Publié le 16 Oct 2014 - 03:21
POST-POINT par MOMAR DIENG

 Les honorables députés du Président

 

A intervalles réguliers, le débat rebondit sur la nature de notre Assemblée nationale, et donc sur le rôle des députés. Le renouvellement du mandat annuel de Moustapha Niasse au perchoir et celui des onze commissions parlementaires ne changeront rien à la réalité des choses : notre Assemblée nationale n’existe pas.

Pour moins d’hypocrisie et plus de transparence, nous gagnerions peut-être à faire en sorte que le pouvoir exécutif dominant désigne lui-même les hommes et femmes à envoyer dans une institution autrement appelée et qui serait à son service exclusif. L’opinion publique, scandalisée par le système parlementaire actuel, n’en serait que moins vindicative.

A quoi sert l’Assemblée nationale aujourd’hui ? Moustapha Niasse, président sortant réélu suivant un système soviétique, a lui-même répondu à la question dans son discours d’hier. Elle est là pour donner à la politique du président de la République l’assise légale dont elle a besoin pour s’accomplir et qui passe par le vote des lois.

Elle est là pour brimer et briser les têtes brûlées, cette race rarissime de députés toutes tendances confondues qui refusent, discrètement ou ouvertement, d’être transformés en godillots juste utiles à plaire au Prince et à sa cour. Elle est là pour confiner le pouvoir fondamental des parlementaires dans le cirque et le folklore qui l’éloigne de ses vrais attributs, politiques et constitutionnels. Elle est là pour attribuer incognito des indemnités festives et autres terrains aux députés récalcitrants. C’est le pouvoir de la corruption.

Mille fois, les experts ont émis des propositions de «sortie de crise» afin que le Sénégal dispose enfin d’une véritable Assemblée nationale sans que le fait majoritaire et la tutelle implacable du président de la République ne l’affaiblisse si gravement. A ce propos, le Pr Ismaïla Madior Fall a déjà travaillé sur des recommandations pertinentes publiées dans «Sénégal, une démocratie ancienne en mal de réforme» coédité par Afrimap et Osiwa. Des recommandations autrement plus «subversives» que celles qu’il a proposées, hier, lors du séminaire de la Fondation Friedrich Neumann. Mais ça, c’était dans une autre vie…

 

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