Publié le 30 Jul 2016 - 06:21
SOULEYMANE JULES DIOP (SECRÉTAIRE D’ÉTAT CHARGÉ DU SUIVI DU PUDC)

‘’Le PUDC, un plan Marshall pour le monde rural’’

 

Le Secrétaire d’Etat chargé du suivi du Programme d’urgence de développement communautaire (PUDC) liste les premiers résultats du programme qu’il dirige, après un an de mise en œuvre. Dans cet entretien qu’il a accordé à EnQuête, Souleymane Jules Diop parle des réalisations du PUDC en termes de forages, de routes, de pistes communautaires. Avec le franc-parler qui le caractérise, il défend vigoureusement la politique mise en œuvre par le président de la République et les résultats obtenus.

 

Le PUDC a plus d’un an d’existence, quel est l’intérêt d’un plan d’urgence pour le monde rural ?

Pour la première fois depuis les premiers comptoirs établis sur la côte ouest-africaine, c’est-à-dire au moment où nous avons eu un contact entre le monde occidental et l’Afrique en passant par la colonisation, les indépendances, nous avons laissé développer nos côtes en oubliant, en général, l’intérieur du continent. Le seul relais qui existait, c’était le rail, qui servait essentiellement à évacuer les productions, transporter les minerais vers les ports, en direction de la Métropole. Nous avons hérité d’une économie extravertie, en total déphasage avec une économie de développement. Nous avons fait des communes, des pôles urbains concentrés et ceux qui y habitaient, des citoyens prospères qui vivaient de la sueur de pauvres paysans, sujets français, transformés en main-d’œuvre servile.

Depuis 1960, nous avons peu fait pour le monde rural. Dakar a plus de 80% des infrastructures, qu’elles  soient routières, portuaires, aéroportuaires. Plus de 80% de l’activité économique, de l’activité industrielle est concentrée dans moins de 0,5% de notre territoire alors que le reste du pays est beaucoup plus riche.

Pour la première fois donc, dans l’histoire de l’Afrique, est conçu un Plan d’investissements massifs pour corriger cette iniquité territoriale et cette incongruité économique. Nous sommes aujourd’hui à 522 milliards de F CFA de projets ficelés et déjà pour les deux années, 119 milliards de F CFA engagés. Pour la première fois est conçu en Afrique un programme intégré de cette ampleur, exécuté en urgence avec des investissements massifs pour toutes les infrastructures de base et qui concerne le monde rural. Cela ne s’est jamais fait en Afrique. C’est ce qui fait l’originalité du PUDC et la raison pour laquelle beaucoup de pays africains sont en train de copier ce modèle.

Mais est-ce que le programme commence à donner les résultats escomptés ?

Beaucoup de résultats et surtout de bons résultats, en terme d’impact. Le président de la République a fait le tour du pays et a compris qu’on ne peut pas continuer à fonctionner avec plus de la moitié de la population dans le monde rural vivant de l’agriculture et ne cultivant que pendant trois mois. Pourquoi ? Parce qu’on ne maîtrise pas l’eau alors que nous avons dans le sous-sol sénégalais les plus importantes réserves du monde. Mais on ne fait pas de l’irrigation. On ne construit pas des forages. Nous n’avons pas assez mécanisé notre agriculture pour la rendre performante. Nous avons en réalité des signes d’une pauvreté caractérisée, puisque près de 70% des activités, essentiellement agricoles, génèrent moins de 10% des richesses.

De manière concrète, qu’est-ce qui a été fait jusque-là avec le PUDC ?

Il faut faire des forages pour tirer l’eau du sous-sol. Sur un programme de 198 forages, nous en avons fait 100 déjà. Il faut des moissonneuses batteuses parce qu’il faut libérer les champs rapidement pour pouvoir faire des cultures de contre-saison. Sur un programme de 26, nous en avons livré 13 à roue. Il faut faire des motopompes, pour pomper l’eau, pouvoir la distribuer. Sur un programme de 600, nous avons déjà fait 185 et le reste devrait nous être livré à la fin du mois d’août. Il faut faire des pistes rurales.

Depuis 1960, le Sénégal n’a construit que 12 500 kilomètres de pistes rurales. Ça fait, en moyenne, 193 kilomètres par année. En l’espace de deux ans, nous sommes à 787 kilomètres de pistes rurales engagées sur 35 sites que nous allons terminer au plus tard au mois de décembre prochain. Sur un programme de 3 050 kilomètres de pistes rurales, 1 850 km sont des pistes nouvelles et le reste des pistes que nous allons rehausser. Nous avons mis en place un système de formation des acteurs des unités de gestion. Nous avons aussi mis en place un système de financement. Quand on produit, on doit transformer et après, on vend. Pour faire cela, il faut des machines de transformation post-récolte. Le PUDC en fait 5 500. Nous en avons déjà fini plus de la moitié.

