Publié le 3 Apr 2016 - 03:19
SATISFACTION DES REVENDICATIONS DES ENSEIGNANTS

Le Sudes/Esr démonte les arguments de Mary Teuw Niane

 

La section universitaire du Syndicat unitaire et démocratique des enseignants du Sénégal s’inscrit en faux contre les déclarations du ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche. Selon le Sudes, ‘’Mary Teuw Niane cherche à  tromper l’opinion en affirmant que 300 milliards de F CFA ont été injectés pour satisfaire les revendications des enseignants’’.

 

Le Syndicat unitaire et démocratique des enseignants du Sénégal (Sudes), section Enseignement supérieur et recherche démonte les arguments du ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. En conférence de presse, le mercredi dernier, Mary Teuw Niane avait révélé que le gouvernement a décaissé plus de 300 milliards de F CFA rien que pour satisfaire les revendications des enseignants. Parmi les mesures financières le ministre cite l’augmentation de la prime académique de 50 000F CFA par mois, la construction des cités des enseignants en cours, les évacuations des enseignants qui seront désormais prises en charge, la sécurisation des salaires des enseignants qui sont maintenant payés à temps.

Parmi les points revendicatifs auxquels le gouvernement a apporté une réponse, il y a aussi, d’après le ministre, l’augmentation des budgets des universités en 2016, la création de 210 postes d’enseignants chercheurs. Ainsi, vu tous les efforts fournis par le gouvernement pour satisfaire les doléances des professeurs, le ministre n’a pas caché son amertume de voir toujours ces derniers en grève. C’est pourquoi il est formel. Il n’est plus question, dit-il, ‘’qu’une session unique ou une année invalide aient lieu à l’université à cause des grèves répétitives et injustifiées des enseignants’’.

Cependant, ces menaces sont loin de faire peur aux enseignants du Syndicat unitaire et démocratique des enseignants du Sénégal. Le Sudes/Esr se dit même ‘’surpris et indigné’’ par cette sortie du ministre. Leur réponse est que si les ‘grèves intempestives sont irresponsables’’, pour eux, ‘’la responsabilité de ces grèves est partagée’’ surtout face à ‘’un gouvernement qui semble avoir du mal à respecter ses promesses’’.

Toutefois, les syndicalistes estiment que si le gouvernement a injecté près de 300 milliards de F CFA, ce n’est pas pour satisfaire les doléances des enseignants. ‘’Ce chiffre correspond en fait au total des prévisions de l’investissement gouvernemental sur cinq ans dans tout le système d’enseignement supérieur. Le Sudes/Esr est surpris que le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche affirme qu’il s’agit là de sommes destinées à satisfaire on ne sait quelles revendications enseignantes’’, rectifient-ils.

‘’Des inexactitudes’’

Selon le Sudes/ESR, il y a beaucoup ‘’d’approximations’’ et ‘’d’inexactitudes’’ dans cette sortie de Mary Teuw Niane surtout quand il rappelle les revendications qui ont été déjà satisfaites par le gouvernement. Par rapport à l’évacuation sanitaires des enseignants-chercheurs, les camarades du secrétaire général du Sudes/Esr Cheikhou Issa Sylla renseignent que si une avancée a été notée sur ce point, c’est parce que pour la première fois, le gouvernement a reconnu qu’une injustice a été faite aux enseignants-chercheurs pour ce qui concerne l’évacuation sanitaire. Ils ajoutent que le ministre de l’Économie, des finances et du plan qui avait promis que cette injustice sera réparée n’a pas donnée une suite à la question. Pour cela, les enseignants estime que Mary Teuw Niane ‘’ne peut pas se targuer de la moindre avancée significative dans ce domaine’’. Sur la question des salaires, le Sudes/Esr trouve que payer les salaires à la fin de chaque mois est dans l’ordre normal des choses. Pour cela, il ne voit pas pourquoi le ministre se doit de ‘’se glorifier de payer à temps le salaire d’un travailleur’’.

500 enseignants par an pendant 5 ans

En outre, si le gouvernement se targue d’avoir créé 210 nouveaux postes d’enseignants-chercheurs, le Sudes, section Enseignement supérieur et recherche trouve  que ce nombre est loin d’être suffisant si l’on se fie aux besoins du Sénégal en matière d’enseignants. A titre d’illustration, le Sudes souligne que l’Université Cheikh Anta Diop ne compte que 1 341 enseignants-chercheurs pour 86 000 étudiants. Ce qui signifie que chaque enseignant-chercheur à 64 étudiants à encadrer. Une situation pire qu’en 2012 où le ratio était d’un enseignant pour 54 étudiants alors que l’Unesco préconise un enseignant pour 25 étudiants. Pour répondre à cette norme de l’Organisation des nations unies pour l’éducation, la science et la culture, le Sudes conseille au gouvernement de recruter sur les 5 prochaines années 500 enseignants par an.

L’autre point de discorde entre le gouvernement et les enseignants constitue la réforme des titres et des grades. Lors de sa conférence de presse, le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche a réitéré son refus de l’appliquer malgré qu’elle ait été votée et promulguée depuis février 2016. Mais pour le Sudes/Esr, ‘’il ’’n’appartient pas à un ministre de suspendre selon son bon vouloir l’application des lois votées par la Représentation nationale et promulguées par le Président de la République’’. ‘’Le Sudes/Esr trouve totalement inadmissible qu’un ministre de la République s’adonne à de telles menaces au lieu de mettre en place les conditions d’un dialogue franc et sincère entre les syndicats et l’autorité’’, regrettent les syndicalistes.  

ALIOUNGAMBY NDIAYE

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