18 % des accidents mortels mondiaux sont notés en Afrique
Les organisations d’employeurs et de travailleurs, les agents de la prévention et la société civile ont, durant tout le mois d’avril, réfléchi à la prévention des risques professionnels. Ils ont rendu publiques, ce 30 avril, leurs conclusions, en présence des acteurs gouvernementaux et internationaux.
Chaque année, dans le monde, environ 3 millions de travailleurs meurent d’accidents ou de maladies liés au travail. En Afrique, la possibilité d’être victime d’un risque professionnel reste 3 à 5 fois supérieure qu’en Europe et 18 % des accidents mortels mondiaux sont notés sur le continent. Ainsi, au terme de la 23e édition des Journées africaines de la prévention des risques professionnels, la Caisse de sécurité sociale (Css) a fait le point sur les échanges riches et fructueux entre les acteurs du monde du travail.
Plusieurs recommandations ont été faites. Les entreprises sont invitées à assurer de meilleures conditions de travail à leurs employés, en intégrant les notions de santé et de sécurité sociale dans la gestion du personnel, une veille juridique et le dialogue entre toutes les parties prenantes. En effet, l’application de ces conclusions devrait permettre la baisse du taux d’accidents de travail, d’absentéisme, le respect du cadre règlementaire, le renforcement des capacités ainsi qu’une hausse de la productivité. Les acteurs demandent au ministère du Travail le financement de la formation en santé-sécurité au travail.
Par ailleurs, l’Association nationale des paramédicaux plaide pour la révision du statut de l’infirmier en entreprise et une formation adéquate dans le domaine de la santé et de la sécurité au travail. Elle estime que toute entreprise doit se doter d’un matériel médical d’urgence. Selon le directeur général de la Css, Assane Soumaré, en plus d’être un rituel, la Journée africaine de la prévention des risques professionnels revêt un aspect particulier. Notamment, ‘’l’élaboration du fort plaidoyer en vue d’appuyer la politique nationale en matière de santé et sécurité au travail adoptée en 2017. Cela participe à la mise en œuvre du Pse II’’.
Abondant dans le même sens, Elimane Diouf, représentant du président du Conseil d’administration de la Css, affirme qu’il urge de prendre en charge les besoins liés à la prévention. Il lance un appel aux entreprises pour que la prévention des risques professionnels soit une réalité, car étant génératrice de gains et favorisant la croissance de l’entreprise et le renforcement du capital humain.
L’homme face à la transformation du travail
Les travaux du Mois africain de la prévention (Map) ont servi à identifier les facteurs sociaux, organisationnels et technologiques ayant une incidence sur la sécurité, la santé, le bien-être au travail et l’environnement. Il a aussi été question de favoriser la collaboration pluridisciplinaire entre les institutions de prévention et la coopération en entreprise. ‘’Ces souffrances peuvent être évitées, surtout que la plupart du temps, elles sont dues au manque d’information et à la négligence. Il est possible de réduire ces accidents, voire les éliminer’’, estime Sofia Amaral de Oliveira, Directrice du Bureau international du travail/Section Sénégal.
Faisant observer que le monde du travail se transforme, apportant de nouvelles opportunités, mais aussi de nouveaux défis, surtout avec l’évolution de la technologie, elle pense qu’il devient plus important que jamais d’anticiper sur les nouveaux risques professionnels. ‘’Ce défi est d’autant plus grand, car nous ignorons ce que seront les technologies de demain, ni comment seront-elles intégrées au monde. Ainsi, la mise en œuvre des stratégies centrées sur l’être humain est le rôle des gouvernements et des partenaires sociaux’’, ajoute-t-elle.
Pour la représentante de l’Organisation internationale du travail (Oit), les travailleurs doivent être capables de pouvoir gérer les transformations qui rempliront leur existence face à l’évolution de leur travail. ‘’Intégrer la formation à la santé et à la sécurité au travail peut aider les travailleurs et les employeurs à faire face aux nouveaux risques. La santé-sécurité au travail est un élément clé du développement durable. Les investissements dans le domaine peuvent donc contribuer à l’atteinte des Odd 3 et 8. Il est donc temps d’agir’’.
Aucune entreprise ne peut avoir de résultats durables en matière de sécurité et de santé au travail si, en son sein, la prévention n’est pas l’affaire de tous. C’est ce que pense le ministre du Travail Samba Sy, présidant de la cérémonie de clôture. ‘’Au travail, chacun doit avoir à cœur de préserver sa santé et sa sécurité. Gouvernement et partenaires sociaux, nous devons nous unir pour être au niveau des meilleurs standards. On n’a pas le choix, puisque nous vivons dans le même monde’’, dit-il.
En marge des échanges, un concours du meilleur comité d’hygiène et de sécurité en entreprise a été organisé. L’entreprise La Rochette en est sortie vainqueur, suivie de Sabodala Gold Operations et du centre hospitalier de Fann.
EMMANUELLA MARAME FAYE