées, portées au Peuple. Si l’État ne prend pas la pleine mesure de cette fonction, d’autres le feront à sa place – sans filtre, sans rigueur, sans attachement à l’intérêt général.

L’État doit mieux parler, pas pour séduire, mais pour convaincre. Ce n’est pas le nombre de vues qui fait l’autorité, c’est plutôt la cohérence du message.

À force de déléguer sa Voix, l’État devient muet.

Ainsi, reprendre la parole, c’est reprendre le pouvoir. Et c'est impératif.

 

Par Alioune Badara SY

Consultant en Ingénierie du Développement

Professeur à l’UCAD

Président du CREDA

Section: 
CHRONIQUE DE L’IMPROVISTE : Portes closes, regards froids : spectacle d’un accueil
Mettre un terme aux effets dévastateurs de la “générosité” des deux présidents-politiciens
Pourquoi faut-il censurer le Conseil constitutionnel ?
Crève, la culture !
Au-delà du redressement : construire un État souverain et transformateur
Pour une République intergénérationnelle, éthique et engagée.
LES CONSEQUENCES ECONOMIQUES DE SONKO : La nakba économique d’un agenda de sabotage systemique
L’intelligence du monde en héritage : Vernadsky, Teilhard, Senghor, Kane (Émission littéraire Impressions) ou le génie du don noosphérique
FMI-Sénegal : Un jeu du mille-pattes
A PROPOS DES COOPERATIVES PRODUCTIVES, SOLIDAIRES
Quelle réponse judiciaire aux crimes commis entre 2021 et 2024 ?
De la crise du débat dans l’espace public sénégalais
PASTEF : ATTENTION À LA PENTE GLISSANTE DES “72 HEURES” SUR LES RÉSEAUX SOCIAUX
Du combat au pouvoir : le choc des réalités
HOMMAGE - 26 juillet 2020- 26 juillet 2025 : À contre-courant du tumulte ambiant : le legs de Babacar Touré
FRANC CFA : ENTRE FANTASME GEOPOLITIQUE ET REALITE ECONOMIQUE
Le car rapide ivre
Le Programme national de développement des Agropoles du Sénégal : Un levier stratégique pour transformer l’agriculture
Le règlement en cours de la crise dans l’Est du Congo : Le continent en spectateur face à des acteurs extérieurs engagés
Le duo Diomaye-Sonko, un espoir pour le Sénégal et pour l’Afrique : Jomaay mooy Sonko, Sonko mooy Jomaay, te tey la Waalo gën a aay !