Publié le 27 Mar 2013 - 21:14
POST-POINT par MOMAR DIENG

 L'enfant gâté et l'ancien déshérité

 

 

 

La sortie virulente de l'ancien Premier ministre, Idrissa Seck, contre les banquiers du gouvernement et la réplique immédiate du chef du gouvernement, Abdoul Mbaye, se sont finalement imposées comme une occasion de clore les ''festivités'' du premier anniversaire de l'arrivée au pouvoir du président Macky Sall. Des hostilités circonscrites à l'intérieur d'une majorité politique gouvernante dont la première force n'est pas la cohérence. Mais c'est peut-être tant mieux ainsi.

 

En affirmant avec force que ''la fonction de banquier est incompatible avec les Finances publiques'', Idrissa Seck ne remet pas seulement en cause la nomination d'Abdoul Mbaye au poste de Premier ministre. Il semble, en outre, vouloir exprimer une position politique fondamentale : c'est l'échec du Premier ministre dans une mission qu'il exerce depuis un an, à la tête d'un gouvernement dont il assume en principe les résultats mais pas toutes les orientations. La critique est donc de fond, au-delà des personnes visées intuitu personæ. D'un point de vue et d'une posture essentiellement politiques, on peut la considérer comme juste et pertinente.

 

Ce qui a semblé catastrophique, par contre, c'est la qualité de la réplique d'Abdoul Mbaye, à travers laquelle on peut percevoir les limites tragiques d'un homme devenu politicien par accident, chef de gouvernement par copinage. Cette réplique - ''Idrissa Seck a essayé d'entrer là où j'ai fait ma formation, mais il n'a pas réussi'' - est d'une insignifiance hors normes, dérisoire. En recourant à de tels éléments de langage, en lieu et place d'une réponse plus neutre et moins arrogante, le Premier ministre glisse sur un autre terrain totalement hors-sujet, celui du statut social. ''Idrissa Seck sait bien ce que j'ai étudié'', disait-il ; mais lui aussi n'ignore point (peut-être) d'où vient Idrissa Seck, son enfance difficile et déshéritée.

 

Ce que nous savons tous en toute certitude, c'est qu'il y a de grandes écoles où l'on entre grâce au piston, par appartenance à des réseaux, par influence parentale, selon le milieu duquel on est issu. En cela, la réplique du Premier ministre est une sorte de caricature de ce système mental que la pensée populaire a résumé par la formule du ''papa-m'a-dit''. Elle renvoie à la suffisance de l'enfant présumé gâté à qui tout semble devoir être offert sur un plateau de diamant, du berceau à la tombe. La baraka ne les quitte jamais, et aux abords de l'âge de la retraite, des combinaisons, comme seule la Politique sait en construire au-dessus des intérêts supérieurs du pays, les placent par effraction au sommet de l'État. Le procédé semble clair et net : ils obtiennent tout par procuration...

 

 

 

 

 

 

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