Publié le 27 Jan 2022 - 18:24
SOUTIEN AU MALI CONTRE LA CEDEA

La société civile appelle à la mobilisation, ce vendredi 

 

Les organisations de la société civile seront, demain, dans la rue, en compagnie des acteurs économiques et des transporteurs routiers, pour protester contre les sanctions de la CEDEAO à l’encontre du Mali. Ils ont fait face à la presse, hier, pour appeler à la mobilisation dans l’après-midi de ce vendredi, à la place de la Nation.  

 

La société civile sénégalaise compte venir en aide au peuple malien dont le pays est placé sous embargo par la CEDEAO. Un fait inacceptable pour des organisations de la société civile africaine comme No Lank, Y en a marre, Horizon sans frontières ou encore Frapp. Ainsi, elles ont appelé à une grande manifestation ce vendredi, à la place de la Nation. Boubacar Sèye d’Horizon sans frontières indique qu’il s’agit d’une manifestation transfrontalière, historique, à la hauteur des enjeux géopolitiques et géostratégiques pour sensibiliser toute l’Afrique. ‘’C’est l’avenir de tout le continent, aussi bien sur le plan économique, politique et social, qui est concerné. Il y a une prise de conscience de la jeunesse et nous appelons à une mobilisation générale de toutes les organisations et personnalités de tout bord, pour que la journée du vendredi soit historique et de soutien au peuple malien’’.

Monsieur Sèye estime qu’il faut de nouvelles perspectives africaines pour des réponses africaines. Il s’agit, d’après le président de l’ONG Horizon sans frontières, d’appeler à la négociation entre les deux parties. Car, à ses yeux, il y a eu une précipitation dans cette crise et qu’il faudra, à l’issue de cette journée, que ces entraves posées par la CEDEAO pour étouffer le peuple malien soient levées sans équivoque.  

Le coordonnateur du mouvement Y en a marre s’interroge, lui, sur les motivations qui ont poussé le Sénégal à fermer ses frontières avec le Mali. A en croire Aliou Sané, cette décision n’a pas été prise dans le sens des intérêts des Africains, mais plutôt de ceux des puissances étrangères. ‘’On se demande pour qui Macky Sall travaille ? Si la CEDEAO ne lève pas ces sanctions dans les plus brefs délais, il y aura une ruée de tous les Africains vers le Mali pour soutenir ce peuple’’, a-t-il fait savoir.

‘’600 camions remplis de marchandises sont bloqués de part et d’autre des frontières’’

Le président de l’Union des forces citoyennes et par ailleurs membre de l’Unacois/Yeesal est revenu sur l’impact économique de cet embargo sur les acteurs du secteur du commerce frontalier. ‘’Il y a des femmes et des jeunes qui travaillent en fonction des déplacements des populations de pays en pays. Et au moment où je vous parle, il y a 600 camions remplis de marchandises bloqués de part et d’autre des frontières’’, renseigne Alla Kane. Pour qui l’économie est impactée et des concertations s’imposent, dans les plus brefs délais, pour mettre fin à ces lourdes sanctions. Il invite les chefs d’Etat de la CEDEAO à tenir un discours d’apaisement. Et précise que soutenir le peuple malien ne signifie pas soutenir les autorités de ce pays.    

Le secrétaire général de l’Union des routiers du Sénégal pense, pour sa part, que le président Macky Sall n’a pas compris la portée de sa décision. Gora Khouma en veut pour preuve les recettes douanières qui proviennent du port de Dakar et alimentent les caisses de l’Etat. ‘’Le fret malien nous est très bénéfique. C’est pourquoi le môle 8 leur est exclusivement consacré. Ce fret était jadis en Côte d’Ivoire, mais c’est la crise qui sévit dans ce pays qui a occasionné son transfert dans notre pays. C’est pourquoi, nous les acteurs routiers, avons investi dans ce secteur. Le Mali a alors une importante capitale pour le Sénégal’’, poursuit le syndicaliste. Selon qui Macky Sall a trahi le Mali.

‘’Pourquoi s’associe-t-il à cette décision qui n’a aucun intérêt pour nos peuples ?’’, s’interroge le transporteur, qui renseigne que des camionneurs sont stationnés aux frontières dans des conditions difficiles et sans assistance. ‘’Les hommes et les femmes qui s’activent dans le commerce entre le Sénégal et le Mali sont dans la tourmente. Macky Sall est conscient que notre pays tire l’essentiel de ses ressources de ce pays. Pourquoi alors s’associer à une telle décision ? S’il avait demandé l’avis des Sénégalais, les choses seraient différentes’’. 

Le président de la Ligue africaine des citoyens et membre du collectif No Lank est d’avis que la priorité actuelle du Mali n’est pas les élections, mais plutôt la sécurité de ses citoyens. ‘’Nous disons non aux sanctions et demandons que tout le monde se mobilise, ce vendredi, pour dire non à l’embargo de la CEDEAO. Le destin du Mali est lié à celui du Sénégal. Nous ne faisons tous qu’un seul peuple’’, déclare le Dr Aliou Sène.  

HABIBATOU TRAORE

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