Le but final est de mettre en place ce qu’on appelle des communes motrices. Tout cela, vous le voyez déjà dans beaucoup de localités dans la région Matam, à Kédougou, Tambacounda, Salémata, à Kaffrine, Kédougou, Dans le Ferlo, nous avons fait renaître l’espoir. En apportant de l’eau, vous apportez la santé, l’éducation pour les jeunes filles libérées des corvées quotidiennes. Le PUDC, c’est un plan Marshall pour le monde rural. Aujourd’hui, c’est la composante essentielle dans le processus de croissance accéléré conçu à travers le PSE. Juste pour la fabrication des machines, nous avons créé 710 emplois directs.

Malgré le bruit ambiant, il se fait aujourd’hui 200 fois plus de routes dans l’ensemble du pays qu’il y en a eu en 12 ans de gestion de l’ancien régime. Au mois d’août, on va terminer l’autoroute jusqu’à Mbour ; l’année prochaine, on va terminer l’autoroute jusqu’à Touba, et l’autoroute jusqu’à l’aéroport de Diass est déjà terminée. Et en 12 ans de gestion passée, il n’y a eu que 11 kilomètres de route de la Corniche jusqu’à l’aéroport et ce ne sont pas des routes nouvelles mais elles ont été élargies. Seulement 19 kilomètres d’autoroute jusqu’à Diamniadio en douze ans.  

Des citoyens estiment que l’autoroute Thiès-Touba n’est pas une priorité et que l’argent pouvait servir à construire une route de contournement de la Gambie.

Ceux qui tiennent ce langage, en réalité, ne comprennent absolument pas grand-chose des nouvelles dynamiques. Les autoroutes, conçues en Allemagne au début du siècle dernier puis en Italie et surtout développées aux Etats-Unis dans les années 70, servent à développer de nouvelles dynamiques économiques et d’échanges, dans une vision exploratrice. Le but ici est de relier l’Ouest au centre du pays par une dorsale autoroutière, pour placer chaque extrémité du pays à trois heures de ce point central.

Qui peut dire que c’est mauvais ? Aujourd’hui, le chef de l’Etat a engagé la quête du financement de l’autoroute Mbour-Kaolack et vous en entendrez parler bientôt. Le freeway des Niayes est déjà en cours, la VDN nous fait découvrir la plus belle côte du monde. Il y a déjà 49 milliards qui sont investis. Ce 2x2 voies va longer toute la corniche maritime jusqu’à Saint-Louis. Ça va être une des côtes les plus belles du monde en passant par le Lac-Rose. Il y a déjà un programme pour une jonction vers Kaolack et vers la Casamance à travers la construction du pont qui traverse le fleuve Gambie. Dans le cadre du MCA, nous sommes en train de désenclaver le Nord et le Sud du pays. Tout cela n’est pas bon ?

Mais on a constaté que malgré ces résultats, le président de la République vient de lancer le Programme d’urgence de modernisation des zones frontalières. Est-ce-à-dire que ces zones n’ont pas été prises en compte dans les projets du PUDC ?

C’est toujours la même logique. Aujourd’hui, nous avons oublié les régions périphériques frontalières. Dans la région du fleuve, il y a des zones ou des gens se sentent plus mauritaniens que sénégalais. C’est grave pour notre unité nationale. Nous avons des zones frontalières avec la Gambie où les Sénégalais vont à l’école en Gambie parce qu’il n’y a pas d’écoles sénégalaises. Vous allez dans des zones dans les régions de Tambacounda et de Kédougou, les gens vont à l’école en Guinée. Pour le téléphone, ils captent les réseaux de pays étrangers. Il y a même des villages qui étaient considérés comme des villages guinéens alors qu’en réalité, le tracé de la frontière montre que ce sont des villages sénégalais. C’est un abandon de souveraineté. Le président de la République a dit : ‘’l’Etat doit se manifester là-bas’’. Comment ? Par la construction d’écoles, d’infrastructures de santé, d’hôpitaux mais aussi par la construction de réseaux de base pour que les populations se sentent sénégalaises et qu’elles ne se sentent pas oubliées par l’Etat sénégalais.

