Publié le 10 Apr 2021 - 01:21
MESSAGES EN PERIODE DE RAMADAN AU SENEGAL

Le CNRA sensibilise les acteurs sur les effets ‘’négatifs’’

 

Mieux vaut prévenir que guérir. Le Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA) sensibilise sur le contenu des prêches pendant le mois de ramadan. Dans ce sens, il rencontrait, hier, les religieux pour parler des lignes rouges à ne pas franchir, pour préserver la cohésion sociale.

 

Ils sont nombreux les Sénégalais qui ont noté que, ces deux dernières années, durant le ramadan, certaines émissions télévisées ou radiophoniques ont contribué à ‘’cultiver une concurrence malsaine entre les confréries. Une situation qui constitue, selon les observateurs, une menace sur la stabilité nationale. Fort de ce constat, après avoir mis en garde les médias, le Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA) a échangé, hier, avec des religieux sur le message adressé aux médias et relatif aux prêches qui, souvent, tiennent la vedette au cours du mois de jeûne.

Le président du CNRA, Babacar Diagne, qui a reçu l’Association islamique pour servir le soufi (AIS) a d’emblée souligné : ‘’Le régulateur ne peut pas parler aux prêcheurs ; il parle aux organes de presse. Il s’occupe des contenus de programme.’’

En effet, ses hôtes peuvent constituer un relais auprès des autres religieux. Devant les prêcheurs, M. Diagne a parlé de ce phénomène auquel ‘’le prétexte du mois béni avait commencé à donner une orientation loin des attentes d’un public attaché aux diversités confessionnelles et confrériques’’. ‘’Nous avons vu, ces dernières années, des plateaux qui engendrent, dès le lendemain, des disputes dans les ‘cars rapides’, les grand-places, etc. Parce que chacun présente son marabout comme un champion sur un ring. Nous voyons des prêcheurs, se réclamant de camps, sur les plateaux, dire des choses qui peuvent mettre en danger notre cohésion sociale. Ça, ce n’est pas bon ; ce n’est pas religieux’’, dit-il.

Dans une atmosphère de cordialité, il a lancé un appel à l’union des cœurs et des esprits, pour l’unité d’action. Et il a demandé aux prêcheurs de prendre l’exemple sur de grandes figures religieuses ‘’qui ont fait un travail remarquable pour que le Sénégal soit un pays de paix’’. Ces dernières ont, dit-il, prêché par l’exemple’’. Il a cité les marabouts El Hadj Malik Sy et Cheikh Ahmadou Bamba qui se sont rencontrés à plusieurs reprises. ‘’Serigne Hadj Malick a parlé de sa rencontre avec Serigne Touba à Saint-Louis. Ils ont passé la nuit dans une même chambre. Il aurait signé un pacte’’, a-t-il relaté.

Respect de la diversité

L’autre représentant du CNRA, le sociologue Djiby Diakhaté, a précisé qu’il ne s’agit pas d’interdire aux gens de parler de religion. Ainsi, selon lui, cette rencontre avec les membres de l’AIS a pour objectif de permettre d’aboutir au meilleur moyen de faire respecter les diversités sans enfreindre, ni la liberté d’expression religieuse ni le droit du Sénégalais d’apprendre des figures qui ont marqué l’islam dans ce pays. ‘’Le tout sans aucune forme d’atteinte aux valeurs de la communauté dans son ensemble’’, dit-il.

 ‘’Pendant la période du carême, il y a des prêcheurs qui écorchent les croyances et les convictions des autres. Donc, l’idée, c’est d’éviter qu'il y ait des différends entre des groupes qui constituent une même et une grande famille. Nous nous situons juste dans cette perspective. Mais nous avons entendu des gens dire que le CNRA veut interdire la religion. C’est quand même exagéré’’, a-t-il précisé.

En conséquence, pour le régulateur, il est question de sensibiliser les effets négatifs de certains contenus dont les producteurs n’évalueraient pas assez l’impact sur la cohésion sociale.

D’ailleurs, M. Diakhaté a annoncé que le CNRA compte, dans les jours à venir, appeler ceux qui font des sketchs durant la période de ramadan pour leur parler de ce sujet. ‘’Des fois, dans certains sketchs, on se moque des convictions religieuses des personnes. Cela fait naître des frustrations’’, a-t-il estimé, demandant aux acteurs de garder les valeurs fondamentales qui déterminent le fondement de notre société.

Pour sa part, parlant des sanctions qui pourraient être prononcées contre les éditeurs qui violeraient la réglementation, le doyen Sané du CNRA précise : ‘’Nous ne régulons pas pour nous-mêmes. Nous prenons des décisions difficiles ; ce n’est pas de gaieté de cœur. Il ne faut pas que les gens fassent une politisation extrême de tout ce que nous faisons. Les gens ne regardent pas le contenu de la décision.’’

De leur côté, les religieux, qui se sont réjouis de la décision du CNRA, estiment qu’il faut revoir la forme de présentation des émissions qui sont diffusées durant le mois de jeûne des musulmans. Ils invitent les prêcheurs à mettre en exergue les différentes relations que les familles religieuses ont entretenues.

De plus, le président de l’AIS, Mame Cheikh Mbacké, pense qu’il faut aussi réguler les réseaux sociaux où il y aurait plus de divisionnistes.

BABACAR SY SEYE

 

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