Publié le 29 Aug 2016 - 09:56
SOLEIL DE MINUIT

Dakar ne dort pas en été

 

Si les plages de Dakar grouillent de monde la journée ; la nuit, c’est exactement pareil. Une foule nombreuse n’hésite plus à prendre d’assaut les bords de mer à la recherche de brise marine pour certains, mais aussi de liberté pour batifoler en toute discrétion, pour d’autres. Reportage…

 

Dans tous les quartiers de la capitale, la forte chaleur qui s’abat sur la ville est un prétexte tout trouvé pour se rafraîchir. Devant les maisons, sur les terrasses de restaurants et cafés, les Dakarois ne savent plus à quel saint se vouer pour trouver un peu d’air frais. Les plus téméraires ont trouvé asile sur les plages de la ville, à la tombée de la nuit. Le soleil de minuit compte de nombreux adeptes.  

Une nouvelle façon de faire la fête

Dans son short au ras des fesses et son top au dessus du nombril, la jeune fille qui n’arrive pas à se départir de son soupirant éméché semble agacée par son insistance. Dans une ultime tentative pour qu’il lui lâche les baskets, elle murmure aguicheuse : «Je te promets que je ne bouge pas d’ici. Va prendre ton sac et retrouve moi sur la route ». Dès que ce dernier a le dos tourné, elle lève les yeux au ciel et crache une insulte à son endroit. Nafissatou est une jeune Franco-sénégalaise venue passer l’été au pays. Ce soir, elle avait envie de faire la fête et a suivi ses cousines au virage de Ngor. Ici, on lui a promis de l’ambiance en plein air. « J’ai préféré venir ici, car je n’avais aucune envie de m’enfermer dans une boîte de nuit enfumée. Je peux danser et marcher sur la plage, si j’en ai envie. Je kiffe vraiment ce concept de dancing au bord de la plage. J’aime moins ces mecs collants qui te les cassent toute la nuit et se croient irrésistibles », dit-elle avec un sourire de contentement. A la main, la jeune femme tient fièrement une canette de bière qu’elle avale toutes les dix secondes.

Le dancing en question est un ancien restaurant qui se transforme en une immense party, à la tombée de la nuit. De jeunes garçons, pantalon slim, torses nus crient à tue-tête en se balançant sur la musique du rappeur américain Lil Wayne. On se marche sur les pieds, on se bouscule dans cet espace trop petit pour autant de monde. Mais pour rien au monde, ces fêtards ne quitteraient les lieux. Les jeunes filles présentes font penser à des figurantes de clips américains. Shorty, jupe ultra courte, jean moulant semblent être le dress code de la soirée. Pour Marième, qui porte un short et un haut de maillot de bain, le lieu se prête à ces tenues. Elle provoque : « C’est normal de s’habiller ainsi quand on vient à la plage. Vous n’allez pas me demander de porter une taille basse non ? Nous sommes jeunes, c’est l’été et il faut profiter du beau temps.» D’accord, mais du beau temps à une heure du matin ? Ce soleil de minuit tape vraiment fort… Une ambiance festive qui durera une bonne partie de la nuit, avec son lot d’ivresse et de libertinage.

Amours sous les étoiles

Occupés à se murmurer des mots doux, ces deux jeunes tourtereaux se sentent seuls au monde, malgré la cinquantaine de personnes qui les entourent. Le jeune homme à demi allongé, sert dans ses bras une jeune femme de la vingtaine. Comme eux, de nombreux couples sont venus profiter de cette belle nuit étoilée à la plage de Magic Land. Parmi eux, Cheikh et Fatou, fiancés depuis 7 mois, ne manquent pas de venir chercher un peu d’intimité loin de la famille. « Je viens ici avec ma copine pour discuter et être un peu seuls. Nous ne pouvons pas avoir d’intimité chez nous et en attendant d’être mariés, c’est le seul moment où je peux l’avoir à moi tout seul, sans qu’un membre de la famille ne nous interrompe, explique le futur marié.»

Mais si Cheikh et Fatou sont sages, d’autres ne font pas preuve d’autant de retenue. Dans un coin sombre, deux jeunes gens échangent des baisers torrides sous le regard et les taquineries de leurs camarades. Un peu honteuse de s’être ainsi donnée en spectacle, l’amoureuse se réajuste précipitamment et rejoint la bande avec son copain. Ils sortent ensemble depuis quelques semaines, et veulent profiter de chaque instant passé ensemble. «Je ne peux pas rendre visite à ma copine chez elle. Donc, je profite de ces sorties avec nos amis pour la voir, raconte le jeune garçon de 17 ans. Nous attendons que nos parents dorment pour venir passer du temps à la plage. C’est discret parce que c’est la nuit et personne ne peut nous reconnaître». Le piment des amours clandestins   

Les commerçants se frottent les mains

Cette habitude des noctambules fait des heureux chez les commerçants qui ne se font pas prier pour se remplir les poches. Alors qu’en journée les prix sont raisonnables, ils flambent avec la tombée de la nuit. Devant son étal de poissons et fruits de mer, Lam se détourne dédaigneusement d’une clientèle un peu trop près de ses sous pour accorder son attention à un couple qui commande 2 rougets et un thiof sans broncher sur le prix. Ici, les prix du poisson à la braise varie entre 4 000 et 10 000 F CFA. Pour les brochettes de fruits de mer, il faut compter à partir de 2 500 F CFA les bâtonnets de minuscules crevettes ou d’huîtres. Mais les nombreuses tables qui croulent sous les plats de nourriture et de boisson sont la preuve que les affaires marchent bien pour les commerçants. Lam confie : « Je me fais plus d’argent en soirée, car les gens viennent vraiment pour manger et non pour se baigner. Il y a des couples, et parfois même des parents et leurs enfants. On prie pour que l’été dure encore longtemps et que l’hivernage nous épargne.»

Avec le mercure de la météo qui est toujours au rouge, les amoureux de balades et fêtes sous la brise marine ont encore de beaux jours sous le soleil de minuit. 

Eva Rassoul

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