Publié le 8 Jan 2014 - 22:43
LIBRE PAROLE

Madame le Premier des ministres ! 

 

Le livre est une question. La lecture en est une autre. Leur promotion, plurielle, l'est tout autant. Vous comprendrez, lors, la logique qui voudrait que, pour en parler, on soit en l'obligation de susciter une inflation de sujets, de verbes et de compléments d'objets directs et/ou indirects. Je ne vous encombrerai point, adossé à la double évidence qu'il est indécent de perturber les plans de grands hommes et dames qui ont missions, légitimes et légales, de stabiliser des mondes et tenter de satisfaire de pressantes demandes sociales.

Et puis, Madame le Premier des ministres, vous l'avez souhaité - par réalisme, efficience et souci d’efficacité, certainement – «il urge» d’accélérer la cadence», clamiez-vous en votre discours de politique générale.

Je n'ai rien oublié de votre adresse à la Nation même si, le temps de votre (re)présentation, mentalement, je me suis beaucoup attardé, sur votre vêture et votre maquillage que mon épouse a trouvé «très chon» et sur votre prestance et sur l'art et la manière de fixer votre image, de faire passer votre message à fin de nous convaincre d'acquérir en cash vos désirs et desseins.

Mais tout cela n'était qu'une parenthèse, Excellence. Pour donc être dans votre tempo, je vais à l’essentiel, c’est-à-dire à ce qui sera à accomplir lorsque toutes les commissions et corporations auront rendu leurs copies et fini de théoriser. Théoriser... Théoriser, seulement. Voilà, hélas, l'autre exception sénégalaise. Ainsi, depuis 53 ans, «nos experts» n'ont fait «qu'interpréter le monde», comme on nous apprit dans les cénacles de nos adolescences normales.

Avec vous, il va s’agir, plus que jamais, de «transformer» et le cours des choses dans la Cité et le réel affreux des actants culturels et par ses pans des plus essentiels : l’écriture, l'édition et leur vulgarisation, mais, aussi, la diffusion et la distribution du livre en langue française et en nos autres langues. C'est une question de souveraineté nationale ! C'est un enjeu (supra)national. C'est une préoccupation générale et à généraliser à court terme.

J'ose croire, Madame le Premier des ministres, qu'une telle sensation est une vision bien ancrée en vous et en vos volontés de rendre à l'école et à l'éducation ce qu'elles vous ont donné et permis d'être ou de devenir, n’est-ce pas ? Le livre et la lecture n'ont plus vraiment besoin d'assises encore moins de séminaires et pas même de suggestions.

Comme les écrivains et les éditeurs, les bibliothécaires et toutes les autres parties prenantes dans le champ de l'édition n'attendent que des ordres ! Singulièrement de celui-là qui, par la grâce de Dieu, depuis un certain 25 mars de l'an 2012, détient «tous les pouvoirs» et, cela va de soi, le dernier mot.

Plus clairement, l’avenir heureux et pérenne des écrivains et des éditeurs, des bibliothécaires et autres gens des métiers du livre, tout comme de la Culture en sa globalité, est entre les mains du Président de la République, Monsieur Macky Sall. Et si telle était sa volonté, cela ne serait qu'une affaire de dix minutes au maximum ! Il ne resterait alors que des mesures d'accompagnement et le suivi qui paraît viscéralement manquer en nous alors que sa réalité - dynamique - demeure la condition sine qua non quand on désire franchement entrer en émergence et s'y maintenir.

Malgré tous les constats de «désintérêt pour le secteur», je continue à croire que Monsieur Macky Sall - au plan de la Culture - a tous les atouts pour faire plus et mieux que ses trois prédécesseurs. Même assemblés ! Il a juste besoin de mettre en branle sa volonté pour convertir le champ culturel en une ample cour de miracles où l'on répertorierait et conserverait, comme traces et marques qui lui survivront positivement, autant de souvenirs d'une gouvernance salutaire :

(1) Un Fonds d'Aides à l'édition non pas relancé, mais installé en ses vrais objets.

(2) Une Agence Nationale de Promotion du livre et de la lecture.

(3) Un Observatoire de la Culture

(4) Une Rentrée solennelle des Lettres et des Arts qui, en gestes et en faits, ne serait que le répondant de celle des cours et tribunaux, c'est-à-dire une sublime occasion pour sacrer des talents, susciter des vocations et célébrer tellement d'auteurs qui mériteraient de la République et de la Nation. Madame le Premier des ministres, vous l'appréhenderez pour sûr, il est de belles cartes à jouer.

Et quand on se rend bien compte que les artistes et actants culturels font deux fois plus que le fichier officiel électoral, il est vital de prendre en considération et, sur-prioritairement, en charge la Culture. Là, certainement, est le chemin le plus fiable et le plus viable lorsque rempiler demeure et un viatique et une raison d'exister. Madame le Premier des ministres, je vous souhaite une année paisible et porteuse de réussite dans votre lourde mission.

Elie-Charles Moreau

Ecrivain-Editeur

Membre du Groupe 45

 

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