Il y a des zones pendant l’hivernage, coupées du pays et les populations ne peuvent pas se déplacer. Vous voyez que tout ce que je vous énumère n’entre pas dans le cadre du programme du PUDC ou juste en partie. Le PUDC ne fait pas d’infrastructures de télécommunications. Il ne fait pas d’écoles non plus même si nous sommes prêts à le faire. Donc Monsieur le président de la République a dit : puisque ce sont des préoccupations frontalières, nous allons laisser le génie militaire le faire parce qu’il y a des zones qui sont très difficiles d’accès où la nature est très hostile et le génie militaire, puisqu’il se déploie et a une expertise dans tous les domaines, on va les laisser construire dans ces zones. C’est pourquoi le Programme d’urgence de modernisation des zones frontalières a été confié au génie militaire. N’oubliez pas d’ailleurs que le PUDC a laissé une partie de l’exécution du programme au génie militaire.  Dans toute la zone de Tambacounda, les forages sont construits par le génie militaire.

Vous avez porté le choix sur le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) pour son exécution. Ce que beaucoup d’organisations de la société civile avaient dénoncé. Pourquoi ce choix ?

Ces acteurs de la société civile ont tous changé d’avis. Vous pouvez aller les voir, les interroger. Ils ont tous changé d’avis et saluent aujourd’hui l’originalité de ce programme, sa bonne exécution.

Pourquoi ?

Il y a d’abord la décision du président de la République de réaffirmer la propriété du projet par l’Etat du Sénégal qu’il a consolidé par la nomination d’un ministre auprès du Premier ministre pour le suivi du programme. C’était un signal. Je me félicite que le Congad ait, dès ma nomination, produit un communiqué pour se féliciter de ce choix stratégique du président de  la République. Le PNUD est un partenaire stratégique important avec lequel nous avons une convention qui nous lie depuis bientôt 30 ans. Pour lever certains types de contraintes qui sont réelles, nous avons confié le programme au PNUD. Le PUDC a vocation à disparaître.

C’est pour régler des urgences. On ne peut pas faire attendre le monde rural et se laisser retarder ou se distraire par des polémiques souvent nourries par des gens qui sont ici à Dakar, qui ne savent pas que dans le monde rural, il y a des femmes qui font 10 à 15 kilomètres par jour pour trouver de l’eau ou qui préparent leurs repas avec des bouses de vaches, s’alimentent sous la lumière avec des lampes de pétrole quand elles n’utilisent pas simplement ces bouses de vaches. Des gens vont boire et se laver dans des ruisseaux, dans des lacs dans lesquels s’abreuve le pâturage. Des gens sont dans leurs salons climatisés ici à Dakar, je parle des politiciens professionnels désœuvrés. Ils sont quelques individus et ils sont très critiques à notre égard.

Pour les acteurs de la société civile, je pense que les malentendus ont été levés, les derniers écueils ont été levés et tout le monde comprend aujourd’hui l’utilité et l’intérêt du PUDC, son impact dans le monde rural où des gens qui n’ont jamais vu de pistes rurales, qui ont reçu des promesses depuis 1960 d’hommes politiques qui ne passent qu’une fois dans l’année, pour la première fois voient des routes, voient de l’eau, de la lumière, quelques machines de transformation qui leur arrivent. Ces gens-là ne se préoccupent pas de bureaucratie.

Le PNUD a des normes aussi contraignantes en termes de transparence dans la gestion, dans l’attribution des marchés que nous. Ici le PNUD exécute. Il n’est pas concepteur de notre programme, c’est nous qui lui avons apporté le capital, le financement. Et en réalité, nous sommes les véritables maîtres d’œuvre, le PNUD n’est que maître d’ouvrage délégué. C’est en réalité la raison de ma présence ici parce que mon rôle est de faire le suivi et de rendre compte au président de la République au Conseil des ministres. Pour le moment, AlhamdouliLah (Dieu merci, Ndlr) tout se passe normalement de la meilleure des façons dans nos relations avec le PNUD. Le monde rural change de visage grâce à notre programme.

Mais est-ce qu’il n’y a pas des agences d’exécution de l’Etat capables de faire le même travail que le PNUD ?

