Le directeur Bertrand Guigon regrette la tournure de l’affaire à la barre

Licenciés, selon eux, pour être partis prier, Dame Dia et Khadim Dioum ont traduit en justice Bertrand Henri Guigon. Le directeur de la pharmacie Guigon a été jugé hier devant le tribunal correctionnel.
Le licenciement des docteurs Dame Dia et Khadim Dioum avait fait grand bruit, à l’époque. Hier, l’affaire a été évoquée à la barre de la 3e Chambre correctionnelle du tribunal de grande instance de Dakar. Les susnommés ont traduit en justice le directeur de la pharmacie Guigon qui les avait, disent-ils, licenciés pour avoir prié dans leur lieu de travail.
Poursuivi pour entrave à la liberté de culte et voies de faits, Bernard Henri Guigon n’a pas pu cacher sa peine à la barre. Au prétoire, il a soutenu qu’il est profondément touché par ces accusations infondées. ‘’J'ai été très choqué. Ils ont dit que j'ai licencié deux pharmaciens pour avoir prié, alors que ce n'est pas le cas’’, a déclaré le prévenu, en l’absence des parties civiles.
En effet, suite à cette affaire, les plaignants se sont exilés dans la sous-région, dans le cadre de leur travail. Selon le prévenu, ces derniers ont été licenciés pour manquements répétés, conformément aux règles d'organisation de la pharmacie et pour mise en danger de la vie des usagers. ‘’On est dans une pharmacie où on vend des médicaments et non des tissus ou des sacs. La règle absolue au comptoir, c'est la présence de tout le service, durant les heures de travail’’, a-t-il martelé. D’après lui, Dame Dia et Khadim Dioum ont été démis de leur fonction, car ils avaient abandonné leur poste à des fins personnelles.
Sur les faits d’entrave à la liberté de culte, M. Guigon jure qu’il n’a jamais interdit à personne de prier. Par ailleurs, il a précisé qu'une pharmacie a rappelé, dans une note, qu'aux heures de service, il faut se consacrer au travail. ‘’On ne peut pas prier et travailler en même temps’’, a-t-il fulminé. ‘’Je n'ai pas de problème avec la prière. Moi-même, je suis croyant. Et je respecte toutes les croyances. Ce qui m'étonne, c'est cette peinture qu'on a faite de moi. Je n’ai jamais interdit aux agents de prier à l’intérieur ou à l’extérieur de la pharmacie’’, s’est-il défendu. ‘’Les vestiaires, c’est pour se changer, mais pas pour prier. Cela désorganise tout le service. Ils ont été licenciés, parce qu'ils se sont entêtés’’, a renchéri le directeur de la pharmacie.
Les parties civiles ont sollicité le franc symbolique pour la réparation du préjudice qui leur est causé. A la suite du substitut du procureur de la République qui a sollicité l’application de la loi, les avocats de la défense, en l’occurrence Mes Pascal Gomis et Papa Laïty Ndiaye, ont demandé le renvoi de leur client des fins de la poursuite.
Bertrand Henri Guigon sera édifié sur son sort, le 13 janvier 2021.
AMINATA DIALLO