Le challenge d'un album 100 % mandjack
Dip Dundu Guiss est sans nul doute l’artiste manjack le plus en vue de ces 5 dernières années. Il n’a pas encore un concurrent à sa hauteur, mais peut avoir un duettiste sur la scène. Il s’appelle By Mic et va sortir un album intégralement aux couleurs mandjacks. Il l’a présenté la semaine dernière à Guédiawaye hip-hop.
Faire honneur à la communauté à laquelle il appartient, voilà le défi que s'est lancé By Mic. À travers son album dont la sortie est prévue le 7 septembre prochain, le rappeur entend mettre sur un piédestal la culture mandjack, ‘’by mic’’ (par le micro).
"Forsa Mandjacku", le nom de l'album, dans le fond comme dans la forme, revêt un caractère original, inédit, que l'artiste - Adolphe Gomis à l’état civil - souligne dans la présentation de celui-ci. "C'est un album de 10 titres, inspiré intégralement de la culture mandjack. Que cela soit les sonorités, les paroles, tout est de chez nous. Je suppose même que c'est tout à fait une première dans l'univers du rap made in galsen. On y rencontre également deux featuring réalisés avec des artistes mandjacks. Pour les sonorités, la structuration demeure hip-hop ", explique-t-il.
By Mic a profité de la présence des journalistes pour revenir sur les thématiques abordées dans son opus. "Le projet prend en compte plusieurs thèmes. Par exemple, par l'intermédiaire du morceau ‘Ba Kaats Mandjaku’, je cherche à rendre un vibrant hommage aux femmes mandjacks d'une façon générale, mais surtout à celles qui se battent au quotidien pour parvenir à joindre les deux bouts. ‘Ú Mundu Ntsari’, qui signifie le monde d'aujourd'hui, rappelle ce côté engagé du rap, par cette dénonciation, cette croisade à l'encontre des maux de la société. À travers ‘Man Tsi Na Ya’, littéralement chanteur ou musicien, je me targue d'honorer les grands noms de la musique de ma communauté, à l'instar d'Americo Gomes ou encore de Dip Doundou Guiss".
Par rapport au risque de restreindre son public à cause de la barrière linguistique, le rappeur garde toujours la tête sur les épaules et apporte des précisions. "Explorer le hip-hop avec comme soubassement la culture mandjack ne pourrait être considéré comme un manque à gagner car, de façon implicite, l'album a une cible, disons bien déterminée.
Je vise à m'adresser tout d'abord à ma tante ou mon grand-père en Casamance ou en Guinée-Bissau, qui ne comprend aucun mot wolof. Cependant, les sonorités que l'on retrouve dans l'album peuvent valoir réconfort à ceux qui seront dans l'incapacité de capter les messages que je cherche à véhiculer. Mais une fois cette mission achevée, je reviendrai au rap en wolof, car c'est la langue comprise par la majorité du public. D'un autre côté, c'est une initiative qui pourrait davantage enrichir le mouvement hip-hop, le fait de revisiter des langues tels que le mandjack, le peul, le diola, etc. J'invite les Mc des diverses ethnies à apporter cette richesse linguistique".
Fou Malade a également assisté à cette conférence de presse. Le rappeur n'a pas manqué de louer le projet du new school qu'il a découvert en 2008. "Ce jeune prometteur, je l'ai rencontré à Ziguinchor, plus précisément au lycée Djignabo, à l'occasion d'ateliers de formation aux fondamentaux de ce noble art qu'est le hip-hop. À l'époque déjà, il avait les prérequis pour marquer son empreinte dans ce mouvement. Il dispose des 5 éléments nécessaires pour faire un bon rappeur : lyrics, musique, attitude, concept et performance. Pour revenir à son produit, je retiens surtout l'aspect intégration de la communauté mandjack. J'ai la conviction qu'il est destiné à une belle carrière musicale, car du talent, il en a".
MAMADOU DIOP (STAGIAIRE)