Si. C’est pourquoi j’ai dit que le PUDC doit disparaître dans un moyen terme. Sa vocation n’est pas de durer. L’Etat peut revenir à sa mission régalienne, à ses composantes régaliennes dans l’exécution aussi. Le PUDC, c’est vraiment pour aller vite. Ne pas attendre trop longtemps parce qu’il y a un besoin. Le débat de salon, je ne dirais pas que ce n’est pas utile mais il n’a rien à voir avec ce que vivent les Sénégalais. Il faut avoir fait le monde rural, le tour du pays, 3 000 villages, 80 000 kilomètres pour se rendre compte qu’on ne peut pas attendre. Ceux qui m’ont suivi depuis ces 10 dernières années, je parlais toujours de bourses familiales et de programmes pour le monde rural. Ceux qui m’écoutaient peuvent en témoigner. Le président de la République m’a fait l’honneur de me confier le suivi de ce programme, je le fais avec le maximum d’engagement, de loyauté, au côté de monsieur le Premier ministre.

Dans une récente sortie, vous avez fait savoir que le code des marchés publics cause beaucoup de contraintes. Est-ce pour cela que vous avez fait appel au PNUD ?

Les contraintes et les difficultés sont réelles. J’ai vu quelqu’un intervenir à ce sujet, il vient donner un point de vue intéressant dans un débat qui est réel. Il y a eu un souci certainement lors de la mise en place de tous ces cadres institutionnels de contrôle externe des processus de passation des marchés. Un souci de transparence, mais ce sont des cadres qu’on met en place quand le contrôle ne se fait pas de manière adéquate a priori et a postériori. Quand les procédés de conception, dé budgétisation, d’exécution et d’évaluation sont assez clairs, les structures régulières comme l’Inspection générale d’Etat, l’Inspection générale des finances, l’Assemblée nationale et le contrôle politique direct d’autorité suffisent. Donc, il faut allier le souci de transparence à celui de l’efficacité et de la rapidité. Le souci de transparence répond au souci d’efficience dans la gestion des ressources. Mais il faut associer l’efficacité à la rapidité dans l’exécution. Quand on attend 5 ans pour faire une école, on perd des milliers d’enfants qui se retrouvent à la rue. C’est ça la conséquence.

On ne peut pas attendre que des gens meurent dans les villages, de typhoïde, de choléra, que nos fruits pourrissent, que nos riz pourrissent, qu’il y ait pénurie d’eau, que notre cheptel meure, pour attendre quelqu’un qui est dans un bureau climatisé pour qu’il vérifie et qu’il donne son OK, que quelqu’un qui se sente malheureux puisse saisir la Cour suprême et nous retarder pendant un an et demi, parfois deux ans.  Autant de facteurs qui nous ont retardés. Aujourd’hui, l’Etat a augmenté son enveloppe de financement dans le budget. Il faut l’accompagner de plus de célérité. Ceux qui sont à la tête de ces organes, ce sont des compatriotes, ils doivent comprendre aujourd’hui que dans le monde rural, il y a 53% de la population qui y vit avec des taux de pauvreté allant de 57 à 77%. Des gens qui n’ont même pas de l’eau potable. Ils ne peuvent pas attendre.

Le président de la République vient de faire le tour des 14 régions du pays dans le cadre des Conseils des ministres délocalisés mais les gens voient plus de promesses que de réalisations concrètes sur le terrain. Que répondiez-vous ?

Ceux qui disent que ce ne sont que des promesses ne prennent pas la route pour aller à l’intérieur du pays parce que si vous passez par Diamniadio, vous ne pouvez plus dire que rien ne se fait. Vous allez voir que l’autoroute est allé jusqu’au centre international Abdou Diouf qui a été construit en 11 mois; vous allez voir qu’un Pôle industriel a été construit à Diamniadio, des immeubles sont en construction. Depuis la colonisation, c’est la première fois qu’on conçoit un programme viable de réaménagement de notre espace urbain, géographique, économique, industriel en dehors du pôle de Dakar qui a été mis en place par le colon. Les Sénégalais qui passent par la Patte-d’oie, qui voient la fluidité du transport avec un échangeur en trèfle avec plusieurs sorties ne le disent pas. Ceux qui prennent la route pour aller à Sindia, à Mbour, à Thiadiaye, à Fatick à Kaolack, à Kédougou, ils savent que ce pays est en pleine transformation.

