Publié le 27 May 2012 - 09:05

Réflexions autour de la praxis des Wade et de «ses hommes»

 

Une observation fine des comportements qui se donnent à lire chez les tenants du pouvoir, ces dernières années, renseigne qu’ici, au Sénégal, son exercice ne s’est pas toujours inscrit dans la perspective d’amélioration des conditions de vie du plus grand nombre. Qui ne se souvient de cette terrible phrase qu’on prête à Wade, au tout début de son magistère, et qui a fait frémir plus d’un «nos soucis d’argent sont terminés !» Cette phrase que ses partisans prenaient comme une boutade, constitue à notre humble avis et au regard de sa gouvernance, dans ses dimensions économiques, politiques, sociales et culturelles, un paramètre important voire fondamental pour comprendre son système. Ici tout est question d’argent et des bienfaits qu’il procure.

 

La prégnance des questions d’argent dans le système Wade fait que son pouvoir a été le lieu de jouissance et d’activités festives sans fin entre copains et coquins. La meilleure preuve, tous ces scandales financiers qui ont éclaboussé son régime pendant ces douze ans. L’organisation mise en place par WADE et ses sbires avec un fonctionnement atypique et charriant sur son passage des scories dévastatrices pour tout le corps social, aura porté beaucoup de préjudice moral et matériel au Sénégal.

 

Cette séquence temporelle (12 ans), faite de ribouldingue et à laquelle tout le clan a pris goût, a mis en veilleuse beaucoup de contradictions. Celles-ci ont fini par surgir avec virulence avec leur lot de querelle de clochers et autres accusations de sorcellerie dès qu’ils ont perdu le pouvoir. Abdou Latif Coulibaly n’avait pas tort en lançant le concept «alternoce».

 

 

«Wade et son entreprise privée»

 

En fait, tant que la fiesta était là, les membres de la coterie, restaient soudés et juraient fidélité et amitié éternelle à leur mentor. Les rênes du pouvoir entre les mains de ce dernier : ses desiderata et autres lubies sont les leurs. Aucune objection ne lui sera opposée tant qu’il aura la haute main sur les carrières. Hélas, cette société des en-haut-d’en-haut fonctionnant sur le registre du : «pour et avant toutes choses, nos intérêts d’abord !», masque des haines tenaces, des rivalités de toutes natures, des desseins inavoués. Illustration parfaite, la rapide dislocation du club dès que le pouvoir leur a échappé. Alors là, les masques tombent !

 

Des responsables du Pds au niveau le plus élevé, ruent sur les brancards pour manifester leur courroux par rapport à la manière dont Wade gère le parti et les investitures. Il est vrai que ces contestataires posent un problème de gestion démocratique du parti ; seulement, on peut à juste titre se poser la question de savoir où étaient ces hommes devenus subitement «courageux» quand Wade, du haut de sa splendeur, manageait le parti comme sa propre entreprise privée ; faisait et défaisait les carrières au mépris des normes les plus élémentaires d’élégance républicaine. Ils étaient là mais n’osaient pas contrarier le vieux monarque de peur de s’attirer ses foudres. Maintenant que ce dernier est à terre, chacun se lève pour le contester et bander les muscles. Un peu de décence, «way» !

 

Tout ce raffut qui ne plaide pas en faveur de nos politiciens professionnels doit amener les nouvelles autorités de ce pays à faire preuve de grande circonspection par rapport aux offres de service venus de tous les horizons, surtout des transhumants, nouvelle formule. Ces vieux routiers de la politique ont plus d’un tour dans leur sac. Et beaucoup de ceux qui s’agitent, ne sont mus par aucun idéal. Quand on a TOUT accepté du grand timonier sur de longues années sans broncher, la dignité dans sa plus simple expression voudrait qu’on fasse dans le silence le plus total quand celui qu’on déifiait il n’y a pas longtemps perd le pouvoir. C’est le minimum qu’on pouvait attendre de ses hommes. Mais allez savoir ce qui se passe dans la tête de certains de nos politiciens ! Qui aurait pensé que les ténors de «Bokk Guiss Guiss» quitteraient de façon aussi peu inélégante celui qu’ils désignaient il n’y a guère comme «la seule constante». Cet éclatement du groupement d’intérêt économique qu’était le Pds en mille morceaux, confirme l’adage wolof : «su ngén andé di jayanté ; tagoo di jëwentë rek mo ciy top» (si dans votre compagnonnage, chacun caresse l’autre dans le sens du poil ; au moment de la séparation, chacun va médire de l’autre). C’est à cela que nous assistons ces derniers temps.

