Depuis le retour au Sénégal de l'ex-président Abdoulaye Wade et du maire de Thiès, Idrissa Seck, le président de la République est sous un feu roulant de critiques. Jusqu'ici, il avait gardé le silence, ignorant royalement ses détracteurs et attendant certainement le bon moment pour répliquer. L'occasion s'est présentée ce samedi, lors de la pause de la première pierre du pôle urbain de Diamniadio. 

La pause de la première pierre du pôle urbain de Diamniadio était une belle occasion pour montrer à la face du Sénégal que le nouveau régime est ambitieux et a des projets sociaux structurants. Ainsi, le chef de l'État en a profité pour sortir de son mutisme et répondre aux critiques de ses détracteurs. Le ton dur, Macky Sall a commencé par faire allusion aux pessimistes qui ont douté de la réalisation du centre de conférence internationale de la francophonie. 

Le chef de l’État a rappelé qu’il y a douze mois, certains ne croyaient pas que le centre sortirait de terre. ''Mais, il devient aujourd’hui réalité'', a-t-il soutenu, avant de marteler en wolof : ''weddi gis bokku ci.'' Le président d'insister : ''Seul le travail paie.'' 

Ensuite, sur le même ton, le président de la République s’est directement adressé à ses pourfendeurs, en assimilant leurs critiques à de la poussière qui passe incontestablement. Du coup, remerciant son Premier ministre, le président Sall a lancé : «Travaillez et continuez la cadence. Tout ce qui reste n’est que poussière, poussière, poussière… La poussière, il faut la laisser passer. Concentrez-vous sur ce projet. Sachez que nous aurons une œuvre de 40 000 logements». 

Représailles contre promoteurs malintentionnés

Après avoir encouragé le gouvernement, Macky Sall a prévenu les entrepreneurs à qui incombe la réalisation intégrale du pôle urbain. ''J’invite tout promoteur immobilier. Et je ne parle pas des tricheurs. Nous n’allons pas confier une seule tâche à ceux-là. Celui qui ne fera pas le travail comme convenu, il passera par là où nous faisons passer les tricheurs'', a déclaré le président.

«Les promoteurs qui pensent qu’ils feront bon usage des superficies de terre qui leur seront cédées, nous leur donnerons de la terre gratuitement à leur demande. Un seul mètre carré de terre ne leur sera vendu parce que nous le faisons pour le Sénégal», a annoncé le chef de l'État. Ainsi, il a invité tous les promoteurs immobiliers à se joindre à ceux qui sont sur place pour la réalisation du pôle urbain, non sans leur demander de mettre en avant leur sens de la responsabilité.

La guerre des pancartes bouscule le protocole

La visite du président Macky Sall avait aussi un fort accent politique, d'où la guerre des pancartes à laquelle le patron de l’Apr a été témoin. L’accueil a été l’occasion pour les responsables du département de Rufisque d’étaler leurs divergences, pour ne pas dire leurs querelles fratricides. Les «apéristes» de Diamniadio se sont le plus illustrés. Leurs pancartes ont réussi à bousculer le protocole.

Brandissant des banderoles et pancartes vilipendant le maire Moulaye Guèye, ce dernier n'a finalement pas pu prendre la parole. Sur ces « outils » de déstabilisation et de guerre pour la conquête de la commune, on pouvait parfaitement lire des inscriptions clouant au pilori le premier magistrat de Diamniadio : «Le maire de Diamniadio était avant-hier au Pds, hier à l’Apr et aujourd’hui à Rewmi » ; « Diamniadio exige un audit foncier. Le maire a trahi Benno Bokk Yaakaar ». Les forces de sécurité se sont opposées en vain à ce que ces pancartes soient brandies. 

Sous le sceau de l’opportunisme et le « m’as-tu vu », tous les responsables du département de Rufisque ont sans exception tenté de montrer leur présence au président Macky Sall. Même ceux de Dakar sont entrés dans la danse, avec des pancartes portant leur effigie et celle du président Macky Sall.

PAPE MOUSSA GUEYE