Si votre seule liaison, c’est la première classe d’Air France pour descendre à Paris dans un hôtel de luxe de type napoléonien, vous ne pouvez pas voir les transformations dans le pays. Mais nous, nous les vivons et nous espérons et souhaitons que ça continue. J’ai été partout dans le cadre des Conseils des ministres délocalisés pendant deux ans et plus même, je sais, j’ai vu. J’y suis retourné et j’ai vu ce qui a changé, parce que j’avais un point de référence. Les Sénégalais ne sont pas dupes, ils savent ce qu’il y a comme changement. Vous allez partout dans le pays, un souci d’équité territorial est en train de se mettre en œuvre, ce qui fait qu’on pense aux zones rurales. Ceux qui font l’intérieur du pays savent qu’il y avait une urgence dans le monde rural et des efforts ont été faits. Ceux qui passent plus de leur temps dans des hôtels en France, paressant et bâillant, il ne faut pas les écouter, il ne faut pas les suivre, il faut se mettre à travailler parce que c’est ça qui compte pour les Sénégalais. Il y a des gens qui ont pris le ministère de la parole. Ils parlent. Ils parlent beaucoup et ils se comblent de parole. Moi, on m’a demandé de travailler et de changer le vécu des populations notamment le monde rural.

Est-ce que le rythme d’exécution de ces projets promis aux régions n’est pas lent dans la mesure où le taux d’exécution est estimé à 55% ?

Ah non ! Ce n’est pas un taux de 55%. Ça dépend des régions. Ça varie de 78% à 55%. Pourquoi ? Parce qu’il y a des régions où nous avons été il y a juste quelques mois. Nous avons tenu des conseils décentralisés. C’est normal qu’au bilan, le niveau d’exécution par rapport à ce temps soit bas.

Le premier outil d’exécution d’une politique, mon cher monsieur, c’est le budget. Les Sénégalais doivent être rassurés parce que le président de la République leur a dit : j’ai l’argent. Mais n’oubliez pas qu’en 2012, on nous disait qu’il n’y aurait même pas d’argent pour payer les salaires au-delà de deux mois. Nous étions à une moins-value de 200 milliards, en termes de ressources. On n’avait même pas suffisamment d’argent pour terminer l’année. Le président de la République a été obligé d’aller en France pour demander un appui budgétaire. Nous étions à un taux de croissance de 1,7% quand nous arrivions au pouvoir. Aujourd’hui, nous sommes le 3ème pays africain en termes de croissance et parmi les dix premiers au monde. Notre économie se porte tellement bien que le FMI et la Banque mondiale ont décidé de relever le plateau d’endettement du Sénégal.

Ces programmes connaissent, au contraire, un rythme trop rapide.  Et il vaut mieux avoir un rythme moyennement rapide que de faire disparaître des financements ; que d’annoncer des projets qui n’ont jamais existé. Mettre près de cent milliards pour 1 800 logements sans assainissement, c’est mieux que de mettre 600 milliards sur 11 kilomètres d’élargissement de la Corniche. C’est mieux que de mettre 750 millions de F CFA pour la modification de son bureau ici à l’immeuble Tamaro au 10ème étage. Ce n’est pas du tout la même chose. Nous n’avons pas oublié. Nous avons aujourd’hui une des économies les plus performantes de l’Afrique en 4 ans seulement. Les gens parlent beaucoup mais on sait ce qui se passait ici. Ce qui est en train de se faire dans ce pays ne s’est jamais fait depuis l’indépendance. Je le dis avec chiffres à l’appui. Les scandales, on n’en a pas. AlhamdouliLah. Les gens parlent mais il n’y a pas de scandales majeurs comme on en avait connu. Jamais personne ne pensera mettre plus de 16 milliards dans le fonctionnement d’une agence en 4 ans. Une lampe à 8 millions, c’est dans les documents, 93 milliards de francs pour 11 jours de festivités, le Fesman.

Ces derniers jours, on a lu sur internet que le ministre Souleymane Jules Diop est malade. Qu’en est-il réellement ?

Peut-être qu’il y a des gens qui le souhaitent vivement. Certains m’imputent la responsabilité de leur chute, de leurs échecs et commanditent des articles pour me jeter en pâture, parfois me mettre en mal avec le chef de l’Etat. Je n’ai d’ailleurs jamais raté un conseil. C’est arrivé deux fois et c’est parce que j’étais en mission à l’étranger.

Je travaille et le chef de l’Etat sait à quel point je lui suis loyal. Il me le rend bien en exprimant à mon égard une affection qui me touche, me félicite pour mon travail quand il en a l’occasion. Cela fait des jaloux et des malheureux. Vous m’avez trouvé dans mon bureau et on est supposé être en vacances. Je ne connais pas la motivation de ceux qui font circuler des choses comme ça. Je n’ai pas le temps de m’attarder sur ça. Je travaille, j’avance. De toute façon, la vérité finira par jaillir.

ALIOU NGAMBY NDIAYE

 

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