 

 

«Méfiance pour cette race de transhumants»

 

Tous comptes faits, il y a lieu de se méfier de cette race de transhumants sans aucune moralité et à l’échine très souple. Il faut éviter de recycler ces déchets estampillés ironiquement nouveaux types de transhumants. Si ces gens pouvaient servir à quelque chose, Wade n’aurait pas perdu le pouvoir.

 

Compte tenu des développements précités, nous osons affirmer avec force que les souteneurs de Wade pendant douze ans, aujourd’hui ses adversaires, et tous ceux de leur acabit sont disqualifiés pour porter les ambitions de grandeur et d’émergence d’un Sénégal nouveau. Ils peuvent faire illusion avec un discours aux relents de patriotisme et même de repentance, mais cela ne saurait tromper ceux qui les ont suivis et observés ces dernières années.

 

La pratique de Wade et de ses «amis» allait enfoncer INÉLUCTABLEMENT le pays dans la ruine morale et matérielle en ce sens qu’on ne développe pas un pays en déstructurant ses assises morales et institutionnelles. Le tissu social phagocyté durant cette très longue nuit qu’aura duré la gouvernance libérale aura du mal à se relever de sitôt. Le témoignage des Sénégalais est unanime sur la question : le mal le plus pernicieux que les Wade et compagnie ont infligé à la nation sénégalaise, c’est d’avoir détruit le socle des valeurs sociales, culturelles et religieuses, qui sont autant de ressorts fondamentaux pouvant permettre à un pays de prendre son envol au plan économique et social.

 

À tout bien considéré, il y a lieu de reconnaître que le mal est très profond ! Les valeurs ne se reconstruisent pas facilement ! Psychologues, sociologues, travailleurs sociaux, religieux et autres spécialistes des questions sociales sont doublement interpellés ! Dans ces moments de grisaille, de doute et d'angoisse fortement partagés, ils doivent réfléchir aux voies et moyens de créer la catharsis salvatrice. Seulement, ils auront beau remué les méninges et indiqué des pistes de solution, ils n’arriveront pas à grand-chose si l’Etat ne donne pas le bon en exemple en TOUT. Celui-ci, au travers de toutes les institutions qu’il incarne, a un rôle fondamental voire capital à jouer pour que sa praxis de tous les jours puisse déteindre sur les consciences. En fait, le Sénégal a été démoli dans ses fondements ! Et le réarmement moral qu’on attend des nouvelles autorités ne se décrète pas ex nihilo ! C’est dire l’âpreté de la tâche ! (...)

 

 

«Démarche politique»

 

Aujourd'hui, nous osons marteler avec force que la meilleure démarche pour un politique d’avoir un électorat fidèle et de qualité, ce n’est ni distribuer des billets de banque, ni rechercher éhontément des consignes de votes. C’est travailler d’arrache-pied à satisfaire et à résoudre les problèmes les plus cruciaux des populations. Celles-ci quoi qu’on puisse penser d’elles, savent où se situent leurs intérêts. Démonstration en a été faite avec la victoire éclatante du Président Macky Sall sur le candidat qui faisait preuve d’une prodigalité jamais observée dans l’histoire des élections au Sénégal (…) Fort de ce constat, nous exhortons le pouvoir en place à ne pas se laisser distraire par les accusations de mauvais aloi d’hommes et de femmes qui, en la circonstance, devraient faire dans le profil bas pour avoir pendant douze ans traumatisé les Sénégalais avec une politique du «matèye» sous toutes ses formes. De fait, ces gens là n’ont aucune leçon de morale à faire à quiconque !

 

En vérité, les premiers actes posés par le pouvoir en place sont bien accueillis et vont dans le sens souhaité par les populations. C’est le lieu de persévérer dans cette direction en donnant à la Cour contre l’enrichissement illicite tous les moyens nécessaires pour traquer les biens frauduleusement acquis. En fait, la priorité des priorités pour l’équipe dirigeante, c’est de remuer ciel et terre pour rapatrier les biens mal acquis. Le pays en a bien besoin et cela dans tous les secteurs d’activités.

 

MADI WAKÉ TOURÉ,

ASSISTANT SOCIAL

tmadi70@yahoo.fr

 

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