Publié le 3 May 2012 - 11:42
PAIEMENT DES BOURSES À L’UCAD

La corruption au menu

 

 

 

 

Les vigiles de l’Université cheikh Anta Diop de Dakar, préposés à la sécurité, se font de l’argent sur le dos des nouveaux boursiers. Ces derniers dénoncent les lenteurs constatées dans l’obtention de la carte bancaire.Les vigiles de l’Université cheikh Anta Diop de Dakar, préposés à la sécurité, se font de l’argent sur le dos des nouveaux boursiers. Ces derniers dénoncent les lenteurs constatées dans l’obtention de la carte bancaire.

 

S’il y a un boulot qui marche bien à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar en ces temps qui courent, c’est bien celui des vigiles. Ces derniers se font rois devant les guichets. Les étudiants sont obligés de payer une somme de 10000 f pour pouvoir accéder aux payeurs. "Nous, les nouveaux bacheliers, vivons présentement à l’ucad, une situation extrêmement difficile. Depuis une semaine on est là, et jusqu’à présent on n’arrive pas à percevoir nos bourses. Les vigiles et les gens de ‘’Kekendo’’ (Un groupe d’étudiants originaire du sud, très connu à l’Ucad) font la loi. Il faut débourser 10000 f pour pouvoir se faire payer", a déploré Souleymane Ndiaye étudiant à la faculté des lettres. La fatigue et le découragement se lisent dans le visage de ces centaines d’étudiants qui se bousculent devant les guichets. Pour éviter le soleil qui tape fort, certains étudiants ont préféré se mettre sous les arbres. Par petits groupes, occupant les allées qui mènent l’Ucad II, les boursiers déplorent la situation. Ils accusent ainsi les payeurs d’être en connivence avec les vigiles. "J'ai vu, de mes propres yeux, des gens introduisent la liste des étudiants qui ont accepté de payer 5000f ou 10000f au détriment des étudiants qui ont passé la nuit devant le guichet", a laissé entendre Souleymane, étudiant à la faculté de droit. Les personnes incriminées n'ont pas souhaité répondre à ces accusations

 

.

Le business peut rapporter jusqu’à 400000 FCFA par jour.

 

Face aux exigences de la vie à l’ucad, les nouveaux bacheliers n’ont pas le choix, ils sont prêts à débourser la somme demandée pour entrer dans leurs fonds. Cette situation est favorable aux vigiles et autres grands gabarits qui n’hésitent pas à sortir des sabres pour réussir leur coup. "Ces gens se font beaucoup d’argent, ils font entrer qui ils veulent et quand ils le veulent. Et nous, qui n’acceptons pas la corruption, risquons de passer des jours ici sans percevoir nos bourses", a affirmé Ramatoulaye Barry étudiante en première année au niveau de la faculté des sciences. Le business marche à merveille; "ces gens" se frottent les mains et attendent tranquillement les nombreux étudiants qui n’ont pas encore perçu leur bourse. Ils "ont déjà fait entrer plus de 40 personnes. Cela fait au moins 400000 f", témoigne un étudiant qui a préféré garder l’anonymat.

 

 

La bancarisation bancale

 

Depuis son effectivité au mois d’avril passé, le payement par guichet automatique a concerné plus de 50000 étudiants. La société en charge de la bancarisation des bourses ‘’Eco Bank’’, a déployé un personnel au sein du campus pour les réclamations et l’inscription des nouveaux boursiers. Les quelques guichets aménagés ne peuvent pas contenir tous ces étudiants, qui passent la journée à faire la queue, parfois sans service rendu. La lenteur dans le déroulement des opérations poussent la plupart des étudiants à critiquer le système. Pour certains, l’obtention des cartes bancaires devrait être automatique. "J’ai perdu ma carte Gab et j’ai fait la déclaration il y a presque deux mois. Jusqu’à présent, on me dit que la carte n’est pas encore disponible", a regretté Cheikh Diop étudiant en deuxième année à la faculté de droit. A l’image de Cheikh, des centaines d’étudiants se trouvent dans la même situation. Sans compter les nouveaux boursiers qui doivent encore se battre pour percevoir leur bourse, tout en espérant disposer de leur carte Gab dans les jours à venir.

 

Section: