Publié le 19 Oct 2019 - 00:24
MORTALITE INFANTILE AU SENEGAL

22 575 enfants de moins de 5 ans sont décédés en 2017

 

L’Institute of Health Metrics and Evaluations (Ihme) a publié, hier, une étude sur la mortalité des moins de 5 ans dans 99 pays à revenu faible ou intermédiaire au niveau des districts. La recherche montre qu'au Sénégal, 22 575 enfants sont décédés avant leur 5ee anniversaire en 2017, soit près de la moitié du nombre de décès par rapport à 2000. Le département de Saraya enregistre le plus grand taux.

 

Le Sénégal fait figure d’exemple, en matière de réduction de la mortalité infantile, mais le risque pour les enfants de mourir avant l’âge de 5 ans existe. Une étude sans précédent cartographiant la mortalité infantile sur presque deux décennies révèle qu’au Sénégal, la probabilité pour un enfant d’atteindre l’âge de 5 ans varie du simple au double, selon le département dans lequel il vit. L’étude réalisée par l’Institute for Health Metrics and Evaluation (Ihme), (Institut de statistique sur la santé publique de l’Ecole de médecine de l’université de Washington), montre que 22 575 enfants sont morts en 2017 au Sénégal, avant d’avoir atteint l’âge de 5 ans, contre 43 840 en 2000. Le plus haut taux de mortalité au niveau du département est de 79,3 % à Saraya. Le plus bas (31,7 %) a été enregistré à Dakar.

Les troubles néonatals sont les premières causes de mortalité avant l’âge de 5 ans, aussi bien en 2000 qu’en 2017.  Selon l’étude de la Charge mondiale de morbidité, le pays a connu, au cours de la période étudiée, des baisses substantielles du nombre de décès par diarrhées et ou infections des voies respiratoires inférieures. D’où la nécessité de lutter contre les inégalités pour sauver des milliers d’enfants.

Cette étude, une première en son genre, établit une cartographie de la mortalité infantile à l’échelle du département, du district ou de la commune, dans 99 pays à faible et moyen revenus. Publiée hier dans la revue ‘’Nature’’, ces travaux incluent notamment des cartes précises qui mettent en lumière des disparités sanitaires à l’intérieur même des pays et des régions. Des disparités souvent cachées par les évaluations réalisées à l’échelle nationale. Une visualisation interactive accompagnant l’étude permet de comparer les taux de mortalité infantile année par année.

L’enquête de l’Institut de statistique sur la santé publique de l’Ecole de médecine de l’université de Washington se penche sur des pays regroupant à eux seuls 90 % de la mortalité infantile survenue en 2017. Sur l’ensemble des pays étudiés, la probabilité pour un enfant de mourir avant l’âge de 5 ans varie de plus de 1 à 40 à l’échelle locale. Les chercheurs estiment que si chaque échelon local des pays à faible et moyen revenus étudiés avait atteint l’Objectif de développement durable (Odd) d’au plus 25 décès infantiles pour 1 000 naissances, 2,6 millions d’enfants auraient été épargnés. Si chaque district, au sein d’un pays, pouvait s’élever au niveau du district enregistrant les meilleurs résultats dans ce même pays, le nombre estimé de morts évitées grimperait à 2,7 millions.

Le département de Saraya enregistre le plus haut taux de mortalité infantile, en 2017

La grande majorité des 17 554 échelons locaux des 99 pays étudiés ont enregistré des progrès en matière de baisse de la mortalité infantile. Mais les niveaux d’inégalité entre échelons locaux se sont montrés plus variables au cours de la période étudiée. Ainsi, malgré de nets progrès en matière de réduction de la mortalité infantile au cours des 20 dernières années, les plus hauts taux de mortalité enregistrés en 2017 étaient observés dans les mêmes zones qu’en 2000.

“Il est tragique et tout aussi condamnable qu’en moyenne, près de 15 000 enfants âgés de 0 à 5 ans meurent chaque jour”, affirme Simon Hay, Directeur du groupe sur la Charge locale de morbidité à l’Ihme et auteur principal de l’étude.

“Pourquoi certaines zones s’en sortent si bien, quand d’autres sont à la peine ? Pour réaliser des progrès, nous devons permettre un ciblage précis d’interventions telles que les vaccinations. Notre étude met à disposition des ministres de la Santé du monde entier, cliniciens et autres, une plateforme pour améliorer de manière ciblée les systèmes de santé”.

L’étude, financée par la Fondation Bill & Melinda Gates, met en lumière des résultats encourageants qui pourraient être reproduits à l’intérieur des pays et d’un pays à l’autre, selon Simon Hay.

L’étude évalue à la fois les taux et les nombres absolus de décès par district, offrant ainsi une image complète de la mortalité infantile dans le monde qui fait ressortir des tendances et des schémas caractéristiques répétés. Une proportion croissante de décès infantiles a lieu dans des zones à faible taux de mortalité généraux. La mortalité néonatale (décès survenant au cours des 28 premiers jours de l’enfant) et la mortalité du nourrisson (décès survenant au cours de la première année de vie) augmentent toutes deux en pourcentage du total des décès infantiles. 

Ces tendances mettent l’accent sur la nécessité d’adopter des approches spécifiques. Simon Hay et son équipe de recherche travaillent sur une cartographie plus détaillée de facteurs influant sur la vie des enfants, comme l’éducation, la malnutrition, la prévention sanitaire, afin de mieux comprendre les obstacles spécifiques rencontrés dans différentes régions.

VIVIANE DIATTA

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