Publié le 26 Mar 2013 - 20:34
POST-POINT par MOMAR DIENG

Idrissa, le saint nouveau !

 

 

On connaissait Idrissa Seck sous plusieurs visages tous différents les uns les autres. On le connaissait politique habile et communicant formidable. Expert en argumentaire basé sur les versets coraniques, aujourd'hui, on le (re)découvre pourtant adepte du déni. Du déni absolu. Une ambition présidentielle, ça vous transforme moralement un Homme dans des proportions hors normes, et pas souvent les meilleures.

 

La sortie de l'ancien Premier ministre d'Abdoulaye Wade sur la radio Rfm, hier, est un grand coup de sabot que l'intéressé s'est infligé à lui-même avant tout, mais aussi à une certaine classe politique abonnée à une certaine culture du mensonge. Sa tentative malheureuse de déconstruire des faits et réalités qu'il a eu lui-même l'occasion de poser sur la place publique ne milite pas pour que l'opinion - hors ses partisans irréductibles - lui fasse simplement confiance. Au niveau de responsabilités qui est le sien, c'est-à-dire candidat probable à la magistrature suprême du Sénégal, il y a encore nécessité de prendre du temps à réfléchir avant tout choix en sa faveur. Mais 2017 est encore loin !

 

La méthode fermement cynique par laquelle il réfute tout ce qui le lie au dossier scandaleux des «fonds politiques» qui a éclaboussé Abdoulaye Wade et son régime alors que lui-même était en odeur de sainteté chez son ex-mentor, n'augure rien de bon et de bien par rapport à toute forme de gouvernance dont il serait l'aiguillon. Son discours radiophonique d'hier, intéressant et pertinent sur plusieurs thèmes abordés par nos confrères de Futurs médias, a flanché sur la question que voilà. Il n'est pas certain que cela soit réparable sans frais pour pour son image et pour ce qu'il voudrait incarner en terme d'alternative politique à Macky Sall et à la coalition Benno Bokk Yaakaar à laquelle il appartient.

 

Idrissa Seck est un dignitaire politique qui mérite respect, c'est pourquoi on ne lui fera pas l'incartade de lui rappeler que François Mitterrand - lui-même pris au piège de l'argent après 1981 - avertissait dix ans plus tôt au fameux Congrès fondateur du Parti socialiste français à Epinay contre «l'argent roi qui ruine et qui pourrit jusqu'à la conscience des hommes». Mais il est incontestable que l'argent a représenté un problème pour lui (et pour Wade) à une époque qui succédait à la misère financière qui les avait contraints à «imaginer» en 2000 une campagne électorale avec un minimum exceptionnel de moyens. Sinon, il va falloir nous expliquer pourquoi des «bandits de grand chemin» détenteurs de «butin» ont pensé se réjouir à cette époque du fait que «leurs problèmes d'argent étaient terminés».

 

On comprend qu'en «l'an 1 de sa carrière politique», l'ancien bras droit de Me Wade veuille repartir sur des bases nouvelles, virginité politique en bandoulière ! Mais est-il nécessaire de considérer les Sénégalais comme des andouilles sans mémoire en leur faisant écouter un disque de déconstruction absolument cynique de faits irréductibles ?

 

 

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